Publié le 27 Octobre 2010
Depuis le vote par le Sénat du "projet scélérat" sur les retraites, un roulement de tambour venu de l'Elysée envahi les studios de télévision, les stations de radio, la presse écrite (sauf l'humanité): la lutte engagée pour la retraite à 60 ans vivrait ses derniers jours et les opposants à la pseudo-réforme seraient essoufflés.
Les salariés de la SNCF auraient repris le boulot, les raffineurs raffinent, les postiers postent, les salariés ramassent les ordures ménagères; il n'y aurait plus que ces "salopards" de dockers qui auraient l'audace de s'opposer à la privatisation du port de Marseille.
Le sire Woerth, quant à lui, content de sa besogne pour les riches, déclare que la grève n'a plus de sens. L'hirsute Borloo, bégaye la même chose.
Parisot du MEDEF, la marraine de la retraite aux calendes grecques, s'est sortie de sa boite pour féliciter le gouvernement tout en faisant patte de velours vis-à-vis des syndicats "partenariaux".
Le frangin de Sarkozy transforme le groupe de retraites complémentaires Malakoff en une officine de fonds de pensions et rêve à des milliards dans sa besace.
Toutes les assurances privées beuglent et dégorgent à la télé leur pub pour des retraites par capitalisation.
Kessler, grand patron des assurances, se frotte les mains: à nous les bonnes primes d'assurances quand la retraite par répartition et le conseil national de la résistance ne seront plus qu'un vieux souvenir et que l'on pourra plumer en toute quiétude les clients et non plus les assurés.
Les larbins de l'UMP, les centristes, les doigts sur la couture du pantalon, ont obéi aux ordres de Sarkozy et du conseiller de "déliaison" sociale de l'Elysée, le dénommé Soubie, pour que vite soient votées et entérinées les textes pour passer à autre chose.
La droite voudrait donc que l'on soit sage comme des images comme le dit si bien dans sa chronique de cette semaine, Maryse Dumas, dans l'humanité.
Eh bien, sage nous ne le serons pas.
On continue… …. … … … Vous n'aurez pas nos retraites.
Le 28 octobre et le 6 novembre marqueront la continuité d'une bataille qui durera le temps qu'elle doit durer.
La volonté du gouvernement, son impatience à passer à autre chose, son appel du pied avec le Medef à réengager ce qu'ils appellent le dialogue social, vaste fumisterie, ne trompera personne.
L'appel du pied à Chérèque est fait simplement pour arriver à diviser les salariés.
Diviser pour régner dit-on.
A nous de ne pas tomber dans ce piège tendu.
Nous ne passerons pas à autre chose, tout simplement parce que cette droite compte poursuivre le démantèlement des acquis de 1936, de 1945, de 1968.
La bataille va donc se poursuivre, plus que jamais, avec les formes qui correspondent à ce que les travailleurs, les jeunes, les retraités décident de faire.
Un camarade me disait dans ma boite: " Bernard, l'adversaire de classe à une stratégie pour nous diviser, nous devons toujours avoir une tactique de lutte en fonction de ce que l'adversaire de classe mène comme stratégie".
Je ne sais ce que retiendrons les organisations syndicales comme forme d'action après les journées du 28 octobre et du 6 novembre, mais il me semble que le combat engagé va durer, va se diversifier, va trouver des formes de rassemblement comme celles menées depuis la rentrée mais aussi des formes de harcèlement qui commencent à s'organiser un peu partout.
Ils veulent la tranquillité et sont prêts à jeter quelques miettes dans la cour à canard pour y parvenir; la meilleure réaction c'est de continuer à travailler à travailler au rassemblement autour du revendicatif, de l'élargir aux questions de l'emploi des jeunes, de la santé, des salaires et des qualifications à reconnaitre et à l'emploi stable.
60 ans doit claquer partout.
Ecrivons le partout, taguons-le, affichons le au fronton des mairies.
60 ans pour l'emploi, 60 ans à partir d'un bon salaire pour une bonne retraite, 60 ans pour les jeunes, 60 ans pour notre santé, 60 ans pour une vie nouvelle hors travail.
Eux brandissent leurs dividendes, nous on brandit nos 60 ans pour l'emploi et l'humain d'abord.
La bataille des retraites doit emmagasiner toutes les frustrations des salariés et des retraités et des jeunes surtout.
Ce matin, je ne sais plus exactement à quel endroit, des formes de luttes très ciblées ont été menées: celle d'un blocage complet d'une zone industrielle avec coupure de courant.
La lutte, la bataille de classe fait preuve d'imagination.
Soyons créatif et ne laissons pas au patronat, au gouvernement, une seule minute de répit.
Ils veulent que nous soyons sages comme des images, soyons combatifs comme des conquérants.
Bernard LAMIRAND