MEDIATOR ET SECURITE SOCIALE
Ainsi, nous venons d'apprendre, par le ministre du travail et de la Sécurité sociale, que les examens consécutifs
à la prise du Mediator par les patients seront remboursés totalement par la Sécurité sociale.
Un beau geste diront les gens.
Un beau geste… voyons voir…
Qui doit financer cette réparation : la Sécurité sociale ou l'industriel Servier ?
Entre 1999 et 2009, le Mediator a coûté 423 millions d'euros à la Sécurité sociale et aux complémentaires santé au titre du
remboursement. Cinq millions de Français ont pris le Mediator dont 3 millions ont suivi le traitement pendant plus de trois mois. Le député socialiste de Haute-Garonne Gérard Bapt, avance le
chiffre de 1,2 milliard d'euros au titre du remboursement du Mediator.
Des chiffres qui pourraient être dépassés au regard d'une étude faite en mars 1998 intitulée: "Faut-il revoir les conditions de
prise en charge du Mediator" par l'union régionale de la Caisse d'assurance maladie de Bourgogne (Urcam). Elle estimait que "le coût annuel des prescriptions de Mediator pour l'Assurance
maladie est d'environ 4 millions de francs par an sur la seule région Bourgogne" (ce qui comprend le remboursement, le dépistage et la prise en charge des
victimes). Un montant très important si l'on extrapole cette somme à toute la France disait-elle.
La prise en charge par la sécurité sociale d'examens de santé chez les cardiologues pour 3 millions de personnes qui ont pris au
moins pendant 3 mois le médiator va représenter une charge considérable à l'Assurance maladie alors qu'elle revient à celui, Servier, qui a mis sur le marché ce soi-disant médicament.
Un chiffrage devrait être fait sérieusement par l'Assurance maladie et les mutuelles en vue de réclamer le remboursement de toutes
les dépenses occasionnées par ce faux médicament depuis son existence.
Ces quelques extrapolations sont sans compter toutes les hospitalisations, les actes chirurgicaux, les soins prodigués, les décès,
suite aux conséquences de ce faux-remède.
Les sommes dépensées pourraient donc s'avérer considérables.
On mesure là, l'impéritie qui a régné, la fausseté des jugements gouvernementaux sur les gaspillages des assurés en médicaments pour
en arriver aux déremboursements. A cela, on pourrait y rajouter le milliard d'euros gâché par Bachelot concernant le vaccin H1N1.
La Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) « fera valoir ses droits » dans les
procédures juridiques qui seraient intentées par des victimes du Médiator contre son fabricant, les laboratoires Servier. «Les enjeux financiers sont tels que (...) nous avons décidé d'organiser
un suivi national et une coordination de l'ensemble des actions des caisses» d'Assurance maladie, a indiqué hier le directeur de la Cnam Frédéric Van Roekeghem.
Il est bien bon ce directeur.
S'en remettre seulement aux procédures juridiques intentées par les victimes du médiator, c'est se foutre du monde, se foutre des
assurés, des victimes.
L'on sait très bien dans quels dédales judiciaires vont tomber les victimes les plus hardies pour ester en justice.
Une affaire qui sent bon le sable et l'ensablement à long terme.
Il n'y a qu'une bonne décision à prendre de la part de la Sécurité sociale: c'est d'attaquer ce fabricant de médicament sur le fond
pour faux et usage de faux en matière médicamenteuse et réclamer des dommages et intérêts à la hauteur du préjudice subi où à subir dans les prochaines années par les patients.
Cela devrait être le rôle du Conseil d'administration de l'Assurance maladie et en tous les cas des administrateurs CGT de l'exiger
officiellement par un vote.
Je ne suis pas juriste, mais une telle attitude de cette firme et de son premier responsable, qui a continué à produire ce
médicament envers et malgré les interdictions prononcées dans d'autres pays pourrait être considérée comme justiciable des tribunaux.
De même pour les personnes qui ont donné leur feu vert pour l'autoriser en France alors que Les médecins de l'Urcam de Bourgogne
notait, selon le Figaro, que "des interrogations se sont fait jour sur l'utilité médicale réelle du Mediator" en 1999.
Ce groupe a engrangé des milliards de résultats financiers et un chiffre d'affaires de 3,6 milliards d'euros en 2009.
Servier détient un pactole personnel de près de 4 milliards d'euros et la revue "Challenges" le place en 9eme position des plus
fortunés en France. On peut se demander d'ailleurs comment il s'est constitué un tel magot au vu de l'hommage du président de la République, quand celui-ci s'est exclamé: Vous avez fait de votre groupe une fondation. Raymond et moi, on y a joué un rôle. Grâce à ce statut, tous les résultats du groupe sont réinvestis dans la recherche.
Aucun dividende n’est distribué. Tous les médicaments SERVIER sont issus de la recherche du groupe et vous parvenez, avec les 20 000 collaborateurs du groupe, à inscrire ce site dans la durée, à
le faire fonctionner année après année.
N'oublions pas que l'intéressé est un ami personnel de Sarkozy qui lui a remis en 2008, on se demande bien pour quels services, la
grand croix de légion d'honneur réservée, me semble t'il, à des personnes ayant vraiment marqué le destin de la France.
Est-ce le cas pour Servier habitué à fabriquer des "cachets" ?
Cela d'ailleurs fait mauvais effet et le brave citoyen peut se demander comment et sous quel critères sont distribués les légions
d'honneur. D'autres cas ont montré que ces légions d'honneur sont distribués de façon bizarre à l'exemple de celle de Monsieur De Maistre ami de Woerth et fondé de pouvoir de Madame
Bettancourt.
Cette affaire Servier, après celle de Bettancourt-Woerth, montre à quel point notre pays est gangrené par la haute finance
bourgeoise.
On peut, à travers ce nouveau scandale, saisir à quel point notre sécurité sociale ballotée par ces puissants, aurait besoin de
retrouver une assise démocratique et être dirigée et gérée par les travailleurs comme l'avait formulé Ambroise Croizat ministre communiste du travail et de la Sécurité sociale en 1945.
Bernard Lamirand