PATRON : UN SACRO- SAINT MOT POUR LE CAPITAL
Depuis quelques temps se multiplient les allusions à ce mot « patron » utilisé par nos commis médiatiques libéraux pour n’importe quoi et notamment quand il s’agit d’activités sportives, culturelles, syndicales et sociales.
D’où vient ce mot.
J’ai regardé dans le dictionnaire et j’ai trouvé la signification suivante dans wikypédia : Un patron (du latin patronus issu de “pater” -le père- avec comme sens dérivé le “ protecteur ”) désigne en général un protecteur, un défenseur, et dans l'usage moderne courant le dirigeant qui a le pouvoir effectif. Pourtant le terme peut recouvrir d'autres acceptions nous dit Wikypédia.
Ainsi le mot serait plutôt réservé à une sorte de père et de protecteur. Mais aussi une autre dimension me vient à l’esprit, celle courante du chef, du dirigeant, et cela s’adresse particulièrement à celui qui dirige une entreprise et en est le patron. Plus largement on le dit pour l’ensemble des entreprises et cela s’intitule « le patronat ».
Ce mot patron amène donc à des sens différents mais quand on y regarde de plus près, cette expression ramène à celui qui a la maitrise ( le mot maitre montre aussi la sujétion) des choses et en particulier du travail.
Le mot patron sied bien avec la société capitaliste, il faut un patron ou des patrons pour diriger les travailleurs qui doivent obéissance dans les murs de l’entreprise à la divinité patronale représenté par le patron et qui mène le groupe où il veut.
Un mot lourd de sens qui signifie la domination d’un système par le biais du patronat et donc d’une classe dominante composée de patrons qu’ils soient industriels, financiers etc.
Evidemment ce serait des gens qui veulent notre bien tout en faisant surtout le leur, et le terme utilisé de protecteur avec le mot pater, y donne toute une dimension comme quoi, la patron est le père à qui on doit obéissance.
Alors l’idéologie dominante a su opérer idéologiquement pour marquer que dans ce monde capitaliste, il pouvait y avoir aussi d’autres formes de domination par le « pater » familial et lui donner un terme obéissant à une fonction permettant de considérer que c’est quelqu’un au-dessus du lot qui domine par la grâce dévote leur mettant une auréole comme des pères à qui on ne doit pas manquer de respect et d’obéissance.
Alors va se multiplier toutes les formulations :
La patron du syndicat invoqué surtout en direction des syndicats qui collaborent.
le patron de l’équipe de football largement employé par des journalistes sportifs à l’exemple d’un de leur confrère qui, en athlétisme, qui n’a pas son pareil pour le dire à toutes ses phrases dithyrambiques devant un exploit.
Et puis il y a le patron à la maison, c’est la plupart du temps l’homme, le chef de famille.
Et puis des formules telles que : « il faut voir la patronne » pour parler de la femme qui tient le ménage pendant que l’homme s’attèle à des tâches dites plus importantes.
Enfin on en vient à des termes plus poussés en matière de domination, ceux utilisés pour marquer la différence avec les domestiques, avec les employés, en fait entre les dominants et les dominés le terme patron devient alors par la bénédiction de l’exploiteur « le patronat » maitre du jeu.
C’est lui le patron, c’est lu qui décide, c’est lui le propriétaire, c’est lui le meilleur.
Et bien entendu, ce terme patron sied aussi dans la politique, le patron c’est le chef du parti, c’est le chef du gouvernement, c’est le président de la république et derrière eux s’efface le rôle de ceux qui sont alors que des dirigés, c'est-à-dire le bon peuple.
Bref, patron est un mot couramment employé aujourd’hui pour montrer qu’il y a dans ce monde des exploiteurs et des exploités, des meneurs et des décideurs face à des soumis, qui doivent dire tout le temps « amen ».
Bref le mot patron, ce n’est pas le père bienfaiteur tel que l’enseigne la religion catholique, mais plutôt le père fouettard, c’est en quelque sorte l’autorité du monde capitaliste. Le mot patronat y donne toute son importance et il est fait pour que toute la famille du »pater » établisse bien la domination de classe et il n’est pas étonnant alors que les « dressés » du système capitaliste, en particulier les grands animateurs des médias, formés dans les plus grandes écoles libérales utilisent à tout bout de champ ce mot qui indique bien qui domine et qui subit.
Bernard LAMIRAND