Publié le 16 Juillet 2018
POUR UN PCF DU 21EME SIECLE
J’ai attendu la « Base COMMUNE » avant de me décider à contribuer en tant qu’adhérent du parti communiste français. Je croyais à un sursaut, j’ai été déçu, et je trouve que ce document ne permet pas de s’élever et de relever le défi de notre existence future comme force politique qui compte. Pourtant, il avait été acté que les communistes puissent débattre à partir d’un texte offensif et sur le fond. Un document qui devait faire le bilan de l’activité écoulée et de l’orientation décidée depuis le dernier congrès en regard de la situation sociale, économique politique actuelle et ainsi de réfléchir au devenir de l’idée communiste en France et plus largement dans le monde.
Le document qui nous est présenté est soporifique, et s’il parle de tout, il en fait une sorte de fourre tout et finalement ne plait vu les critiques qui émanent d’un peu partout.
Je verrai plutôt un autre texte : celui de redonner une dynamique aux communistes, un esprit conquérant.
Des questions cruciales pour l’avenir du PCF se posent donc : en quoi le communisme peut-il retrouver toute sa place dans ce monde qui « va à volo » sous les coups de boutoirs d’un capitalisme destructeur qui compte demeurer envers et malgré tout, n’hésitant pas à manier l’autoritarisme, la dictature, ses liens avec le fascisme qui renait de ses cendres notamment en Europe, là où il est né ?
Plusieurs points attirent mon attention et m'interroge :
-Que penser de la base commune ?
-Ou en sont les idées communistes?
-Quelle vision communiste du 21eme siècle ?
- Qu’est devenue la présence communiste particulièrement dans les lieux de travail ?
Je prends seulement ces points : ils me paraissent essentiels pour assurer le devenir du PCF arrivé à un stade où son existence est en jeu, et là, je veux souligner qu’il ne s’agit pas de faire peur mais de dire que l’existence de notre parti est posée à ce 38eme congrès.
Certains et certaines d’ailleurs ne l’évacue pas dans leur base alternative à ce congrès pour en faire un enterrement de première classe.
Question subsidiaire : J’ajouterai que l’on entend une petite musique nous disant qu’il vaudrait mieux se ranger sagement chez Mélenchon et se contenter d’afficher nos idées dans un conglomérat où nous ne serions plus qu’un point de repère : en fait nous ne serions plus que des observateurs venant apporter la parole communiste dans un charivari populiste dont l’histoire nous dit qu’il peut aboutir aux pires situations connues au 20eme siècle.
Je vais donc dans un premier temps essayer de donner simplement mon opinion.
- Que penser de la « Base commune »
Le document « Base commune » ne répond pas à la demande des communistes d’avoir un texte lisible, non académique, prospectif sur le fond et amenant à des issues concrètes. Le contenu laisse à désirer : je ne trouve pas cette volonté d’être nous-mêmes et je me demande si le congrès n’est pas qu’un moment à passer pour ensuite retourner aux vieilles habitudes entre spécialistes dans le circuit clos du Colonel fabien.
Ce document a été voté par une petite majorité des membres du Conseil National du PCF. Question : que sont devenus la moitié des membres de ce conseil national absents pour voter ce document fondamental ?
Peut-il être alors une base commune pour tous les communistes dans ces conditions ?
Je ne le pense pas … car il ne rassemble pas et les communistes ont besoin de se rassembler sur des bases qui les projettent devant et avec leur identité communiste.
L’expérience a prouvé que même dans un congrès, il peut y avoir plus sourd que celui qui ne veut point entendre. L’exemple de nos décisions pour les élections présidentielles le prouve : le fait accompli pour faire pression pour la candidature de Mélenchon suffit à lui-même. Cette décision de notre premier secrétaire prise la veille du vote des communistes était inacceptable et ne correspondait pas aux décisions du conseil national.
Cela a d’ailleurs conduit à un échec de cette stratégie, admis d’ailleurs par Pierre Laurent après les élections, ayant comme résultante un effacement du PCF à la grande satisfaction d’une bourgeoisie pas mécontente de pouvoir organiser l’ignorance par les médias du PCF, relayée en plus par les coups de boutoirs venimeux de Mélenchon maniant l’invective contre la direction de notre parti sans que celle-ci réagisse trop occupée à discutailler s’il fallait qu’elle fasse encore allégeance ou se révolter contre le « conducator ».
Ce texte ne répond donc pas à mes interrogations : il reste cramponner à une unité de façade qui nous prive de mettre franchement en œuvre nos idées.
- Ou en sont les idées communistes ?
Je ressens un manque de fermeté pour porter les idées communistes. Pourtant nous sommes dans un moment significatif où les salariés-es ont besoin d’un éclairage et d’une bataille de classe qui soit à la hauteur de l’enjeu : dépasser ce système capitaliste qui détruit et démoli chaque jour un peu plus l’humanité et la planète.
Certains, pour signifier notre fin de l’histoire communiste nous invite, comme je le disais précédemment, à n’être même plus une force d’appoint mais un simple témoignage. Ils invoquent le fait que le parti communiste français n’est plus crédible et l’on ressort les échecs communistes et notamment la fin de l’URSS. Nous devrions porter notre croix pour l’éternité et simplement commémorer l’histoire communiste dans ce qu’elle eut de bon et de mauvais.
Au contraire, nous avons besoin de nous faire voir sur les lieux de travail, dans les cités et aussi en tant que nous-mêmes dans les élections nationales et régionales. Les militants font ce qu’ils peuvent mais ils ont besoin de se sentir estimés dans ce travail de bénédictin qu’ils font chaque jour à travers bien des vicissitudes et d’une direction communiste qui ne sait pas où elle va et cultive le rassemblement pour le rassemblement. Le rassemblement ne consiste pas à laisser la place aux autres pour une unité de façade. L’unité ne peut se faire que sur un contenu de classe et non sur des bases minimalistes où n’apparait plus l’objectif de changer cette société et ainsi de se conformer à une gestion de l’immédiat.
3) Quelle vision du communisme au 21eme siècle
Le stalinisme a été préjudice énorme à l’idée communiste dans le monde et dans notre pays.
Cela a été une des causes du recul des idées communistes mais pas la seule.
L’autre raison est notre apathie révolutionnaire face à un capitalisme en état de dégénérescence.
La lutte de classe est plus que jamais une réalité vécue : la bourgeoise est là pour montrer que le combat est idéologique.
La montée populiste de droite comme de gauche sont des signes d’un manque de présence communiste affirmée dans les batailles des idées.
La régénération des idées d’extrême droite et d’un néofascisme assumé, montre aussi que le capital est prêt à tout pour garder le pouvoir quand il se sent menacé.
Nous sommes donc dans un monde de plus en plus dangereux et les armes peuvent à nouveau parler : il est donc nécessaire qu’apparaissent d’autres alternatives que les guerres qui ne sont que la forme la plus violente de la mise en concurrence des salariés et des batailles que se mènent entre eux dans le cadre de l’économie de marché.
Une force communiste, demain, est capable de propulser autre chose et un monde de paix et de coopération dont nous en aurons besoin pour traiter des problèmes de plus en plus complexes que posent le surarmement, les migrations, les questions écologiques, le réchauffement climatique et ses conséquences sur la terre, la nature, la vie et l’humain mais pas seulement l’humain mais aussi l’humain avec la faune et la flore.
Il faut dire haut et fort que doit être mise en cause dans le monde ce système qui capte toutes les richesses créées par le travail tout en détruisant la nature. Il faut faire éclater ce scandale des profits immenses et de la financiarisation de l’économie alors que l’argent pourrait servir à toutes les causes pour vivre mieux et vivre communiste sur cette planète.
Nous avons pris un retard considérable sur notre implication dans les évolutions du travail, de la surexploitation capitaliste et de l’aliénation totale exigée des masses laborieuses à l’exigence du profit maximum. Il en va donc de la prise en considération des couches nouvelles de la jeunesse et bien sûr des femmes dont on a toujours du mal à leur donner toute leur place dans la société et dans notre organisation. Notre parti doit-être à l’avant-garde des évolutions technologiques et sur ce que cela entraine dans le travail : les travaux de Paul Boccara sur la révolution informationnelle doivent être pris plus au sérieux ; de même ses propositions concernant « la sécurité de l’emploi et de la formation ».L’idée de mettre sur le même plan nos propositions et celle de Friot sur le salaire à vie démontre les ambigüités de notre direction et le document « base commune » reste dans l’expectative sur toutes ces questions du prix de la force de travail en système capitaliste et comment y mettre les germes du dépassement du salariat.
Il faut donc gagner des formes de dépassement du salariat dans tous les domaines de la vie et à commencer par travailler les gratuités telles l’eau, l’électricité, les transports, les logements etc. Cela passe par des services publics d’une autre dimension et en menant une bataille de chien pour que les citoyens s’en emparent et ne laissent pas les travailleurs des services publics livrés à eux-mêmes. C’est pareil pour la protection sociale et en particulier les questions de la santé pour tous dont la gratuité devrait devenir une règle de bon sens-y compris tout de suite. Il y a aussi la place des retraités-es jusqu’à leur fin de vie et comment les considérer comme des citoyens et des travailleurs à part entière avec tous les moyens nécessaires pour leur assurer leurs vieux jours. Les retraités-es vont bientôt représenter plus de 30 % de la population.
Le communisme doit donc s’afficher.
Il ne peut limiter son combat à notre sphère nationale.
Nous devons être des puissants contributeurs pour changer ce monde et le dire partout et au niveau national bien sûr mais aussi soutenir à ce que des forces se lèvent partout dans le monde pour bouter dehors ce système de plus en plus abominable.
Nous devons travailler la classe ouvrière d’aujourd’hui et pour demain et lui donner une nouvelle assise qui n’est plus celle seulement des ouvriers professionnels ou spécialisés mais celle aussi des techniciens ingénieurs cadres travaillant à la création de biens matériels et sociaux.
Les évolutions technologiques doivent servir les travailleurs et leur famille et non servir les intérêts du capital.
Partout une bataille tenace doit s’engager pour établir des nouveaux droits pour les travailleurs et en particulier sur les conditions d’emploi et de travail.
La pensée Marx doit être féconde alors et bien en lien avec le réel pour que les idées communistes triomphent sur cette planète et fassent en sorte que « le manifeste communiste » redevient la vraie alternative face au capitalisme.
4) Quelle présence communiste dans les lieux de travail ?
Les convergences doivent être bâties à partir du lieu du travail mais aussi converger dans les luttes avec les salariés d’autres pays et dans les groupes et l’idée d’en finir avec les financiers et les banques qui jonglent avec les milliards ce qui suppose de se sortir de la mainmise des multinationales et transnationales.
La mise en concurrence des travailleurs doit être banni tant à l’échelle de notre pays qu’au niveau international.
La démocratie doit devenir une réalité sur chaque lieu de travail et cela nécessite de l’ancrer avec des formes d’organisation qui permettent aux travailleurs d’être maitres de leur travail et de la valeur ajoutée qu’ils créent.
Une démocratie réelle à l’entreprise pour dépasser enfin le capitalisme et en finir avec la baisse du dit-coût du travail (bas-salaires – salaires aléatoires, temps de travail gratuit, précariat, ubérisation, droits sociaux minimas etc.
Nous avons trop laissé le terrain de l’entreprise au patronat depuis des années.
Le parti communiste français n’a pas pris le train des évolutions qui apparaissaient déjà lors des grands mouvements de 1968.
C’est l’autre raison de sa perte de crédibilité parmi les travailleurs.
Il ne peut vivre de la nostalgie d’un passé même s’il y a toujours des choses à dire de cette belle histoire du PCF et notamment du rôle qu’il a joué dans la plupart des grands acquis sociaux de ce pays.
Sa quasi disparition des lieux de travail où auparavant il était solidement implanté a été une grave erreur.
Certes les casses industrielles dans les grands secteurs de la métallurgie, de la chimie, du textile et autres ont conduit à la disparition de structures PCF dans les entreprises.
Cela a fait beaucoup de mal au PCF mais il s’est aussi effacé de lui-même en négligeant sa présence à l’entreprise. On ne peut pas dire que nous avons été à la hauteur pour trouver les solutions adéquates pour poursuivre une vie politique à cet endroit. Nous avons (pas partout) laissé le champ libre à la politique patronale qui n’a pas manqué de prendre notre place sur le terrain.
Le parti n’a trouvé comme réponse que d’apparaitre que quand le feu est à la maison, mais peu sur des batailles offensives et souvent notre direction ne prend même pas en compte le travail qu’effectue la commission économique du PCF notamment sur le plan de l’emploi, de l’industrie, des nouvelles technologies, de la place des travailleurs dans le process du travail etc.
Nous avons donc besoin d’un parti qui rétablit sa place dans les lieux de travail : son absence ne peut être compensée par le mouvement syndical qui n’a pas les mêmes fonctions.
Pour finaliser cette contribution, je pense qu’il faut absolument des changements radicaux dans le parti pour se sortir de notre effacement et retrouver la parole communiste notamment à l’entreprise.
L’heure est à la militance auprès des travailleurs.
Le discours PCF doit être de mise partout et pour tous.
Pour cela, il faut faire appel à la jeunesse, le parti a parmi ses membres de jeunes communistes talentueux.
IL me parait essentiel d’avoir un parti qui travaille plus collectivement, plus à l’écoute des militants et militantes et que les formes de militances permettent à ces jeunes hommes et femmes d’être les créateurs d’un PCF nouveau. Cela suppose de revoir de fond en comble nos organismes de direction et aussi la façon de les piloter.
A mon avis une nouvelle équipe s’impose.
Il est temps de se remuer sinon nous ne serons plus qu’un mollusque invertébré et une espèce en voie de disparition.
Il faut donc un texte autrement plus dynamique que celui qui nous est présenté et qui ne répond pas aux attentes des communistes.
C’est pour cette raison que je suis signataire du texte « Pour un manifeste communiste du 21eme siècle ». Ce manifeste peut devenir une base commune de tous les communistes désireux de voir leur parti reprendre comme on dit « du poil de le bête ».
Alors, que ce Congrès soit historique : qu’il soit celui du retour du PCF comme une force qui va compter pour changer le monde.
Bernard LAMIRAND Section de Creil-Nogent sur Oise, Villers Saint –Paul.