Publié le 31 Mars 2014
POST SCRIPTUM
Post-scriptum comme PS pour analyser ce qui vient de se produire après le deuxième tour des Elections municipales.
Une défaite cuisante, une déculottée, une claque, une gifle, c’est ainsi qu’est considérée la défaite cinglante des socialistes et de la gouvernance Hollande.
Il ne pouvait en être autrement.
Le pis, c’est qu’il entraine dans sa chute la gauche de progrès, celle qui avait appelé à voter au second tour des Présidentielles Hollande sous la base de congédier le locataire de l’Elysée Sarkozy. Certes, celle-ci ne se faisait pas d’illusion, Hollande charriait un programme social-démocrate minimum avec un coté opportuniste en collant à toutes les revendications des travailleurs dans ses déplacements dans des lieux là où le Front de gauche était appréciée et pouvait le gêner dans sa marche pour le pouvoir personnel.
Cette gauche là -notamment le PCF - a été ignorée et méprisée dès la prise de pouvoir de Hollande.
Celui-ci se ralliant rapidement aux politiques d’austérité définies par la droite et la sociale-démocratie européenne sous la baguette d’Angéla Merkel et de Sarkozy.
En fait, Hollande a vite enfilé les habits de la droite sarkozienne dés sa nomination et il appliqua immédiatement toutes les décisions que celle-ci avait concocté avec Merkel.
On pouvait même dire que sa politique ressemblait comme deux gouttes d’eau à celle de Sarkozy.
Alors, il est compréhensible, qu’aujourd’hui, ce qui restent comme citoyens votants aient choisi en majorité l’original plutôt que la copie en votant pour la droite et à celle extrême du Front national dont la mise en scène anti système est un attrape-nigaud, puisque cette droite là est un enfant du capitalisme quand celui-ci est en crise et permet ainsi de détourner les citoyens écœurés dans les bras de l’ensorceleuse Le Pen.
Le Parti socialiste vient de recevoir le plus grand camouflet depuis l’époque où il régentait la politique sous la quatrième république quand advint en 1958, à cause de sa politique coloniale et des guerres qu’il entreprit, le retour d’une droite dure gaulliste qui installa la cinquième république qui corsète tout et au bout dégoute le peuple de participer à la vie politique du pays.
Cet écroulement socialiste est-il une fin de l’histoire de ce parti social-démocrate ?
A l’allure de sa décomposition par social-libéralisme avéré, il ne fait pas de doute qu’il a choisi une voie qui l’entraine vers un autre type d’organisation qu’il souhaite ardemment quand on suit les interventions de ses principaux dirigeants qui cherchent la création d’un parti démocrate libéral regroupant les forces sociales libérales, centristes, des écologistes.
Alors que faire ?
J’ai du mal à croire qu’il est encore possible de faire rebrousser chemin à Hollande et à la bande de libéraux qui l’entourent jusqu’à la présence des hommes du patronat qui le conseillent et le guident dans une politique de la terre brulée à gauche.
Qu’il y ait des exhortations pour le faire changer de politique comme on en entend depuis cette déculottée, c’est insatisfaisant pour créer une véritable dynamique qui inverse vraiment les choses et permettent à l’électorat populaire de se mobiliser. Il faudrait alors qu’il fasse un demi-tour complet et qu’il renie tout ce qu’il a entrepris depuis son accession au pouvoir et créait un véritable schisme par rapport à l’Europe libérale, c'est-à-dire remettre en cause littéralement la constitution européenne qui oblige à ne concevoir que des politiques libérales et en premier lieu l’austérité et la baisse du coût du travail. Il y a là un devoir de désobéissance vis-à-vis du capital.
Je n’y crois pas.
Le Parti socialiste est sur orbite d’une autre voie : celle d’abandonner les derniers lambeaux de ce qui lui reste de social et de s’installer comme ses compères allemands et autres dans une coexistence politique affirmée avec le libéralisme et de trouver la forme politique qui l’agrée.
Il ne reste donc qu’à travailler à une vraie conception d’une gauche de progrès que pourrait incarner le Front de gauche s’il se débarrasse des vestiges sociaux -démocrates qui l’empêchent encore de déployer une démarche collective de classe qui nécessite de travailler avec les citoyens plutôt qu’en délégation de pouvoir et d’un nouveau chef -indispensable et omniscient- et en évitant ce que la 5eme république a produit : l’homme providentiel, le superman, le beau parleur qui enflamme les foules: une sorte de César.
Un Front de gauche qui doit s’apprendre à vivre avec toutes ses composantes s’il veut être cette force qui mobilise et permet de remettre le peuple de gauche en route pour le progrès humain.
Nous en avons tout de suite besoin pour faire reculer les projets néfastes qui sont en cours de réalisation par ce gouvernement et son éventuel successeur et notamment de détruire ce pacte de responsabilité qu’il faut faire exploser en vol par le rapport de force et la mobilisation du monde du travail.
Cela demandera une grande bataille d’idée.
Désormais, c’est la rue qui va compter, c’est les manifestations, c’est les revendications syndicales, c’est les grèves ; bref c’est un monde du travail qu’il faut remette en mouvement.
Ce monde du travail qui, d’élections en élections boudent de plus en plus les urnes, qui peut sombrer dans la pire des éventualités en votant pour pire encore que ce qui se passe actuellement en s’offrant à la démagogie du Front National et à sa façon avenante pour attraper les mécontents.
Alors oui, relevons le défi et commençons par le 12 avril en manifestant nombreux en France à l’appel du Front de gauche et du PCF, une force plus que jamais nécessaire pour relever le défi d’une gauche humaine et de progrès.
Bernard LAMIRAND