Publié le 3 Avril 2009
G20 QUE DU BONHEUR
La famille des fondés de pouvoir du capitalisme mondial était aux anges hier soir pour divulguer aux quidams de la planète les résultats de leur opération chirurgicale morale.
Ils avaient terrassé l’hydre libérale, cette tumeur qui s’était implantée dans le système immunitaire du capitalisme.
Il fallait l’extraire : ils l’ont fait avec un jeune chirurgien Obama et un assistant qui lui a passé le bistouri un dénommé Sarkozy.
Ils étaient contents après leur intervention, le malade s’était bien réveillé à la bourse, après une période de convalescence d’environ 1 an il sera sur pied pour à nouveau gambader dans le monde à la recherche du profit maximum.
Le plus content était Strauss-Kahn, il était nommé banquier général chargé de dispenser les fonds et notamment à tous les derniers de la classe capitaliste qui se sont mis dans le rouge ces derniers temps.
Les commentaires, ce matin, sont élogieux dans la presse et dans tous les médias : on célèbre l’unité, l’union sacrée, l’accord de tous, y compris des chinois.
La montagne aurait accouché d’un bœuf.
Ils auraient terrassé le mal qui rongeait le capital.
Regardons-y de plus prés ?
5000 Milliards de dollars seront remis aux financiers pour les indemniser de pertes subis par les bulles financières qu’ils avaient contribués à former depuis plus d’une vingtaine d’années.
Un plan de soutien au commerce mondial de 250 milliards ira donner confiance aux investisseurs de fonds de pension et autres pour réaliser des dividendes substantiels.
Les capitalistes voyous ont été à peine évoqués. Il fallait quand même dire quelque chose sur ces paradis fiscaux pour satisfaire le matamore Sarkozy et ils ont trouvé la parade : la publication des pays qui pratiquent des paradis fiscaux.
Pour éviter de froisser certaines susceptibilités, ils ont fait un classement et la plupart sont devenus des paradis raisonnables.
Le drôle de l’Elysée et son sabre de bois ont vite battu en retraite et l’intéressé se contente de peu car cette liste que l’OCDE a publiée ce jour est affichée sur mon blog depuis belle lurette.
Quand aux travailleurs du monde entier, le message du G20 a été clair : on va vous serrer la ceinture pendant au moins un an voir 2 ; attendez, soyez patients et surtout laisser vous faire, c’est pour votre bien que l’on vous purge.
Il n’y a que la confédération internationale syndicale (CSI) pour se satisfaire de quelques lignes qu’elle aurait obtenues de Gordon Brown concernant le social. Les travailleurs du monde entier auraient mérité certainement des réactions syndicales revendicatives à la hauteur de cette crise qu’ils ont à supporter en ce moment alors qu’ils ne sont en rien responsables de cette gabegie financière.
Finalement, il n’y aucune remise en cause fondamentale, seulement quelques ajustements, et les principes de l’économie de marché libre et non faussée sont réaffirmés avec une sorte de régulation minimale.
Le néo-libéralisme peut repartir, il suffirait d’encadrer un peu mieux les traders.
On voit bien, pour cacher les scandaleux hold-up du système, et de ceux qui s’en sont mis plein les fouilles, qu’il fallait brandir quelques chiffons rouges.
Dans tous ces concerts de louanges notre drôle essaye de s’en tirer comme il peut et sa dérisoire satisfaction sur le capitalisme moral a de quoi faire rigoler toute la planète paradisiaque quand il dit qu’il a eu l’aide d’Obama pour convaincre les chinois sur les paradis fiscaux existants chez eux.
On a le président qu’on mérite !
Pour conclure cette intervention, j’emprunterai cette réflexion de Pierre Ivorra dans l’humanité de ce jour « cela permet de remettre à sa juste place les indignations morales contre les bénéficiaires de stock-options de la part de ceux qui ont poussé les feux de cette accumulation financière et qui sur le fond continuent de la soutenir. C’est le système qui fait scandale, pas seulement l’une de ses expressions ».
Bernard LAMIRAND