CHEREQUE ET LE COUT DU TRAVAIL
François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, prend un soin inouï pour défendre le fond de commerce des patrons du CAC 40, qu’on aimerait lui connaître
pour défendre les travailleurs en ce moment où l’austérité les frappe cruellement
Ainsi, il considère « que le coût du travail est un facteur de perte de compétitivité. Et il demande, selon l’Humanité de ce jour, au gouvernement,
d’« accélérer la mise en place du haut conseil pour le financement de la sécurité sociale et il invite à « le baisser en transférant une partie
des charges sur la CSG sans toucher le pouvoir d’achat ».
Madame Parisot, doit être, ce matin, satisfaite : elle a trouvé un émule dans sa lutte contre le coût du travail et des charges qui affaiblissent la
compétitivité des entreprises selon elle.
Dans cette démarche de Chérèque, nous y trouvons tous les ingrédients qui visent à remettre en cause l’édifice de la Sécurité Sociale et de son financement par la
cotisation sociale.
Cela va aussi avec l’idée d’en finir avec le système actuel de retraite du régime général en le remplaçant par un système par points dans lequel le patronat aurait
beau jeu de limiter les prestations de la retraite en attribuant un prix du point très élevé pour ne pas en distribuer de trop ( salaires que divise le prix décidé donne le nombre de points) et
ainsi de l’aligner sur la situation financière des caisses et un prix du point calculant la retraite le moins élevé possible pour distribuer des prestations retraites minimales (réduction de sa
valeur décidée par rapport au coût de la vie ) et en fonction de l’état des caisses et des rentrées financières.
La CFDT proposerait ce système qui, en fait, est celui appliqué dans les caisses de retraites complémentaires et qui a permis de réduire sérieusement le niveau des
prestations de retraites complémentaires aux salariés depuis plus d’une dizaine d’années.
Ici, Chérèque voit plus grand, il fonde sa démarche sur l’ensemble de la sécurité sociale et donc particulièrement sur l’assurance maladie avec la CSG.
Il nous indique que le coût du travail est un facteur de perte de compétitivité : c’est faux.
Qu’est-ce-que le coût du travail pour le capital, c’est tout simplement l’ensemble de ce qui revient aux salariés en salaires, en prestations sociales (cotisations
sécurité sociale, assurances chômage, cotisations logement, indemnités transports etc.
Nous appelons cela le salaire avec une part directe liée à la qualification et une part socialisée que le salarié touchera lorsqu’il est malade, invalide, en
accidents de travail, en retraite, en chômage.
Voilà ce que Chérèque appelle une perte de compétitivité.
A cette allure là, il faudra qu’il demande, pour être toujours plus compétitif, que partout la part salariale soit la variable d’ajustement pour satisfaire le
profit car c’est de cela qu’il s’agit quand le capital parle de compétitivité et met en concurrence les salariés.
Chérèque va se faire pas mal d’ennemis parmi les peuples qui actuellement voient leurs droits sociaux s’écrouler et ils n’ont pas besoin d’un syndicaliste pour
sonner la charge.
Il veut simplement baisser la part qui revient aux salariés dans la création de la richesse.
Jamais vous n’entendrez Chérèque indiquer que la perte de compétitivité c’est à cause de la part toujours plus grande prise par les actionnaires qui s’attribuent
des dividendes de plus en plus élevés au fur et à mesure que la part salariale se réduit.
Chérèque sait cela, il pare au plus pressé en indiquant que la CSG serait une meilleure solution ; mais qui va payer cette CSG supplémentaire sinon les
salariés et les retraités qui devront subvenir en prenant sur leurs salaires directs pendant que les patrons ramasseront la mise.
Chérèque plaisante donc quand il nous dit que cela se fera sans toucher au pouvoir d’achat des salariés et l’on voit aussi apparaître un autre subterfuge, celui
d’annuler la cotisation sociale du salarié et de l’intégrer dans les salaires pour compenser les pertes occasionnées.
Subterfuge parce qu’un bon syndicaliste sait que le patron mangera cette partie là aussi par le fait qu’il ne revalorisera pas les salaires par rapport aux prix
pendant plusieurs années, s’il le faut.
François Chérèque fait fausse route.
Vouloir rendre service au patronat par un donnant donnant de la sorte équivaut à un donnant perdant pour tous les travailleurs qui se vérifiera à la longue aussi
bien concernant le niveau de leurs salaires que le coût qu’ils auront à payer des prestations de maladies et de retraites à leur charges par CSG ou TVA qui enfleront au fur et à mesure que la
capital profitera de l’abandon de la cotisation sociale qu’il devait de payer selon les préceptes de Croizat comme faisant partie du prix de la force de travail.
Bernard LAMIRAND