SECTARISME UNE PLAIE POUR LE MONDE DU TRAVAIL
Publié le 11 Décembre 2009
LE SECTARISME EST L'ARME DES FAIBLES
Le congrès de la CGT est entrain de se clore et une grande majorité des délégués ont approuvé par une forte majorité les projets à partir d'amendements fruit d'un grand travail démocratique à la base et qui a duré plusieurs mois.
Ce congrès marque un grand progrès par rapport à la démocratie syndicale.
Je retiens comme aspect important la prise de position prise par les délégués de mettre au premier rang de leurs préoccupations l'action revendicative et en particulier sur les salaires, les retraites et l'emploi et les conditions de travail.
J'apprécie ce qui vient enfin d'éclore et dont j'ai souvent (quand j'étais membre de la CE confédérale)intervenu concernant le syndicalisme de site.
Il y a longtemps que l'on aurait dû y aller.
Les sites sont des lieux où les travailleurs sont dispersés tout en étant exploités ensemble mais avec des statuts différents allant d'ailleurs jusqu'à leur absence totale. Dans certains de ces sites, c'est l'entreprise qui a dispersé les salariés en sous-traitant les activités et les travailleurs de ces entreprises sont toujours sous la férule de celle qui maitrise la production et exige un prix de la force de travail toujours plus bas.
Je me rappelle avoir parlé de convention collective de site.
Ce qui me marque aussi dans ce congrès, c'est l'assentiment des délégués à travailler toujours plus ce syndicalisme rassemblé qui a produit des effets importants lors des grands rassemblements au début 2009. L'analyse du ralentissement de la capacité mobilisatrice dans le second semestre mérite une réflexion approfondie sur les raisons de ces atermoiements et il n'est pas du seul fait du syndicalisme et du refus d'organiser une grève presse-bouton qualifiée de grève générale et dont on connait les chimères d'une telle aventure si le rapport de forces n'est pas conséquent et il n'est pas à la hauteur de l'enjeu, convenons-en.
Un syndicaliste de classe doit avoir de la lucidité et le sens de la mesure.
IL faut davantage de syndiqués et d'unité.
Un syndicalisme rassemblé n'est pas par nature qu'une simple addition de manifestants ou de grévistes: il est un rassemblement sur des bases revendicatives et la plate forme des huit organisations représentent cela; et il faut , au vue de ce 49eme congrès, certainement influer pour un contenu revendicatif encore plus fort et en sachant que d'autres conceptions syndicales existent et qu'elle sont respectables. L'unité c'est bien un compromis et un compromis n'est pas de la collaboration de classe s'il est un pas en avant vers les objectifs que l'on s'assigne pour améliorer l'existence des travailleurs.
Certains congressistes, c'est leur droit, sont venus pour contester cette orientation de la CGT.
Contester c'est bien, mais il faut proposer quand on se dit ardent lutteur de classe. La lutte de classe comme le disait Marx se mène dans le réel et ce réel c'est le travail de terrain pour avancer ; il ne peut-être celui d'une avant-garde "dite éclairée" méprisant les combats de chaque jour que mènent des milliers de militants dans des conditions de crise systémique que le syndicalisme n'avait pas connu depuis longtemps.
Alors, je pense que nos anciens, si souvent invoqué par ceux qui font du surplace dans la lutte de classe d'aujourd'hui, auraient eu les mêmes raisonnements que le 49eme congrès; celui d'unir plutôt que de désunir et je me souviens d'une formule d'Ambroise Croizat : "Pas unis- pas d'acquis".
Et pour terminer je reprendrais une formulaire célèbre de Benoit Frachon présentée lors de la session à Berlin du Conseil Général de la F.S.M du 15 au 21 novembre 1951: "Ne pas être sectaire, c'est comprendre que la classe ouvrière n'est pas un bloc idéologique homogène. Qu'elle n'est pas séparée de la bourgeoisie par une muraille de Chine et que par conséquent, l'idéologie, les tares de la bourgeoisie pénètrent dans ses rangs par mille voies. Que la bourgeoisie au pouvoir dispose d'un appareil d'Etat puissant, des moyens d'expression et de propagande beaucoup plus importants que les nôtres, qu'elle parvient à corrompre certains hommes dont elle se fait ses agents, les porteurs de son idéologie et de sa corruption. Tout cela, qui n'a aucune influence sur la partie la plus avancée, la plus consciente de la classe ouvrière, touche plus ou moins les couches du prolétariat". Et il précise: "Ne pas être sectaire, c'est faire un effort constant pour que les travailleurs, divisés par des opinions politiques ou religieuses différentes, surmontent les manœuvres de leurs ennemis de classe qui tendent à faire de ces différences d'opinions des barrières infranchissables entre eux".
Plus loin encore il précise l'idée de travailler à créer une seule organisation syndicale regroupant les travailleurs quelques soient leurs affinités politiques, religieuses et il disait encore dans l'une de ses dernières interventions que j'ai reprises dans son ouvrage "Au rythme des jours" : "Mais il n'y a pas de route royale qui mène à l'unité. C'est un combat qu'il faut mener, une bataille à gagner, et qu'il faudra gagner plusieurs fois, aussi longtemps qu'existera le régime capitaliste. Il n'y a pas, il ne peut y avoir de solution de facilité, ce combat est partie intégrante de la lutte de classe".
Alors, une remarque: obliger le secrétaire général de la CGT à décommander un invité, en l'occurrence François Chérèque de la CFDT relève de ce sectarisme que Benoit Frachon a dénoncé tout au long de sa vie militante sans jamais céder sur le fond des choses, car la lutte de classe, la bataille d'idées n'est pas une affaire d'insultes et de sifflets mais bien de conviction.
C'est aussi de la part de ces camarades, par leur comportement, d'empêcher la majorité du congrès à recevoir dignement ses invités. C'est petit. Je le dis d'autant plus que je suis loin de partager la démarche de la CFDT sur les retraites mais ce que je sais c'est que c'est par le débat et l'implication des salariés et des retraités que les choses avanceront ou n'avanceront pas et non par l'insulte.
Oui nous avons encore plus besoin, dans cette période de crise et de chômage où les travailleurs souffrent énormément, d'unité; et celle-ci se gagnera sur le terrain des idées et non de la haine qui n'est pas l'apanage de la CGT.
Travailleurs du monde entier unissons -nous.
Bernard LAMIRAND