IL PLEUT SUR NANTES
Publié le 14 Février 2013
Il peut sur Nantes
donne moi la main
le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin
Barbara
DANS QUEL MONDE VIVONS NOUS ?
Cette question peut sembler bizarre pour un marxiste qui a l’habitude d’analyser ce monde dans lequel nous vivons et dont nous savons le mal qu’il peut faire.
Mais en dehors de l’analyse lucide de la situation sociétale engendrée par le système, nous avons tous des moments où l’émotion, la colère, la révolte s’empare de nous face à des faits qui se déroulent sous nos yeux.
Nous y voyons aussi le théâtre de ce monde où les bourreaux deviennent des victimes et les vrais victimes qualifiés de délinquants, de casseurs, de fainéants etc.
Hier soir nous avons appris le suicide d’un chômeur à pôle emploi à Nantes ; en même temps nous apprenions que le patron de Renault pour obtenir la reddition de certaines organisations syndicales pour un plan de flexibilité se proposait de réduire ses revenus de 30 %, un autre patron, celui de PSA annonçait un déficit de 5 milliards, un jeu d’écriture de dépréciations d’actif pour assommer ceux qui luttent contre la fermeture d’Aulnay ; et puis, comme Ponce Pilate, le premier ministre épongeait une larme hier soir face à ce drame de Nantes pendant que son ministre de l’intérieur renforçait le nombre de flashball les forces de répression syndicale contre les manifestants et qu’au Sénat les parlementaires socialistes et radicaux refusaient en commission un projet de loi amnistiant les militants syndicalistes poursuivis sous l’ère Sarkozien pour faits syndicaux.
Oui, quel théâtre !
Un théâtre de faux culs, un théâtre de bonimenteurs, un théâtre où l’on montre du doigt le pauvre et où l’on porte aux gémonies ceux qui luttent.
Oui, ils ont peur, craintes que monte partout la révolte contre leurs manigances et leurs coups fourrés.
Ce pauvre malheureux à Nantes s’est suicidé non pas parce qu’il ne comprend pas les règles d’indemnisation du chômage qui le dépasse, comme dit le ministre du chômage et de la précarité de l’emploi Michel Sapin, mais parce qu’il était au bout du rouleau de ce système qui l’a conduit jusqu’aux petits boulots et qu’il ne voyait plus d’échappatoire au chômage si on le rayait de la carte de pôle emploi.
Un système qui montre ses failles, qui vont s’élargir davantage avec cet accord scélérat, signé en janvier et qui fera valser les salariés d’emplois précaires à chômage total pour revenir à d’autres emplois précaires et ainsi de suite.
Quel vie pour nombre de salariés demain, une vie hachée, une vie désorganisée, une vie aliénée à celle du compte en banque de l’actionnaire.
Et puis que dire de ces deux profiteurs de l’automobile ? Proudhon appelait cela des voleurs ( la propriété c’est le vol disait-il) ; bien sûr le vol légalisé par la société capitaliste qui pond des lois pour ces gens-là. L’un deux qui a le culot de mettre sur la table 30 % de ses revenus qu’il s’est octroyé grassement dans le groupe par le droit qu’il a de se fixer lui-même les plus hautes rémunérations et d’exercer un chantage pour que des organisations syndicales signent son plan qui va fusiller des milliers d’emplois et réduire les salaires.
Il y a l’autre, celui de la famille des chevrons, lui a rempli son rôle, il a fourni à la famille des profits immenses pendant des années au point que l’investissement et l’avenir de la boite ont été mis sous le boisseau et aujourd’hui, évidemment la famille lui renouvelle sa confiance pour qu’il fasse payer aux travailleurs ces profits soustraits indûment.
Cet individu, hier soir, sur la deux, avec le domestique télévisuel habituel, montrait toute sa morgue, lui qui a mis au point un jeu d’écriture pour montrer que tout va mal à PSA et qu’il faut tailler dans les effectifs.
Bande de….
A part cela, pour couronner le tout, hier soir nous avons vu un autre bonimenteur, la main sous le cœur, avouer que l’objectif de ramener la dette à 3 % en 2013 ne serait pas atteint. Nous le savions nous qui avons dit à ces libéraux de gauche que la cure d’austérité des travailleurs allaient entrainer cette situation sociale dramatique qui provient certes d’avant mais qui se poursuit parce que les mêmes mesures d’hier s’applique aujourd’hui avec encore plus de force et d’injustice car les seuls qui se frottent les mains sont du coté du manche et eux ils n’ont jamais autant stocké d’avoir comme ces banquiers qui annoncent des records financiers pour 2012.
Oui, le camarade Pierre Laurent a raison de dire qu’il faut obliger ce gouvernement à faire une politique de gauche, celle pour laquelle il a été élu. Mais cela ne passera pas seulement par des rappels à l’ordre mais en construisant un rapport de force nécessaire pour obliger ce gouvernement à pratiquer une politique en faveur du travail et non du capital.
D’ailleurs à l’évocation des luttes qui commencent à poindre ce gouvernement devient fébrile, nous venons de le voir avec le ministre de l’intérieur qui se prend pour un nouveau Clemenceau qui frappait de répression ceux qui luttaient.
Le 5 Mars, nous devons être nombreux à agir et sous diverses formes pour que le ruisseau des luttes que j’ai évoqué lors d’un autre papier devient un torrent impétueux qui balaye cette maffia du fric qui dirige ce monde.
Vive la lutte.
Oui, nous voulons un autre monde que celui là.
Bernard LAMIRAND