MUTUELLES: QUEL DEVENIR ?

Publié le 19 Août 2010

 

Hopital_Creil.jpgL'histoire de la mutualité est faite de haut et de bas tout au long de son existence.

Elle est à l'origine de la solidarité entre travailleurs, elle est le maillon qui a permis la création de syndicats de salariés dans notre pays, elle a permis de réelles avancées sociales et surtout de mener une lutte acharnée contre l'emprise des assurances privées.

Elle a aussi ses périodes noires, son passé pendant l'occupation n'a pas été des plus exemplaires en signant et en défendant "La charte du travail du régime de Vichy";  et à la libération de la France, elle a combattu la création de la sécurité sociale avant d'accepter d'être complémentaire.

Depuis des années, la mutualité qui s'est réunifiée entre la FNMF et la FMF, faisait plus ou moins face au désengagement de la sécurité sociale sous les coup de boutoirs du gouvernement et du MEDEF, et elle a pris en compte ce que l'assurance maladie remboursait moins à travers des charrettes de médicaments considérés comme moins ou pas efficaces. Elle a dû suppléer la sécu face aux déremboursements en payant la différence et en augmentant par conséquent les cotisations des mutualistes.

Mais à ce jeu, le cercle vicieux imprimé par la gouvernement, conduit à toujours augmenter les cotisations:  le coût pour les salariés devient de plus en plus difficile à supporter et du même coup la mutualité, comme la sécurité sociale, trouvent des artifices pour réduire les coûts. C'est le cercle infernal.

Et les choses prennent maintenant une autre dimension:  la mutualité expertise de nouvelles méthodes concernant les remboursements de médicaments. Elle met au banc d'essai de nouvelles pratiques consistant à rembourser selon l'efficacité d'un médicament pour situer le niveau du paiement. Bref nous avions déjà une mutualité à plusieurs vitesses:  "vous êtes jeune et vous consommez moins de médicaments, vous êtes âgé et vous consommez plus;  votre tarif est donc différent",  viendra s'ajouter les déremboursements selon des critères d'efficacité.  Tout compte fait, cela s'apparentera, d'ici quelques années, de plus en plus aux assurances privées qui pratique à des tarifs à la carte de préférence à une mutualisation solidaire.

Il est vrai, que la mutualité, sous la forme collective et solidaire qui est la sienne, unique en Europe, est de plus en plus menacée par les assurances privées et les règles de l'Europe libérale l'oblige à faire face à des opérateurs européens privés, notamment ces grosses société d'assurances.

Mais en puisant dans les  méthodes assurancielles privées, la mutualité française n'est-elle pas entrain, doucement, de se convertir en assurance privée:  il y a danger.

Il importe que les mutualistes réagissent et ne tombent pas dans le fait accompli.

Je suis mutualiste et je m'interroge sur le devenir de la mutualité.

Aujourd'hui le ver est dans le fruit concernant notre protection sociale solidaire et en particulier concernant la santé.

La Mutualité française, n'est-elle pas aussi  engagée dans les sphères de recomposition de la santé et notamment à travers les Agences régionale de santé (ARS), mises en place pour mettre en œuvre la loi Bachelot, "Hôpital, Patients, Santé, Territoires (HPST) dont tout le monde sait qu'elle vise à réduire à la portion congrue l'hôpital public et la sécurité sociale au profit de l'offre de soins privées qui veut pour lui le gâteau de la santé ( voir Kessler).

Des ex-dirigeants de la Mutualité française occupent actuellement des responsabilités dans ce dispositif (ARS) au coté de membres provenant de  la Générale de Santé, un groupe capitaliste hospitalier, pour restructurer l'hôpital public et le mettre en concurrence avec les hôpitaux privés à travers ces agences régionales.

Je pense que les mutualistes ont des combats à mener contre ce poison libéral qui consiste à saper l'ensemble de la sécurité sociale et la structure public hospitalière de ce pays et à miner aussi le terrain de la solidarité mutualiste.

La mutualité ne peut prêter le flan à cette stratégie. Evidemment ce combat doit être celui de tous les travailleurs et le besoin se fait sentir d'une unité de luttes entre le mouvement syndical et le mouvement mutualiste.

L'accompagnement des politiques de remises en cause de la sécurité sociale  la condamnerait inéluctablement à sa propre destruction.

Bernard LAMIRAND

Rédigé par aragon 43

Publié dans #Actualités

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