ET SI LE VENT TOURNAIT (reprise article de l'UGICT)

Publié le 4 Novembre 2013

ET SI LE VENT TOURNAIT (reprise article de l'UGICT)

A la faveur de deux faits d’actualité la semaine passée, on pourrait se demander si en effet nous ne sommes pas devant une nouvelle donne sociale. Voici qu’après des années de délocalisation vers des pays où la main d’œuvre est très bon marché, on assiste à une montée en puissance des revendications salariales dans des pays comme l’Indonésie ou le Bangladesh.

Deux millions d'Indonésiens ont entamé jeudi une grève nationale afin de réclamer une hausse du salaire minimum de 50%. Ce pays, première économie d'Asie du Sud-Est, connaît depuis 2005 une croissance supérieure à 6% l'an et la vie y est devenue trop chère pour des salaires parmi les plus bas du monde.
Au Bangladesh, les syndicats de salariés du secteur textile ont refusé jeudi la hausse proposée de 50% du salaire minimum, estimant qu'elle ne permettait pas de vivre décemment, ni de suivre le rythme de l'inflation. Les syndicats demandent un salaire minimum de 8.114 taka (102 USD) dans un pays où l’inflation dépasse les 8%.

On sait par ailleurs qu’en Chine de nombreuses grèves ont eu lieu dans des manufactures qui travaillent à fabriquer nos objets de consommation. De fait, on assiste désormais dans ces pays aux mêmes menaces de délocalisation. C’est ainsi qu’un des patrons du Medef indonésien, l’Apindo, n’a aucune gêne à agiter ce spectre : «les entreprises étrangères se tournent de plus en plus vers d'autres pays de la région pour implanter leurs usines, comme le Vietnam, la Malaisie ou la Birmanie», oppose-t-il à la revendication des salariés. Là bas comme ici, mais avec bien entendu des réalités totalement différentes, la question posée est toujours celle du partage de la richesse.

Elle est aussi posée de manière centrale chez nous. Que l’on parle du salaire, des cotisations sociales, de la fiscalité, de la redistribution. Le patronat, mais aussi, hélas, le gouvernement, n’envisagent la compétitivité de notre économie qu’à la seule aune des salaires. Or ce qui handicape la France, ce n’est pas le « coût » du travail mais bien le coût du capital, c’est-à-dire les prélèvements financiers.
Ainsi, en 1950, pour 100 € de masse salariale, les entreprises versaient 9,5 € de dividendes et 4,5 € de charges d’intérêts. Aujourd’hui, pour 100 € de masse salariale, les propriétaires reçoivent 36 € et les créanciers 10 €. Aujourd’hui nous travaillons 45 jours par an au seul service des dividendes versés aux actionnaires. C’est dans cette financiarisation de l’économie que se niche la crise… pas dans nos salaires et encore moins dans ceux des travailleurs des pays émergents.

Rédigé par aragon 43

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