L’INDIGNE EQUIPAGE EUROPEEN
Régulièrement le Conseil Européen, composé des chefs d’état, se réunit à Bruxelles pour décider de la politique Européenne.
Nous les voyons arriver dans leur char, escortés de leurs gardes du corps, en général des « baraques », le tapis rouge leur est dressé et ils pénètrent dans l’antre du libéralisme, comme des cardinaux qui entrent dans le chœur de la cathédrale accompagnés par les orgues pour chapitrer les priants agenouillés devant tant de fastes et d’artifices.
Ils sont tous sourires devant les caméras ou bien se donnent l’air très préoccupé par un problème qui leur tombe sur la tête comme celui des écoutes téléphoniques.
Ils vont alors passer la journée, souvent la nuit, pour arriver à se mettre d’accord sur une position à prendre concernant les tribus européennes dont ils n’ont que faire sinon que de leur infliger une « ratatouille » de décisions indigestes loin des préoccupations des gens.
Ils parleront certes de l’emploi, mais c’est pour émettre toutes sortes d’hypothèses éphémères, ils referont les calculs, accorderont quelques subsides çà et là pour calmer. Ils se regarderont surtout leur nombril et le contentement d’avoir une fois de plus roulé dans la farine le travailleur victime de leur sombre politique antisociale.
A la fin de leur session, ils feront la photo de famille, se dirigeront vers les médias, tiendront conférences de presse puis disparaitront dans les brumes d’un Bruxelles qui n’a que faire de cette engeance venu faire la loi du capital.
Voilà l’Europe que nous avons.
Une Europe des élites et des lobbys, qui, eux, ont le droit de s’établir à chaque coin de rue de cette citadelle du profit pour faire valoir leur intérêt. Ces lobbys ne pissent pas l’urine sur les murs mais ils pissent sur les beaux lambris les dollars et les euros nécessaires pour les grandes multinationales.
Banquiers, industriels, magouilleurs en tout genre, multinationales du commerce et de l’industrie s’invitent et tournent au dessus de la Communauté Européenne comme un essaim de guêpes et ils ont leur termitières et leurs cabinets somptueux comme les migrants ont leur caisse en carton pour refuge auprès des ports. A une différence près, c’est que ces profiteurs ne seront pas renvoyés manu-militari mais choyé par les chefs d’états et les dirigeants de la Communauté Européenne.
L’Europe de l’argent roi alors étale toute sa richesse et n’a que faire des peuples qui, eux, ont un parlement bidon dont les décisions finissent la plupart du temps dans la corbeille de la Commission Européenne et surtout quand ils s’aventurent à toucher au grisbi.
L’Europe des peuples, vantée dès sa naissance, comme le moyen de dépasser les vieux conflits armés, est aujourd’hui qu’une Europe des profiteurs en tout genre, particulièrement des multinationales qui ont pignons sur rue, qui mènent une guerre qui n’a pas de nom mais qui chaque jour tue, notamment là où il y a du pétrole, du gaz et des minerais rares etc.
Cette Europe là montre qu’elle a été conçue par et pour le capitalisme mondialisé, pour que l’argent circulent librement et à la vitesse de l’éclair entre les banques chargées de donner toute la puissance de feu nécessaire à la création du profit et contre l’intérêt général.
Nous ne sommes plus dans les grands conflits armés entre les peuples mais dans des guerres financières où il faut tuer du social pour redresser le taux de profit.
C’est à cette Europe là que nous avons à faire, une Europe qui n’a que mépris pour l’homme de la rue, le travailleur, l’immigré, le retraité et la jeunesse dont elle s’en fiche complètement.
Il faut donc construire une autre Europe et la rendre démocratique.
Il faut en finir avec ces dirigeants qui se sont fait un traité européen pour mieux manier l’argent et mieux mettre au rencart la population et les travailleurs.
Une Europe démocratique, une Europe sociale, voilà ce que nous avons besoin.
Des premières lueurs baignent les matins d’automne de l’Europe. Des lueurs où les peuples commencent à bouger et les manifestations contre les cures d’austérité se multiplient notamment dans les pays les plus touchés par la crise.
La Confédération Européenne (CES), longtemps la courroie de transmission du libéralisme de Bruxelles, devient une organisation syndicale à part entière de cette Europe où il faut réunir les travailleurs pour lutter contre les désagrégations sociales en cours mais aussi pour façonner une Europe des travailleurs et où le patronat ne pourra plus diviser pour régner et mettre en concurrence les salariés.
Cette Europe des travailleurs est à construire.
Et puis, cette Europe là devrait nous sortir de cette Europe de quelques-uns, d’une caste qui va jusqu’à laisser périr des gens en mer comme cela vient d’être le cas au large de Lumpadosa.
Une Europe alors qui n’aura pas besoin de cages et de grillages barbelés pour le monde du travail circulant avec des conventions collectives européennes, avec des droits de vivre sur la terre européenne et une Europe proscrivant l’argent sale, cet argent gagné indument sur le dos des peuples du monde et sur la spoliation des peuples d’Afrique.
Hier, à Bruxelles, les dirigeants européens, n’ont pas eu un mot ni une minute de silence pour ces hommes et ces femmes, ces êtres humains disparus corps et bien dans la méditerranée. Leur seul souci était de s’arranger avec le grand frère américain pour que celui-ci n’écoute plus leur jactance et leur pantomime.
Oui, il faut une autre Europe, celle des travailleurs, elle doit se gagner, elle aussi, par les luttes et par un syndicalisme qui se sort de ce monde inhumain qui règne à Bruxelles et être le contre-poison à cette montée des extrêmes droites et des haines et division entre peuple.
Bernard LAMIRAND