Publié le 26 Février 2018
FILS DE CHEMINOT
Je le suis et autrement que le triste sire Macron qui a brandit le fait qu’il était un petit fils de cheminot pour faire passer des ordonnances contre les cheminots.
Je viens d’entendre Edouard Philippe, petit parvenu de la société bourgeoise, nous dire tout le mal qu’il pensait du statut des cheminots.
Un Edouard Philippe qui a une belle carrière statufiée dans les salons gouvernementaux et patronaux et qui ne risque pas de se retrouver à la rue avec les SDF
Ce statut des cheminots n’est qu’un prétexte et il a aussi une histoire qui comprend des droits et des devoirs.
Les cheminots avaient un rapport de force pour obtenir ces garanties, elles étaient adossées en plus à une mission publique, celle de satisfaire les usagers jour et nuit, dimanches et jours fériés, qu’ils pleuvent, qu’ils ventent, qu’il neige et que le froid viennent perturber l’état des rails, les parcours et les aiguillages ainsi que la signalisation.
Rien n’est changé à ce sujet. Pourquoi donc s’en prendre à ce statut sinon que pour justifier une politique visant à démanteler la SNCF. Le statut des cheminots à donc bon dos.
Observons aussi que les attaques que subissent les cheminots entrainent justement des difficultés de plus en plus grandes à faire ce travail et cette mission publique dans de bonnes conditions.
Quand on rentre à la SNCF, on est pour les gens et pour satisfaire les besoins des usagers. Je veux rendre hommage à cette profession que j’ai connu par mon père et qui continue à sa battre pour le service public des transports de toute la population.
Enfant, j’ai vu mon père se levait la nuit pour la tournée de lignes notamment lors de tempêtes et de chutes de neige ou d’arbres arrachés et tombés sur les voies. Nous avons vécu avec sa petite paye de cantonnier poseur, car il déposait et reposait les rails ; il était attentif à ce qu’elles soient toujours en bon état ainsi que le ballast avec ses camarades de la brigade. Des cheminots donc qui ne gagnaient pas lourd et qui avaient un emploi sûr mais comme d’autres salariés l’avaient aussi dans le privé et le voudraient plus que jamais aujourd’hui.
Déshabiller Pierre pour habiller Paul n’a pas de sens car tous seront nus si on laisse faire.
Leur emploi sûr, c’est l’emploi normal, mais, pour ces messieurs, c’est l’alignement sur le bas et la précarité pour tous qu’il conviendrait de faire et donc d’en finir avec ces cheminots qui sont avec leur statut un exemple qu’il faut absolument retirer de la tête de tous les salariés-es de ce pays.
Ce ne sont donc pas des privilégiés-es, ce sont plutôt les Macron et Philippe qui font partie de cette caste à statut privilégié.
La famille cheminote n’est pas repliée sur elle-même, elle vit pour les usagers et le service public à leur rendre.
Et puis ce statut est celui de tous ces « roulants » qui ont changé leur locomotive à vapeur pour des locomotives électriques plus performantes mais avec des conditions de travail et des responsabilités plus grandes encore..
Tout cela, ils l’ont accepté et c’est ainsi qu’ils ont ce statut aujourd’hui d’un emploi et d’une retraite garantie à la SNCF.
Edouard Philippe nous dit que cela ne tient plus aujourd’hui et il a le renfort de Macron qui se dit petit fils de cheminot, un petit fils de cheminot qui n’a que cheminé que dans les salons des privilégiés de la fortune.
Celui-ci, au salon de l’Agriculture, répondant à une interpellation d’un cheminot, a porté cette repartie grotesque : « Vous n'avez pas le même rythme que mon grand-père qui était cheminot". Sottise de comparer ce qui n’est pas comparable. ! Et, en plus, pourquoi ne pas faire l’inverse et faire en sorte que tous les salariés-es bénéficie du même statut que les cheminots avec le projet d’une véritable sécurisation et d’un parcours professionnelle pour tous les salariés –es tout au long de leur vie.
Certes, ce ne sont plus les locomotives à vapeur, du charbon à recharger sans cesse, des escarbilles qui obligent à porter de grosses lunettes, mais des conditions de vie et de travail entrainant encore plus de fatigue et des rythmes de vie qui détraquent la santé et la famille. Cela touche aussi tout le personnel dans les gares et dans la surveillance du trafic avec des effectifs de plus en plus réduit.
Macron se permet de dire qu’il faut donc mettre fin à ce statut. Qu’y a-t-il derrière ? Autre chose qui fait que c’est l’arbre qui cache la forêt ; derrière, il y a les banques et les actionnaires qui attendent que la SNCF ne soit plus qu’une locomotive sans conducteur et disparaisse sous les assauts des compagnies privées, car là est le fond.
Demain, ils veulent un réseau où ne circulent que les lignes profitables, avec des salariés low-cost .
Regardons comment ils ont cassé le fret par fer pour imposer les camionneurs venant de tous pays européens à des conditions de salaires et de travail détestables. Regardons aussi ce qu’ils ont fait des autoroutes nationales qu’ils ont données au privé en faisant voler en éclat les garanties des salariés qui restent et par conséquent ce sont des profits énormes que ramassent ces sociétés d’autoroute et qui paye, sinon nous les usagers et ils ont le toupet de nous appeler « clients » alors qu’ils nous rançonnent dès le premier kilomètre.
Demain, il feront la même chose pour le rail avec des tarifs de plus en plus chers, les trains ne circuleront que pour les lignes rentables, les usagers ne seront que des clients payant rubis sur l’ongle pour alimenter les caisses des grands groupes de transports qui pointent déjà leur nez comme ceux que nous voyions déjà sur nos routes qu’ils démolissent sans payer un rond pour les réparations.
Derrière chose de mon indignation en tant que fils de cheminot : Edouard Philippe, pour présenter son projet indique que les salariés de la SNCF seront mis dans les mêmes conditions que les autres et y compris les apprentis : des apprentis qui vont être soumis aux conditions patronales dans un paysage de lieux de travail où les patrons les mènent déjà à la baguette profitant des ordonnances travail qui font de ceux-ci des petits tsars.
Edouard Philippe conclu en outre que c’est le code du travail qui primera alors que l’on sait que ce code est dépourvu de toutes possibilités pour les salariés de voir leurs droits respectés à cause de ses ordonnances qui démantibulent le code du travail.
Enfin que dire de ce Président de la République indiquant que le statut des cheminots c’est l’ancien monde… non Monsieur de Macron, l’ancien monde, c’est vous et les vôtres !
Alors une chose va compter, c’est une forte mobilisation des cheminots, mais aussi d’’être à leurs cotés dans les luttes qu’ils comptent mener dans les prochains jours.
Bernard LAMIRAND