Publié le 1 Octobre 2019
UN SYSTÈME INDIVIDUEL POUR UNE RETRAITE MINORÉE
Nous arrivons au bout de l’analyse du rapport Delevoye ; il nous reste à examiner les conséquences pour le monde du travail.
Il est perdant sur toute la ligne : âge de la retraite, système individualisé à points, dispositif de solidarité minimal non garanti.
Le départ en retraite :
Qui ne s'est pas posé la question à quel âge vais-je partir ?
Les travailleurs en activité n’auront plus l'assurance d'une date assurée ; la retraite à 60 ans avait déjà disparu pour faire place à la réforme Touraine de 2014 portant la retraite à 62 ans, qui deviendra une coquille vide avec la décote et la surcote de Delevoye obligeant à partir à 64 ans pour un taux plein ; bref une procédure annonçant une variabilité assurée et donc une retraite que l’intéressé devra sans cesse repousser toujours plus loin pour acquérir des garanties elles aussi fluctuantes et à la baisse. Par ailleurs la durée de cotisations, autre possibilité présentée es par Macron, conduirait à des départs dépassant les 67 ans âge du taux plein sans décote et surcote et notamment si sans cesse le nombre d’années de cotisations est augmentée comme le réclame le MEDEF. On peut penser que la visée est de rejoindre d’autres pays Européens qui ont déjà dépassé les 70 ans.
Le système à points :
Le chacun pour soi. Une tirelire à points.
L’arnaque absolue : les points ne seraient attribués que selon les cotisations versées et donc les périodes de non activité ne produiront aucun point : adieu les 25 meilleures années dans le privé et adieu les 6 derniers mois de traitement ou de rémunération dans le secteur public et les régimes spéciaux.
Des points vendus le plus cher possible et donc moins de points et des points à la retraite dévalorisés à l’exemple des accords Arcco et Agirc.
Des points inscrits dans un compte individuel où l’attributaire serait appelé à le combler, s’il le peut, avec des heures supplémentaires à foison ou poursuivre sa vie professionnelle le plus longtemps possible si sa santé le permet et si une offre lui est assurée ou encore à attendre l’heure de l’âge permettant le taux plein qui lui aussi serait susceptible d’être revu plus tardivement encore.
Les points seraient synonymes d’une individualisation de la retraite à outrance.
Solidarité minimale :
Pour tous les victimes du système à points et des conséquences des carrières incomplètes un rattrapage serait cependant prévu fixant un minimum de retraite à 1000 euros en attendant une fixation à 85%du SMIC.
Ce qui n’est pas dit, c’est que c'est un minimum basé sur une carrière complète et il est évident que nombre de salariés tomberont dans la nasse des travailleurs au minimum de retraite et ce minimum serait l’objet de réduction au prorata du nombre d’années travaillées.
D’autre part ce minimum appellera des salariés inquiet de leur future retraite insuffisante à mettre dans des systèmes d’épargne retraite où ils cotiseront avec le risques de ne pas retrouver leur argent à la retraite : notamment à travers l’assurance vie, les fonds de pensions et la capitalisation.
A noter aussi les dispositifs de points gratuits pour les situations familiales et les reversions dont seuls le gouvernement aura la maîtrise quoiqu’il en dit et l’expérience est là pour le démontrer avec les prestations maladie et les allocations familiales où il réduit sans cesse les prestations.
Bernard LAMIRAND