PIERRE MAUROY EST DECEDE: QUELQUES SOUVENIRS

Publié le 7 Juin 2013

PIERRE MAUROY EST DECEDE: QUELQUES SOUVENIRS

Pierre MAUROY : quelques souvenirs….

Je l’ai connu dans les batailles de la Sidérurgie, notamment celle de 1979, où il avait pris position contre le plan acier de Davignon, commissaire Européen à l’industrie, et contre le gouvernement Barre qui avait décidé de fermer Usinor Denain et Usinor Longwy.

Je me souviens de ces réunions au ministère de l’industrie avec Gustave Ansart où tous deux défendaient Denain dont Gustave Ansart était le député.

Quand il fut premier ministre, il a maintenu pendant une partie de son mandat le train à bandes, dernier vestige de l’Usine, dont la commission Européenne exigeait la fermeture définitive.

Le nouveau plan acier de 1984 fut voté sous son mandat de premier ministre, cela fut compris par les sidérurgistes comme un revirement.

Son passage à Denain, un soir, fut difficile et des manifestants lui firent griefs de ses abandons.

Je pense que cela fut pour lui un crève cœur : il avait baissé les bras face à cette Europe libérale et à Mitterrand qui avait choisi la politique de rigueur que les militants de la CGT , à Lille, en 1982, lors du congrès de la CGT, contestèrent jusque dans les murs de sa municipalité de Lille.

C’était un homme de la classe ouvrière du Nord. Il portait cela dans chacun de ses discours qu’il tenait dans les rencontres que j’ai eu avec lui dans ma responsabilité fédérale de la sidérurgie.

Je me souviens de la dernière rencontre, le jour où Mitterrand le remplaça à Matignon par Fabius : il avait reçu les fédérations de la Métallurgie en compagnie de Defferre pour examiner le devenir d’Ugine Fos. Il quitta plusieurs fois la séance, nous le sentions préoccupé, il a pris congé de nous en disant que réponse serait apportée dans les semaines suivantes. De retour, nous apprîmes alors qu’il avait été remplacé dans la soirée par Fabius qui allait appliquer sans vergogne la fermeture d’une quantité de sites sidérurgiques en France ; néanmoins Ugine- Fos était sauvé.

Il respecta certains engagements du programme commun et en particulier les « Nationalisations » que Fabius et d’autres détricotèrent ensuite.

Il fut celui qui appliqua à la lettre la retraite à 60 ans.

Lors du plan Sarkozy Fillion en 2010, il s’éleva contre les mesures cassant cette âge de départ à la retraite et il s’emporta devant Woerth au sénat en disant : « C'est la loi la plus importante peut-être de la Ve République, celle qu'attendaient les Français, la liquider en catimini de cette façon, ce n'est pas possible. Nous pensons que c'est un droit presque fondamental, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons tout de suite proposé la retraite à 60 ans. Cela a été un immense espoir. De toutes les revendications ouvrières, cela a été la plus importante. Cela restera dans l'histoire sociale de la France, nous sommes partisans d'une réforme. Nous savons bien que les conditions ont changé. Mais ce n'est pas une raison pour effacer cette ligne de vie, cette ligne de combat ».

Les socialistes au pouvoir feraient bien de méditer sur ces paroles au moment où ils s’apprêtent à détruire ce qui reste de cette grande conquête de 1982.

Mauroy était un homme politique attaché à la classe ouvrière.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui parmi ceux qui nous dirigent.

Bernard LAMIRAND

Ancien responsable de la Sidérurgie CGT

Rédigé par aragon 43

Publié dans #politique

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