Publié le 22 Octobre 2010
Photo d'Alain Pouget 19octobre 2010 Montataire rassemblement de la manifestation
SARKOZY PAS DE REPIT
Nous sommes à un moment où il faut faire le point de cette bataille engagée entre les forces du fric et les forces sociales de ce pays.
La retraite est au cœur de cette bataille de fond entre le capital et le travail.
C'est parce qu'elle est fondatrice du pacte social du Conseil National de la résistance, mis en œuvre par un ministre communiste, Ambroise Croizat, de surcroit secrétaire général de la puissante fédérations CGT de la Métallurgie.
N'oublions pas que la droite n'a jamais avalée ces conquêtes sociales de la libération.
Mettre par terre la retraite par répartition, c'est mettre par terre un symbole social de la plus haute importance, c'est défaire toute l'architecture sociale de ce pays comme l'a prescrit l'ex vice-président du Medef et assureur privée des retraites à Sarkozy dans un célèbre article paru dans la revue financière "Challenges".
C'est ce qu'exige le patronat français avec véhémence.
La lutte engagée est en fonction de cet enjeu: droits sociaux, garanties sociales puissantes où retour à la domination totale des forces de l'argent avec des dominés sans droits.
Des millions de personnes qui manifestent, un pourcentage inégalé de sympathisants (70%) qui soutiennent les initiatives prises par les organisations syndicales, montrent à quel point le pays est vent debout contre Sarkozy et ses amis du patronat et des banques d'affaires.
Il faut veiller à ce que cette dimension ne se perd dans les brumes de l'automne.
Nous sommes donc à un moment délicat de l'action.
Le gouvernement vient de jeter ses dernières cartes dans la bataille de la retraite. Ses atouts tournent autour de la répression, du passage en force devant le parlement, de la réquisition.
Nous, nos atouts sont de ne pas relâcher la pression, d'affermir le rapport des forces en gardant ces millions d'hommes et de femmes qui se sont mobilisés depuis début septembre d'une manière inédite dans une telle période.
Quand un gouvernement emploi la force de la réquisition c'est qu'il est sur la défensive. Il presse le pas parce qu'il pense que le temps joue pour les salariés en lutte, qu'ils saisissent les enjeux, alors il fixe sa bataille autour des désagréments parce qu'il n'a plus que cette branche là pour se raccrocher. Et il va même plus loin en réquisitionnant les raffineurs de Total, invoquant la défense nationale pour les faire travailler. Ces ordres de réquisition nous rappellent les périodes de notre histoire sociale du temps des gouvernements socialo-centristes ou de droite des années 50.
Cette droite conservatrice est aux abois, elle veut clore vite ce débat des retraites parce qu'elle a besoin d'appliquer d'autres mesures d'austérité que le capital international lui demande avec insistance avec son état-major le FMI. Le capital a besoin de "piquer" sur les salaires et les retraites pour retrouver les profits maximum.
Il ne peut donc accepter que la France en reste à l'architecture sociale de 1945 améliorée par les acquis de 1968. Il a besoin de reprendre ce qu'il estime lui être patrimonial: la valeur ajoutée qu'il a dû cédé dans les luttes depuis la libération et qui font de notre pays un contre exemple face à la mondialisation capitaliste qui ne veut plus qu'une tête sociale dépasse dans son antisocial forcené.
Avec le vote du Sénat, en cette fin de semaine, la droite pense qu'elle en aura terminée avec les mouvements de foule et que tout rentrera dans l'ordre pour laisser la place à un autre gouvernement tout aussi réactionnaire et vichyste que le précédent, chargé d'amuser la galerie avec l'inénarrable Borloo, pour brouiller les pistes et faire oublier les saloperies sociales en essayant de caresser dans le sens du poil un mouvement social qu'il voudrait voir rentrer au bercail institutionnel.
La décision des organisations syndicales de continuer après le vote du Sénat est importante, elle est, je dirai, la preuve d'un combat de classe à la hauteur de l'enjeu.
C'est très important que le mouvement social ne lâche pas prise et ne se laisse amadouer par des considérants politiciens visant à lui dire qu'il a fait son boulot et qu'il doit attendre la grande explication de 2012.
Le mouvement syndical est uni et tout doit être fait pour qu'il le reste sur les objectifs qu'il s'est fixé, qu'il ne doit surtout pas céder aux pressions qui l'entrainerait soit à se couper des masses par des actions minoritaires qui entraineraient de facto la fin du mouvement de masse ou de s'en remettre à l'échéance politicienne par un compromis avec le capital sur la base d'une retraite par points qui est manifestement la porte de sortie de ceux qui ne veulent pas remettre en cause la domination des forces de l'argent.
C'est pourquoi, comme le disait Ambroise Croizat, créateur de la sécurité sociale: "pas unis pas d'acquis". Le combat de classe, c'est celui engagé avec intelligence par la CGT face à un adversaire qui n'a pu casser l'unité parce que celle-ci est sous la garde de millions de salariés (es) et de retraités qui le confortent chaque jour.
Gardons cette dimension, donnons lui toutes les raisons d'exister dans les luttes et cette pseudo-réforme votée par le parlement sera défaite, détricotée point par points, articles par articles en associant encore plus les générations, des plus jeunes jusqu'aux plus anciens.
Alors le 28 octobre… une étape de consolidation du mouvement.
Sarkozy et ses mandants du Medef ne doivent bénéficier d'aucun répit.
Bernard LAMIRAND