Publié le 10 Novembre 2010

divers_005.gifPROMULGATION
Le Président de la République n'a pas perdu de temps, pressé qu'il est de mettre en œuvre ce qu'il considère comme la pierre angulaire de son quinquenat.
Cette nuit, comme à la cloche de bois, Sarkozy est allé déposer son ouvrage et a fait marcher les rotatives du journal officiel pour qu'aux premières lueurs du jour, les futurs retraités sachent qu'il leur faudra travailler plus longtemps pour avoir leur retraite:  perspective qui peut les conduire jusqu'à 67 ans pour les moins loties (es).
Un peu de pédagogie sur cette promulgation.
Avant de promulguer une loi, s'il y a contestation et requête, le conseil constitutionnel indique si la loi est conforme à la constitution.
Ce conseil est-il impartial ?
Il doit se dégager de toutes allégeances et ses membres prêtent serment.
Mais ce n'est pas leur impartialité qui est en cause mais l'application à la lettre d'une certaine conception de la République que les vrais républicains détestent. Le texte de la constitution de 1958, revu et corrigé depuis, régissant la vie citoyenne, est un texte organisant une certaine destinée politique française.
Une destinée bourgeoise, inféodée donc aux puissances d'argent.
Le sérail a préparé ces princes arrivés à l'apogée de leur carrière politique ou administrative à assurer cette tâche subliminale.
Cette vie citoyenne, dont on voudrait qu'elle soit libérée, est corsetée par la constitution de 1958: une délégation de pouvoir amenant à certains moments un pouvoir autocratique.
Un peu d'histoire: 1958, c'est une constitution taillée sur mesure pour un homme dit providentiel et dans un certain contexte: la guerre d'Algérie et une quatrième république pourrie par un parti socialiste alliée à une droite réactionnaire et qui  mène une guerre coloniale sans issue.
C'était une constitution pour De Gaulle;  il l'impose à un pays en plein drame algérien, à une France qui cherche un sauveur suprême et qui sera aveugle sur ce texte anti-démocratique dont on lui demandera de l'approuver par référendum. La constitution est alors  un costume pour lui et il le léguera à tous ses successeurs qui s'en serviront pour éloigner encore plus les citoyens d'une république citoyenne et le dernier avatar de cette constitution, c'est bien ce pouvoir sans considération du peuple, de l'hôte actuel de l'Elysée.
L'Assemblée nationale, qui vote les lois, est devenue depuis cette époque, une représentation secondaire par rapport à celle du président de la République. Un théâtre d'ombre disent les plus critiques.
Depuis De Gaulle, l'exercice du pouvoir est ainsi dévolu à un homme, d'abord pour un septennat puis pour un quinquennat et l'Assemblée Nationale n'est plus que l'ombre d'elle-même, élue comme on élirait non des députés mais des fantassins pour appliquer les ukases du chef comme on l'a vu dans les débats sur la réforme des retraites.
Cette constitution de 1958 est donc née des convulsions d'après guerre, de la fin de la colonisation, de gouvernements de la quatrième république complètement vermoulus.
Cette constitution créée de toutes pièces par la droite, pour l'exercice du pouvoir par un chef, pour permettre au capital une meilleur emprise du pouvoir politique, est aujourd'hui un clou dans le pied de chaque français qui aspire à la démocratie directe et à une représentation contrôlée en permanence par le peuple.
Le président de la République, un premier ministre réduit au rang de majordome du chef, un conseil constitutionnel qui comprend quasi totalement que des grands commis de la droite, ne font que de rendre intouchable l'application de la loi d'airain du capital, celle de l'argent roi.
Les membres du conseil constitutionnel sont des représentants de cette constitution: leur rôle consiste donc à dire conforme la loi sur les retraites.
Ils ont fait leur travail selon le cahier des charges comme on dit.
Cela dit, cet avis n'achève pas le débat engagé;  certes la loi s'applique dés sa promulgation et la sortie des décrets d'application, mais une loi peut toujours être défaite par une autre. C'est ce que propose le PCF à tous les partenaires de gauche et au mouvement social sans attendre l'hypothétique élection présidentielle dont on vient de voir que les promesses n'engagent que ceux qui les croient. Le président de la république n'avait-il pas dit concernant la remise en cause de la retraite à 60 ans :" je ne le ferai pas pour un certain nombre de raisons et la première c'est que je n'en ai pas parlé pendant ma campagne présidentielle. Ce n'est pas un engagement que j'ai pris devant les  Français je n'ai donc pas de mandat pour faire cela, et ça compte vous savez  pour moi".
On a vu que les bonnes intentions n'ont que le temps de leur durée éphémère comme les feuilles d'automne.
Alors, depuis la dernière manifestation, celle de samedi dernier, on nous demande de nous taire, de considérer que les carottes sont cuites, qu'il faut se rendre à l'évidence et que seul compte la loi.
La loi, les lois, sans lesquelles on ne peut vivre ensemble disent-ils, mais cette loi n'est pas faite pour vivre ensemble, elle divise, elle est injuste, elle est ignoble, elle est scélérate.
Il faut la combattre.
Hier, pour 40 ème anniversaire de la disparition de De Gaulle, le Président de la République se gargarisait des déclarations de celui-ci, hors De Gaulle n'avait pas hésité en 1940 à devenir un hors la loi en refusant la loi pétainiste de la capitulation.
On ne capitule pas quand la France profonde nous dit son désaccord avec cette loi imposée par un président qui se comporte en monarque.
Bernard LAMIRAND

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Rédigé par aragon 43

Publié dans #politique

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Publié le 9 Novembre 2010

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