CE RAPPORT EST COPIEUX MAIS IL MERITE D'ETRE LU ET
ETUDIE
IL Y A LONGTEMPS QUE NOTRE PARTI N'AVAIT PAS DEVELOPPE UNE TELLE ANALYSE DE
FONDS
MERCI A JACQUES ET A L'EQUIPE INTER
Rapport introductif de Jacques Fath sur les enjeux de la situation
internationale
Rapport prononcé devant le Conseil national
des 4 et 5 septembre 2011.
Quand les peuples n'acceptent plus
Sur la situation internationale aujourd’hui
Un fait majeur domine aujourd’hui : les peuples ne supportent plus les politiques qu’on leur
impose. Les soulèvements du monde arabe, les révoltes qui grondent dans quelques pays d’Afrique, le développement de luttes et de mouvements citoyens et indignés en Europe, la recherche de vrais
changements en Amérique latine… Tout cela témoigne d’une montée diversifiée mais très forte d’exigences sociales et politiques, d’une aspiration à des changements politiques véritables. Nous
vivons la reconstitution d’un potentiel d’émancipation.
Mesurons le sens de ces mouvements qui changent la donne par pays et sur le plan international. Voyons
aussi leurs limites. Dans le monde arabe, Washington et ses alliés choisissent de s’adapter et de faire front. En Tunisie et en Egypte les forces de la réaction en convergence, parfois, avec les
Frères musulmans, ne veulent pas lâcher prise, au contraire. Mais la pression populaire reste importante contre des régimes à bout de souffle, incapables d’offrir un avenir à leur peuple. C'est
un basculement de l'histoire politique du monde arabe. Les femmes y tiennent une place particulière. Les organisations de la mouvance de l’islamisme politique cherchent à bénéficier de ce
mouvement même si elles n’ont pas joué, pour l’essentiel, de rôle décisif dans les soulèvements.
Dans ces confrontations de haut niveau, marquées par des contextes économiques et sociaux difficiles,
par le chômage et la pauvreté, par des risques de divisions, les peuples jouent un rôle essentiel en réussissant des mobilisations considérables et des formes de politisation nouvelles. Ils
disent que le changement est possible.
L’exigence de dignité, l’irrépressible besoin de démocratie, de justice sociale et de souveraineté, la
volonté d’unité cherchent à s’imposer, souvent contre une répression féroce, comme en Syrie.
En Amérique latine la gauche et les progressistes - qui ont permis de vraies avancées - cherchent
maintenant les conditions de transformations sociales, de droits nouveaux et de projet nationaux de développement dans des contextes où le néo-libéralisme et la stratégie des Etats-Unis pèsent
toujours.
Ce monde arabe en révolution, cette montée de luttes dans plusieurs régions du monde donnent une grande
responsabilité aux communistes et aux progressistes en France mais aussi en Europe. Et singulièrement au Parti de la Gauche européenne.
Les politiques européennes, celles des principales puissances occidentales et des institutions
financières constituent une cause essentielle de la crise qui frappe le monde arabe et l’ensemble des pays ayant conclu des accords avec l’UE. Les 5 pays d’Afrique de l’Est touchés par la famine
sont d’ailleurs tous membres d’un partenariat avec l’Union européenne (UE/ACP), fondé en 1975 sur l’ambition de la coopération pour le développement. On voit ce qu’il en est 36 ans
après !
Les accords d’association avec les Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, le partenariat avec les
pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), avec les Pays d’Amérique latine… tous ces projets de coopération, que les pays de l’Union ont établis en zones de libre échange, ont
directement contribué aux politiques anti-sociales mises en œuvre dans le monde arabe, en Afrique subsaharienne, en Amérique du Sud : pressions sur les budgets sociaux et sur les salaires au
nom de la compétitivité, privatisations et libéralisations, alignement ou surenchères sur les règles de l’OMC… ces politiques ont accompagné les directives néo-libérales d’ajustement structurel
et les conditionnalités du FMI, l’étranglement financier par la dette en particulier dans les décennies 80/90. Elles ont créé les impasses politiques et sociales d’aujourd’hui sans répondre aux
besoins du développement. Elles se heurtent à une double limite : elles sont de plus en plus rejetées par les peuples. Elles produisent aussi un tel niveau de contradictions et de problèmes
qu’elles en deviennent de plus en plus ingérables.
L’Union européenne - comme la France - fut prise de court par les révolutions arabes alors que l’Union
pour la Méditerranée, qui aurait dû constituer un fleuron de la politique de coopération européenne, est déjà dans un échec manifeste : ni la paix et la stabilité commune, ni la prospérité
partagée, et encore moins le partenariat social prévus ne voient un début de réalisation. Cet échec est aggravé par l’incapacité - ou le refus - des pays de l’UE à contribuer concrètement à un
règlement de la question de Palestine. La responsabilité de l’UE dans les crises et les impasses du monde arabe est considérable.
Vous le savez, les politiques de force et les guerres furent hier au cœur des prétentions stratégiques
de G.W. Bush. Elles restent les réponses néo-impériales privilégiées des pays de l’Alliance atlantique et du monde capitaliste face à des crises et des enjeux politiques et stratégiques majeurs
comme l’accès à l’énergie et aux ressources.
L’Irak (La guerre engagée en 2003 a entraîné la mort de 110 000 civils, de 4500 soldats américains, +
32000 soldats US blessés, et 3 millions de réfugiés et déplacés.) est aujourd’hui déstructuré, politiquement divisé dans un système de pouvoir confessionnel. Sa reconstruction s’avère chaotique
et la sécurité s’y révèle aléatoire.
En Afghanistan (La guerre engagée en 2001 a entraîné la mort de 15 000 civils, de 1700 soldats
américains, 2600 pour la coalition dont 74 français, + 11000 soldats US blessés.), la guerre de l’OTAN n’a fait qu’élargir et radicaliser une rébellion islamo-nationaliste diversifiée. Une grande
partie de la population considère les troupes étrangères de la coalition, sous direction de Washington, comme des forces d’occupation. Et celles-ci n’apportent ni la sécurité, ni la moindre
reconstruction crédible de ce pays dévasté. Malgré l’exécution de Ben Laden, après 10 ans d’enlisement militaire, c’est un échec stratégique pour l’OTAN et pour les Etats Unis incapables de
contrôler le pays et obligés d’annoncer un calendrier de retrait malgré la faiblesse du régime d’Hamid Karzaï. En sachant très bien que les Talibans ont toutes les chances de revenir au pouvoir
après ce retrait. La faillite est telle, 10 ans après le 11 septembre, qu’elle a conduit l’ancien chef d’état major français, le général Bentegeat, à déclarer le 8 juin dernier que cette guerre
pose «une question à laquelle personne aujourd’hui n’est capable de répondre: qu’allons nous faire maintenant ?». Ce qui donne raison à une opinion française profondément opposée à cette
guerre.
En Libye, (aucun bilan des victimes connu.) après la chute du régime de Kadhafi, qui est un véritable
bienfait pour le peuple libyen et pour ses voisins tunisiens, quelques questions se posent. Le colonel français Michel Goya, 3 jours après seulement le vote de la résolution 1973 du Conseil de
sécurité, autorisant «toutes les mesures nécessaires» pour la protection des civils, a exprimé l'objectif réel des opérations militaires.
Ce colonel, Directeur d’études à l’Institut de recherches stratégiques de l’Ecole militaire, déclare en
effet sur RFI le 21 mars dernier : «On est dans la situation stratégique d’un directoire entre américains, britanniques et français (…). La meilleure façon d’empêcher la population de
souffrir c’est encore d’abattre le régime de Kadhafi (..). In fine, la chute du régime est l’objectif réel de cette opération même s’il n’est pas avoué. Il y a eu des frappes sur le bunker de
Kadhafi. On a essayé d’éliminer directement Kadhafi». Le Colonel Goya, ce haut cadre de la grande muette, parle beaucoup. Il révèle ainsi un mensonge d’Etats.
La guerre civile inter-libyenne a révélé les faiblesses et les divisions de la rébellion: une force très
composite – avec des éléments préoccupants de l'islamisme politique – mais globalement pro-occidentale. Cette guerre a fait aussi ressurgir les contradictions des pays de l’OTAN et de l’UE dont
une majorité a refusé de participer aux opérations militaires. L’Allemagne est restée à l’écart. La Norvège et l’Italie ont fini par retirer leurs forces. Les Pays de l’UE ont montré une fois
encore leur incapacité à définir une politique étrangère et de sécurité commune positive et indépendante de Washington.
Barak Obama a laissé la France et la Grande-Bretagne – sous direction de l’OTAN – prendre une part
substantielle dans cette nouvelle confrontation poussée par N. Sarkozy et destinée à installer un régime plus occidentalo-compatible, capable de mieux garantir les intérêts pétroliers et
politiques de la France et des puissances dominantes.
Les Etats-Unis ont maintenant deux préoccupations internationales principales: le recul relatif de la
puissance américaine, notamment face aux coûts exorbitants de leurs engagements à l’extérieur, face à l’émergence de nouveaux acteurs et de nouvelles puissances, comme la Chine, mais aussi la
gestion des conséquences stratégiques et politique des révolutions arabes. Un Proche-Orient plus démocratique, en effet, sera certainement moins favorable aux politiques américaine et
israélienne.
Malgré une puissance inégalée les Etats-Unis ne maîtrisent plus les relations internationales à leur
guise. Au nom d’une prétendue guerre contre le terrorisme et au prix d’un recul des libertés à l’intérieur, ils ont engagé en Irak et en Afghanistan des guerres d’intérêt stratégique et
d’affirmation de leur suprématie, qui se traduisent finalement par deux revers flagrants, signes d’une reconfiguration des rapports de forces et des relations internationales.
On voit donc comment la crise systémique et les politiques d’austérité ont délégitimé les modes de
gestion néo-libéraux. On voit comment les guerres, leurs résultats, leurs forfaitures ont délégitimé les logiques de forces de l’OTAN et des Etats-Unis. Le capitalisme, ses règles et les
stratégies de puissance qu’il alimente ont atteint des limites et des impasses. On voit la montée en puissance de la Chine et d'autres émergences qui transforment le monde. L’hégémonie
occidentale dans l’histoire du capitalisme et des rapports de puissance est en cause. Dans ce basculement de l'histoire le capitalisme lui-même est en question.
De grandes problématiques de civilisation et des tragédies sociales s’imposent comme des défis
collectifs: famine gravissime en Afrique, pauvreté et inégalités massives, sous-développement, chômage et exclusions, catastrophes naturelles, conflits armés, émigrations contraintes…On sait que
1,4 milliard d’habitants survivent sous le seuil de l’extrême pauvreté, soit moins de 1,25 dollar par jour. Les progrès réalisés en Amérique latine et en Asie de l’Est montrent qu’il n’y a pas de
fatalité. Il reste que les Objectifs du Millénaire pour le développement adoptés en 2000 sous l’égide de l’ONU, et qui fixent des niveaux minimum de droits sociaux pour les pays les moins
avancés, ne seront pas atteints à l’horizon prévu de 2015. Non seulement les Etats et les classes dirigeantes, responsables de la situation, n’apportent évidemment pas les réponses mais une crise
institutionnelle révèle et accentue la gravité de cette situation: l’OTAN, l’OMC mais aussi l’Union européenne elle-même, le Conseil de sécurité, le Quartet pour le Proche-Orient et même le G20…
les cadres de concertation et de décision des principales puissances sont de plus en plus souvent en difficulté, dans une carence démocratique béante alors que le besoin de coopérations et
d’institutions internationales s’affirme comme jamais. Le dépassement du système institutionnel issu de la 2ème guerre mondiale s’impose avec force.
Dans ce monde bouleversé, dans ce contexte de guerre sociale contre les peuples, d'émeutes de la
jeunesse, de crise exacerbée, de reconfiguration des rapports de force et d’épuisements stratégiques… la montée des résistances et des mouvements populaires ouvre un espoir et appelle plus que
jamais à la construction politique d’alternatives, de coopérations et de solidarités.
Sur la politique internationale de la France
Nicolas Sarkozy avait annoncé une «rupture» en politique étrangère. Il a en effet donné le coup de grâce
à ce qui restait de la capacité de la France à jouer un rôle original dans le monde : réintégration complète de la France dans l’organisation militaire de l’OTAN ; intégration dans les
zones de guerre américaine avec l’installation d’une base française dans le Golfe arabo-persique et le renforcement militaire en Afghanistan ; initiative de la guerre en Libye et, très
récemment, menace directe d'une intervention militaire contre l'Iran. Cette rupture atlantiste s’est accompagnée d’un soutien sans précédent à Israël. Nicolas Sarkozy souffre d'une addiction à la
guerre. Il paraît que ça se soigne...politiquement, naturellement.
Parallèlement, le rapport de type néo-colonial a perduré avec le continent africain. La prétention de
faire la leçon démocratique aux Africains n’a pas survécue au lamentable et arrogant discours de Dakar, mais le soutien aux régimes autoritaires et corrompus, la bénédiction accordée aux
élections manipulées au Togo, au Gabon, en Guinée équatoriale, en Mauritanie, au Tchad, au Burkina…etc… tout cela a bel et bien continué dans le respect des traditions… et des intérêts bien
compris des multinationales et du patronat français. Et pendant ce temps les moyens de l’aide publique au développement restent très en deçà des engagements pris. Tout ceci a réellement dégradé
l''image de la France en Afrique.
François Fillon est allé en Côte d’ivoire en juillet, pour tirer les dividendes de la politique
française qui a poussé à une confrontation militaire destructrice au nom d'un scrutin au résultat incertain. Le pays en est sorti profondément divisé. Nous n'avons soutenu ni Gbagbo, ni Ouattara.
Le Premier ministre français, lui, se permet de plastronner à Abidjan au côté d’Alassane Ouattara et de ceux que les autorités françaises ont choisi d’installer au gouvernement par la force. La
Françafrique avec ses aventures militaires et avec - là aussi - ses mensonges d’Etat n’est pas morte.
Ce rôle néo-colonial ne peut cependant faire illusion. La France s’affaiblit. L’esprit général du
sarkozysme, au départ, était de lui conserver son rang parmi les principales puissances dans un rapport privilégié aux Etats-Unis au sein de ce que Nicolas Sarkozy appelle «la famille
occidentale». Mais l’exercice bling-bling et décomplexé d’une présidence sur le modèle néo-conservateur et réactionnaire de Georges W. Bush n’a pas pu durer dans ce monde de crises et d’enjeux de
très haut niveau.
Après avoir reçu Kadhafi fin 2007 et Assad en 2008 à Paris, les autorités françaises se sont
discréditées par leur soutien jusqu’au bout aux dictatures de Ben Ali et de Moubarak. La France des droits de l'Homme a rarement défendu autant de dictateurs à la fois... La politique française
dans le monde arabe est un fiasco. Mais c’est aussi le refus de véritables initiatives au Proche-Orient, cette inaction coupable, qui déconsidère la France, alors que l’urgence est là, tellement
évidente du fait de la poursuite ininterrompue de la colonisation israélienne qui rend d’autant plus difficile la réalisation d’une solution fondée sur l’édification d’un Etat palestinien
indépendant à côté de l’Etat d’Israël.
Cette situation consternante nous a conduit à prendre nos responsabilités. Nous sommes engagés
activement dans plusieurs campagnes : sanctions, boycott des produits des colonies et de tout ce qui nourrit la colonisation, Flottille contre le blocus de Gaza...Aujourd'hui la priorité est
à la bataille pour la reconnaissance de l'Etat de Palestine.
Un Etat palestinien? Tout le monde en parle mais la situation a rarement été aussi grave. Les autorités
françaises comme l’Union européenne, comme Obama, renvoient sans cesse dos à dos Israéliens et Palestiniens et répètent qu’ils se doivent de négocier entre eux… Non ! La solution ne peut
venir d’un simple arrangement ou compromis israélo-palestinien. Elle doit être le fruit du multilatéralisme et de l'application du droit international… Mais rien n’est entrepris pour contraindre
Israël - dont le gouvernement est aujourd’hui dominé par l’extrême-droite – au respect du droit et des résolutions de l’ONU.
Nicolas Sarkozy est sans initiative au Proche-Orient mais il prétend faire jouer à la France une
partition de premier plan avec l’OTAN en Afghanistan et en Libye notamment. Cet engagement diplomatique et militaire français est un révélateur. Il montre des autorités françaises dont
l’empressement pour le droit et pour les valeurs démocratiques est pour le moins à géométrie variable.
Les guerres françaises ont d’ailleurs un coût exorbitant : 1,2 millions d’euros par jour pour la
Libye. La même chose pour l’Afghanistan. Et pour quelles conséquences ? Quelles solutions véritables et durables aux problèmes politiques et sociaux des peuples concernés ? En vérité,
ces interventions militaires posent un triple problème : celui de leur légitimité politique, celui de leur coût et celui de leur résultats.
Le général Vincent Desportes (qui a beaucoup fait parler de lui) s'inquiète et parle d’une «divergence
de plus en plus marquée - en Irak, en Afghanistan, et en Libye peut-être demain - entre la puissance militaire théorique des Etats occidentaux et leur capacité à produire de l’efficacité
technique puis politique. (…) Les Etats occidentaux voient ainsi disparaître progressivement un de leurs avantages comparatifs essentiels: leur capacité à imposer leur volonté, donc leurs visions
et leurs valeurs par la force…» (Le Figaro du 08.07.11). En réalité, ce problème, aggravé par la crise et les budgets d’austérité, est posé pour tous les pays occidentaux et pour l’OTAN
elle-même.
C’est une impasse politique et budgétaire. Celle-ci, pourtant, ne conduit à une mise en question ni du
choix de la guerre et des interventions militaires, ni des dépenses de défense et de la nouvelle forme de course aux armements dont le coût est élevé notamment parce qu’elle porte beaucoup sur la
modernisation et la sophistication des armes et les hautes technologies. Les militaires ne sont d’ailleurs pas les seuls - ni en France, ni ailleurs - à craindre que les budgets Défense puissent
être subordonnés à des logiques budgétaires en retrait. Ce qui domine, pourtant, c’est une volonté d’augmentation des dépenses, de fuite en avant dans les stratégies de puissance offensives et
les interventions à l’extérieur comme le dernier sommet de l’OTAN l’a montré. Et comme N. Sarkozy ne cesse d'en rappeler, selon lui, la nécessité.
Ce choix, nous le combattons. Le Général Vincent Desportes, lui, s’inquiète que «dans un univers
probablement plus dangereux demain qu’il ne l’est aujourd’hui», on pourrait accepter «le déclassement stratégique du monde occidental et, partant, l’effacement de nos valeurs».
Alors, posons la question: n’y-a-t-il qu’un seul moyen - la guerre et la force - pour assurer la
promotion de certaines valeurs ? Et lesquelles ? Cet impératif des valeurs - régulièrement invoqué par N. Sarkozy qui instrumentalise le patriotisme - ne doit pas masquer le débat de fond sur la
nature des choix politiques effectués. Ce débat doit avoir lieu. Les réponses militaires et sécuritaires dans les crises d’aujourd’hui conduisent en effet à de véritables désastres humains,
sociaux et politiques. L’expulsion massive d’immigrés, comme celle des Roms, montre aussi qu’on est bien loin des droits de l’Homme et de l’humanisme en politique…
Le débat doit porter aussi sur cet autre problème essentiel qu’est la crispation française sur la force
nucléaire et la dissuasion. L’arme nucléaire ne joue plus le même rôle structurant qu’elle jouait au temps de la confrontation Est/Ouest. L’idée même de son élimination (c’est notre objectif) a
progressé, y compris aux Etats-Unis où Barak Obama, en 2009, en avait fait une sorte de perspective de principe. Dans le contexte actuel, cette option Obama, a perdu sa crédibilité mais l’idée
ainsi avancée favorise plutôt les batailles nécessaires. Nous sommes pour une démilitarisation des relations internationales, pour la baisse des dépenses militaires, pour le désarmement
concernant le nucléaire et tous les types d’armement… alors que la France choisit le nucléaire, son maintien et sa modernisation - y compris en coopération avec la Grande-Bretagne - comme moyen
d’une affirmation de puissance.
Contrairement à ce qui se dit et s’écrit souvent, il n’y a pas de consensus national sur le nucléaire et
la dissuasion. Notre parti agit, en effet, pour que la France contribue activement à un processus de désarmement nucléaire sur le plan international ainsi qu’à la non-prolifération. Avec ses
partenaires européens, elle doit, dans le même mouvement, agir pour le règlement des conflits et des crises intimement liés à l’enjeu nucléaire, qu’il s’agisse d’Israël, de l’Iran, et plus
généralement du Moyen-Orient et de l’Asie. Les enjeux de la sécurité internationale ne se divisent pas.
On a vu, par ailleurs, comment l’Allemagne - candidate au titre de membre permanent
du Conseil de sécurité - a été très critiquée pour son refus – fruit de problèmes internes - de participer aux opérations militaires en Libye, comme si l’exercice d’une responsabilité
internationale était le privilège de ceux qui décident la guerre et qui la font. Cette conception
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