WOERTH ET LA RAISON DES PRIVILEGIES

Publié le 31 Août 2010

 

L' Age de raison d'après Woerth.* Article paru dans le Figaro du 31 Aout 2010

62 ans serait l'âge de raison pour prendre sa retraite selon le ministre du travail Eric Woerth.

Ainsi il serait raisonnable de prendre sa retraite à 62 ans et déraisonnable de la prendre avant. Bref, de s'accrocher à la retraite à 60 ans comme âge où l'on peut faire valoir ses droits à quitter le travail pour une autre vie.

La raison de Monsieur Woerth n'est pas la raison de Monsieur "Untel" ou de Madame "Unetelle" qui ont travaillé toute leur vie, cotisé pour;  et qui ont rêvé durant tout ce temps de travail d'une autre vie après et le temps de la vivre pleinement.

La raison de Monsieur Woerth est  une "déraison" pour ceux qui vont subir les conséquences dures d'une vie précaire jusqu'à parfois 70 ans pour enfin pouvoir respirer et vivre.

Il y a d'autres raisons que celles du Ministre du travail: la raison des jeunes arrivés à l'âge de raison  et dont on leur dit de raisonner plutôt en terme d'emplois précaires, de chômage, d'attentes dans les files des agences du Pool emploi. Il y a la raison de l'usure au travail, des travaux pénibles, des femmes pour raison de maternité, pour les accidentés du travail etc.

Mais Il y a pour Monsieur Woerth la raison du plus fort, de celui domine et qui impose:  le patronat. Il ne veut plus cotiser pour les retraites, il exige le retardement de l'âge de la retraite à un âge de raison à lui: " l'âge canonique".

Il y a la raison de l'assureur privé qui piaffe d'impatience de contrat individuels à faire et que le futur client part le plus tard possible pour qu'il engrange la pactole en fonction des versements plus ou moins raisonnables de assurés.

Il y a la raison de Monsieur Kessler, PDG assureur, qui déraisonne et déraille en termes de suppression de la sécurité sociale inventée par les communistes à la libération.

Il y a le raison du capital face l'inraisonnable  monde du travail qui veut sauvegarder à tout prix  une conquête sociale dépassée et archaïque pour celui qui a toutes les raisons de profiter alors de dividendes à venir.

Et puis la raison de Monsieur Woerth nous amène à la déraison paroxystique, celle de vouloir s'accaparer de l'argent, tout l'argent, indispensable au capital pour regarnir en ce moment les coffres forts de ses amis.

Et puis sachons raisonner en "mathématicien":  les comptes, les courbes, les diagrammes avec la démographie et le vieillissement qui n'en finissent plus de dévorer la retraite à 60 ans.  Elle cavale la déraison vers des âges déraisonnables de la vie:  déraisonnable de vivre trop vieux, déraisonnable de se prélacer dans la vie de retraités pendant des décennies, déraisonnable de se cultiver, d'avoir le temps de faire son jardin, de fleurir son balcon.

 La raisonnabilité de l'idéologie dominante qui hante Woerth, c'est celle où l'on tue les seniors au boulot ou au chômage entre 60 et 70 ans et que peu franchissent alors la ligne d'arrivée du contrat d'assurance des compagnies d'assurances.

Et puis il y a la raison de l'irraisonné, de l'inconscient, celui qui nous submerge à un moment donné de notre existence, celui de garder toute sa tête et de la mettre en marche pour une autre vie en dehors du travail.

Un irraisonnable devenant raisonné  et revendiqué par la force de l'idée et de faire en sorte que les sciences et les techniques réduisent la quantité de travail humain pour répondre au besoin de vivre et que cette réduction du temps de travail soit partagée entre une longue période de formation et d'émancipation de la jeunesse, une période de travail partagé et une longue période de vie nouvelle hors travail et non  quelques années raisonnables pour attendre la mort dans un asile pour vieux.

Bref une vie communiste.

La retraite à 60 ans est une idée communiste.

Soyez raisonnable Monsieur Woerth, ne pensez plus à la raison d'état, à la raison du profit, à la raison du plus riche et à la raison du pot de fer contre le pot de terre.

Raisonnez le 7 septembre au soir et que raisonne non le son du COR* et de l'hallali des retraites mais de la chanson de Ferrat : La montagne avec  le bon vin, l'horrible piquette qui faisait des centenaires.

 

Bernard LAMIRAND


* COR (Conseil d'orientation des retraites et les accoucheurs de la retraite pour les morts de demain)

 

Rédigé par aragon 43

Publié dans #politique

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R
<br /> <br /> Le 7 septembre, c'est la raison qui sonne en son cratère. Tant pis pour les sourds !<br /> <br /> <br /> <br />
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