SALAIRES UNE CONTRIBUTION DE THIERRY LEPAON
Publié le 21 Mai 2012
Cet article de mon camarade Thierry, sorti le 6 mai dans l'Humanité, mérite d'être repris et développé auprès des travailleurs et au moment où s'engagera les discussions sur les salaires et
en particulier le niveau du Smic.
On parle de croissance, c'est bien, mais laquelle, celle qui consisterait à quelques pichenettes où celle qui s'établie sur une autre répartition des richesses et considérant comme le dit Thiérry qu'il faut cesser de considérer le prix de la force de travail comme un coût.
L'accord que vient de signer IG Métal démontre que cette voie de l'élévation du prix de la force de travail est garant de croissance et d'emploi.
Certains vont encore dire que c'est impossible et que les entreprises n'ont pas l'aargent pour le faire: c'est faux, elle ont de l'argent et elle préfère alimenter les actionnaires plutôt que ceux qui créaient les richesses.
Hollande ne pourra pas longtemps nous tenir le discours de la croissance sans dire ce qu'elle sera.Elle sera que si celui-ci décide de porter le SMIC à 1700 euros.
Bernard LAMIRAND
Voici le texte de Thiérry Lepaon:
l'Humanité des débats 6 mai 2012
Il est urgent d’augmenter les salaires et de reconnaître enfin le travail et sa valeur
Mots clés : travail, salaire, présidentielle 2012, 6 mai 2012,
Par Thierry Lepaon, Membre de la CE confédérale de la CGT, Président du groupe CGT au Conseil économique, social et environnemental.
En dix ans, le vivre ensemble a été maltraité par le président, sa politique et ses équipes. L’arme de la division a marqué les esprits et les comportements.
Cette question est donc essentielle. Elle nécessite une volonté qui doit se transformer en véritable mot d’ordre national. Les attentes sont immenses, les chantiers innombrables. Les réponses sont structurelles pour certaines, conjoncturelles pour d’autres dans une France et une Europe qui souffrent des politiques d’austérité. D’ailleurs, le deuxième tour de l’élection présidentielle s’est déroulé le même jour que les élections législatives en Grèce. J’y vois plus qu’une coïncidence, c’est un signal !
Il y a d’abord les urgences ! Il faut augmenter les salaires et reconnaître enfin le travail et sa valeur. C’est la condition d’un changement durable et en profondeur. Chacune et chacun doit pouvoir vivre dignement de son travail, de son activité professionnelle, de son salaire. Nous devons sortir des illusions du « travailler plus pour gagner plus » qui, de fait, a dévalorisé la valeur travail.
Depuis 2007, le Smic horaire n’a augmenté que de 78 centimes d’euro. L’augmentation du salaire minimum ne suffira cependant pas pour sortir notre pays de la crise qu’il traverse, même si cette augmentation est nécessaire pour aller vers plus de justice sociale.
Dans nombre d’entreprises, les négociations annuelles obligatoires sont vécues par les employeurs comme une formalité, un mauvais passage à vivre ! Là où elles existent, ces négociations n’ont qu’un objectif : faire baisser ou maintenir un paiement du travail en dessous de la rémunération du capital. Là où elles n’existent pas, c’est l’employeur qui fixe seul l’évolution de la rémunération dans un contexte où le choix ultime pour le salarié se résume entre garder son emploi mal payé ou être licencié. Il faut rompre avec l’idée que le travail est un coût, c’est sa valorisation qui doit permettre non seulement de vivre mais également de mettre un terme à la spéculation financière.
Cette question de l’augmentation du salaire et des pensions permettra, grâce aux contributions et aux cotisations, de relever les minima sociaux. Là, nous ne sommes plus seulement dans l’urgence, nous touchons à la dignité de la personne humaine. Enfin, il faut mettre un butoir à la rémunération excessive des dirigeants. Elle doit se situer dans la limite des augmentations générales pour les personnels.
Il est urgent également de donner un sens nouveau à la négociation interprofessionnelle. Là aussi, il faut sortir du formalisme. Chaque partie doit assumer ses responsabilités. La qualité et l’efficacité du dialogue social ne sont pas les mêmes dans un pays où règne le plein-emploi que dans un pays qui compte 10 % de chômeurs.
L’État ne peut plus simplement se tourner vers les organisations syndicales de salariés et d’employeurs et commenter les résultats. L’autonomie de la négociation n’a de sens qu’en présence d’un État stratège protégeant les plus faibles. C’est le rôle de l’État que de définir le socle commun, de créer les cadres juridiques permettant le développement de l’appareil de production, la création de richesses, quelques éléments de partage de la valeur ajoutée et la redistribution.
Dans le cadre d’un État stratège, c’est donc l’espoir de retrouver une nouvelle dimension pour le développement industriel, les services publics, l’aménagement du territoire, l’emploi, la réduction drastique des inégalités de revenu et de patrimoine.
Cette campagne pour l’élection présidentielle et celle qui s’ouvre pour les législatives auront un point commun : la présence des questions sociales dans une période de chômage et de précarité. Les premières mesures pour l’emploi seront déterminantes. Elles doivent se situer d’une part dans le cadre d’une politique de croissance, d’autre part avec un véritable service public de l’emploi, de l’orientation et de la formation.
L’acte 3 de la décentralisation devra certes permettre d’établir une nouvelle relation entre l’État et les régions, les territoires, mais dans le cadre d’une cohérence nationale. Les attentes sont nombreuses et les choix cruciaux ! Le syndicalisme doit y prendre toute sa place et ne pas attendre.
Il doit contribuer à briser le cercle des politiques de récession partout en France et en Europe, élargir le front du refus pour sortir de l’impasse et faire naître un nouvel espoir, celui de vivre mieux tout simplement.
Thierry Lepaon