SALAIRES CONTRE ACTION ET BONUS
Publié le 12 Mars 2010
Ils étaient tous là à attendre que le suzerain banquier leur donne quelques bons morceaux du gibier abattu lors de cette chasse à courre pour les seigneurs de la finance qui ont ainsi pu ainsi tirer les meilleurs pièces du CAC 40 en cette année 2009 : 50 milliards de profits à se partager dans cette curée où même pas les bas morceaux ont été distribués aux pauvres et aux malades.
50 milliards amassés sur le dos du monde du travail.
La distribution des prix a donc eu lieu ces jours-ci et chaque trader a reçu sa juste part du butin; ils appellent cela le "bonus day".
Toutes les banques françaises annoncent des bonus et des dividendes pendant que les travailleurs et les retraités tirent la langue devant les mesures d'austérité qui pleuvent sur eux.
Hier nous apprenions que la distribution des prix du CAC 40 offrait aux actionnaires plus de 37 milliards de dividendes et maintenant, après avoir pris leur part, les actionnaires du CAC 40 distribuent les autres morceaux à leurs féaux traders.
Plus de 8.000 traders des banques françaises se partageront 1,8 milliard d'euros de bonus.
Chez BNP-Paribas 1 milliards d'euros dont 500 millions seront versés dès cette année. C'est donc deux fois plus que la Société Générale.
Et le plus gros bonus avoisinerait 10 millions d'euros.
En moyenne, les traders toucheront un bonus au comptant de 125.000 euros au titre de l'année 2009, qui s'ajoute à leur salaire fixe. Aux 125.000 euros comptant, s'ajoute un montant différé et
conditionnel du même montant, payable en 3 fois sur les prochains exercices. Soit 250.000 euros.
Et pendant ce temps là, dans les entreprises, dans les services, les travailleurs qui réclament de la rallonge se font "envoyé aux roses" sous prétexte que la concurrence, la crise, les charges sociales affectent les bilans et que les contraintes du marché obligent à réduire le coût du travail.
La contradiction entre la rémunération du capital et celle du travail est au cœur de l'enjeu actuel à condition de ne pas être pris par l'accompagnement social auquel s'évertue le capitalisme en nous faisant croire que nous sommes tous sur le même bateau.
C'est donc l'enjeu de classe actuel.
Cela fait partie d'une formidable bataille d'idée à engager pour que le prix de la force de travail supplante la ponction du capital.
C'est pourquoi, hier, dans un autre article, j'ai parlé de réduire les coûts du capital, qui pèse sur la société et des coûts qu'il faut même faire disparaitre tels les dividendes qui devraient être nuls en période de crise.
De nombreuses luttes éclatent en ce moment sur les salaires et les qualifications; c'est nouveau, il faut s'en féliciter car depuis les années 80 des plans de rigueur dus aux socialistes, le prix de la force de travail a été constamment remis en cause autant par des gouvernements de droite que de gauche.
Le 23 mars nous dira si la mayonnaise prend et si cette mobilisation sur les salaires en particulier va faire des petits, un peu partout, avec dépôts des cahiers de revendication.
Je l'ai déjà dit, je n'attends pas grand-chose d'une grève générale en ce moment, j'attends plutôt des syndicats qu'ils créent les conditions de luttes en bas sur le vrai débat: celui des salaires qui conditionnent les autres revendications telles l'emploi, les conditions de travail et les retraites.
Je suis persuadé que si la CGT travaille à fond cette question des salaires tant dans le secteur public que dans celui du privé, nous reprendrons l'offensive sur l'ensemble des droits sociaux et d'un nouveau développement de notre industrie.
23 Mars, journée de débats et de dépôts des cahier de revendications salariales, ensemble et dans l'unité dans chaque lieu de travail, cela aurait de la gueule.
Bernard LAMIRAND