RETRAITES LES COUPS BAS SE PREPARENT
Publié le 18 Février 2013
RETRAITES LES COUPS BAS SE PREPARENT
Ceux qui pensaient qu’avec la réforme Fillion de 2010 nous étions au bout du tunnel peuvent légitimement se dire qu’ils ont été roulés dans la farine et qu’il fallait croire ce que disait la CGT que cette réforme ne réglait en rien le problème du devenir des retraites et par extension l’ensemble du problème de la protection sociale de ce pays.
La preuve vient d’être apportée par ce gouvernement qui s’apprête à aller encore plus loin que le gouvernement précédent de droite, qui, manifestement, avait été freiné par le considérable mouvement de masse de 2010 ou des millions de personnes se sont opposés à des décisions encore plus drastiques que voulaient prendre Sarkozy et consorts.
Nous sommes à la veille d’un reniement fondamental du président de la République concernant la Sécurité sociale sous le prétexte de diminuer les dettes par un traitement visant à tailler dans les prestations sociales.
Il prend prétexte du diagnostic du COR indiquant un déficit de près de vingt milliards à l’horizon de 2020 sur les retraites.
Celui-ci, prudent, indique qu’il y avait plusieurs manières de réduire ce déficit prévisible provenant essentiellement de l’accroissement du chômage et de la précarité de l’emploi qui plombe les rentrées financières du régime général de retraites de la Sécurité sociale.
Ces manques de recettes venant surtout des mesures d’austérité qui détruisent l’emploi, le rendent toujours plus précaire, amenant à une masse salariale plus basse encore que prévu.
Le Conseil d’orientation des retraites suggérant que plusieurs possibilités peuvent être mises en débat pour réduire cette situation : l’allongement de l’âge de la retraite, la diminution des prestations retraites, l’augmentation des cotisations sociales ou par la fiscalisation.
Depuis quelques jours ce rapport est sur la place publique, il est utilisé par l’idéologie dominante pour ne mettre en évidence que deux solutions : celle qui n’a pas marché concernant l’augmentation de l’âge de la retraite et celle, nouvelle, de bloquer, voir de réduire les prestations retraites pour ne parler que du régime des retraites.
Je rappelle à ce sujet qu’en 1993, Balladur, alors premier ministre, avait mis un terme à la revalorisation des retraites par rapport à l’évolution du salaire moyen des ouvriers pour passer à une revalorisation en fonction des prix assorti d’un calcul des retraites sur 25 meilleures années au lieu des 10 années.
Les bruits lancés depuis quelques jours, pour des raisons évidentes, celles de créer un choc, visent à préparer les français à accepter de nouvelles décisions qui mettront en cause l’édifice déjà branlant par les mesures précédentes et qui écrouleront le système français né de 1945, du Conseil National de la résistance et d’un ministre communiste Ambroise Croizat qui le mis en place comme la plus grande conquête sociale que jamais les travailleurs n’avaient obtenu.
Nous apprenons ainsi que le gouvernement s’apprête à toucher à deux fondements de la Sécurité Sociale : les prestations retraites, les allocations familiales.
Concernant les prestations retraites, il s’agit de ne plus les revaloriser par rapport à l’augmentation des prix ( rappel la droite avait défait la revalorisation par rapport aux salaires en 1993), le gouvernement s’appuierait sur les discussions actuelles des retraites complémentaires où le patronat enfonce le fer pour ne plus revaloriser celles-ci par rapport au prix mais de les réduire d’un point chaque année. Le Medef en faisant un cheval de bataille pour que cela déteint sur le régime général de la Sécurité Sociale dont le gouvernement doit décider du principe d’une revalorisation au 1er avril.
L’idée, face à la crise engendrée par le libéralisme, par les mesures d’austérité du gouvernement précédent relayées par l’actuel, étant de faire payer la note en touchant les prestations retraites du régime général et des régimes complémentaires tout en écartant pas un nouvel allongement de l’âge de la retraite qui pourrait porter celle-ci à 65 ans et à 67 ans pour le taux plein, c'est-à-dire en ayant le nombre d’années de cotisations nécessaires pour ne pas avoir de décote.
Le gouvernement s’est jeté sur les propositions du Medef comme un chien sur un os à ronger et nous entendons depuis quelques jours la musique s’amplifier de certains ministres comme quoi il faudra demander aux retraités de sacrifier leur pouvoir d’achat déjà malmené depuis des années.
En même temps, vient l’idée de toucher aux allocations familiales . De les imposer comme les revenus salariaux.
Les allocations familiales ont été intégrés à la Sécurité sociale en 1945, l’objectif était une grande politique familiale applicable à tous les français en fonction du nombre d’enfants avec des prestations permettant aux familles d’élever dans de bonnes conditions leurs enfants et d’en faire des citoyens et des travailleurs en capacité de développer le pays, de le sortir du marasme et des destructions de la guerre. Cette politique familiale nous a permis d’avoir la démographie le plus développée des pays européens et de préparer l’avenir, y compris de nos retraites avec le meilleur taux d’actif par rapport aux personnes âgées au niveau de l’Europe actuellement.
Le gouvernement va remettre en cause ainsi cette capacité de la France à préparer l’avenir par l’arrivée de nouvelles générations pour créer demain les richesses nécessaires y compris pour assurer les futures retraites.
Il touche à un aspect fondamentale du renouvellement des générations.
En ponctionnant par l’impôt cette incitation démographique pour l’avenir du pays, il coupera l’équilibre actif retraité et déséquilibrera encore plus le système de protection social français.
Il indique qu’il préservera les allocations familiales pour les plus fragiles, cela ne constitue pas une réponse à une décision qui appauvrira une partie importante des salariés qui ont des revenus plus élevés parce qu’ils sont cadres ou techniciens ou encore parce qu’ils travaillent à deux ce qui est le cas de nombreux travailleurs y compris les ouvriers et les employés.
Ces décisions relèvent d’un abandon social de ce gouvernement qui cède à la pression patronale qui sait que si les solutions qu’elle préconise ne sont pas prises, c’est vers le capital que se dirigera le besoin incontournable du financement.
C’est celui-là qui s’impose et c’est celui-là que le gouvernement s’apprête à ignorer semble t’il quand on entend les déclarations du ministre du budget.
Le gouvernement socialiste fait donc fausse route s’il prend l’itinéraire fléché par le patronat qui entend ne plus payer la part entreprise en cotisations sociales car c’est là son objectif majeur depuis des années.
La Cour des comptes, son président, le socialiste Migaud, qui avait d’ailleurs été désigné par Sarkozy pour diriger cette cour, vient de mordre le trait en prenant position pour ces deux mesures qui viennent heurter de plein fouet les fondamentaux de notre protection sociale. La Cour des comptes a pour mission de vérifier les comptes, elle n’a pas pour mission de choisir une option par rapport à une autre et en l’occurrence de choisir l’option de l’austérité et de remise en cause des droits des retraités. Elle outrepasse son rôle.
Cette cour est une cour aux ordres, aux ordres d’un système préparé pour toucher au prix de la force de travail plutôt qu’au coût du capital.
D’ailleurs, cette cour, vous ne l’entendrez pas indiquer que les vrais privilégiés que sont les actionnaires gagnent de trop et qu’il faut réduire leurs dividendes. Ainsi cette cour aurait très bien pu dire que l’injustice règne entre les revenus du travail et ceux du capital et qu’il faudrait fiscaliser davantage le capital.
Ce ne sera pas le cas pour la raison simple que seuls l’intéresse les revenus du travail et de la retraite à réduire.
Après l’accord sur la compétitivité qui va rendre encore plus précaire l’emploi et les salaires, voilà donc une nouvelle atteinte, aussi grave, celle de l’insécurité sociale qui touchera de plein fouet des familles et des retraités.
Les mesures que le gouvernement instrumentalise actuellement, si elles ne sont pas combattues avec force, entraineront un appauvrissement général du monde du travail, retraités compris, et ce gouvernement portera la responsabilité de ce recul de société pour lequel il n’a pas été élu pour cela.
Si on laisse faire, les retraités actuels en pâtiront mais les actifs actuels et futurs verront non seulement leurs salaires dégringolés et l’emploi davantage se précariser mais aussi l’âge de la retraite se rapprocher des 67 ans et en fin de compte ils recevront au moment de partir de retraites de misère.
Oui, il est temps de montrer à ce gouvernement de quel bois on se chauffe.
Premier rendez-vous le 5 Mars.
Bernard LAMIRAND
Retraité de la Métallurgie