RETRAITES L'IDEOLOGIE DOMINANTE PROSPECTE

Publié le 10 Janvier 2010

RETRAITES : UN SONDAGE POUR LES BESOINS DE LA CAUSE

 

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Les grandes manœuvres sont commencées: un sondage de l'IFOP paru dans le JDD nous informe que les français sont prêts à travailler plus longtemps età accepter le recul de l'âge de leur départ en retraite.

Cela donne l'impression de faire donner l'artillerie lourde de la presse bien pensante avant de donner l'assaut sous les ordres du capitaine Denis Kessler, ennemi juré du système de retraite mis en place à la libération par Ambroise Croizat et le Conseil National de la résistance.

Déjà, dans ses vœux 2010, le chef de l'état français nous avait prévenu que 2010 serait l'année de la réforme des régimes de retraites. Auparavant, il avait demandé au conseil d'orientation des retraites (COR), une étude que le conseil s'est bien gardé d'en révéler la teneur reportant le résultat de ses travaux après les régionales en indiquant cependant qu'il faudra prendre des mesures impopulaires.

En même temps,dans  les promotions de la légion d'honneur 2010 nous trouvons deux pourfendeurs de la sécurité sociale et des retraites par répartition: le vicomte Sellière de la famille des Dewendel, ancien président du Medef qui depuis des années demande la privatisation des retraites, et Denis Kessler ancien vice-président du Medef, assureur privé pour les retraites, et qui exige de mettre fin au compromis de la libération créant la sécurité sociale.

Le sondage de l'IFOP est éloquent.

Les questions sont emmenées.

La presse s'en est emparée en ne retenant que l'écume des flots, c'est-à-dire l'opinion que l'on moud à travers des questions plus ou moins bien ou mal posées.

1ERE QUESTION:

A propos du système de retraites, diriez-vous qu'au cours des dernières années…?

Pas fait vraiment l'objet de réformes                            40%

fait l'objet de réformes allant dans le mauvais sens    40%

Réforme allant dans le bon sens                                    19%

Des interprétations sont possibles. Les français veulent des réformes à 80% si l'on se réfère aux chiffrage du sondage. Mais dedans rien n'est dit sur le genre de réformes: cela peut être pour améliorer le sort des retraités en faisant en sorte que les financements soient assurés par des cotisations nouvelles provenant des employeurs, par exemple.

Le fait, que 19 % disent que cela va dans le bon sens, montre que les décisions des gouvernements successifs remettant en cause les retraites sont jugés imbuvables par près de 80 % : un verdict, une condamnation sans équivoque de ce qui s'est fait contre les retraites.

 

2EME QUESTION:

Personnellement, concernant la garantie de toucher plus tard une retraite satisfaisante par rapport à vos revenus, êtes-vous…?

CONFIANT            24%

PAS CONFIANT    76%

Sur cette question, vu les remises en cause précédentes, les français font preuve de logique. En effet ils vivent depuis des années des reculs en matière de retraites, qu'elles soient concernant la durée de cotisation qui s'allonge ou le niveau des retraites qui recule sans arrêt depuis les décrets Balladur Veil de 1993.

Il ne faut pas être grand clerc pour saisir qu'ils n'ont plus confiance à ces gouvernements sucessifs qui ont sapé leur retraite.

3EME QUESTION

La plus orientée à mon avis.

D'après vous, à quel âge serez-vous contraints de partir à la retraite…?

Moins de 60 ans    8%

De 60 à 65 ans      30%

De 65 à 70 ans      38%    

70 ans et plus       24%

Remarques:

1) Le mot "contraint", (que j'ai mis en caractère gras) indique la pression qui pèse sur les épaules des prétendants à la retraite, la réponse se fabrique à partir de la question savamment posée.

2)pour les moins de 60 ans, les 8 % correspondent à des professions pénibles ou précaires et on trouve les ouvriers et les petits artisans ainsi que les employés et professions intermédiaires qui représentent près de 35% de ces catégories:  ils souhaitent partir avant 60 ans. Le voile est mis sur cette information concernant des catégories ayant des conditions de travail souvent pénibles et précaires.

3) dans les 30 %, entre 60 et 65 ans, rien ne dit que ces français acceptent que l'âge soit ramené  entre 61 et 65 ans . Peut-être ont-ils voulu  que retenir les 60 ans ?

L'IFOP en arrive, en additionnant toutes les professions et catégorie, à une moyenne de 64,7 ans.

Il faut toujours se méfier des moyennes.

Si on additionne les chiffres des ouvriers par exemple, la majorité des travailleurs: 67 % estiment leur retraite entre moins de 60 ans et jusque 65 ans avec la remarque précédente sur l'inconnu des 60 ans comme âge de départ.

Cela dit, nous trouvons pour les professions libérales, les cadres supérieurs, plus 77 % de ces catégories, qui veulent poursuivre après 65 ans et au-delà même de 70 ans. C'est eux qui font grossir la moyenne.

4EME QUESTION:

Et jusqu'à quel âge seriez-vous prêt à travailler pour avoir une bonne retraite… ?

C'est une nouvelle version du "travaillez plus pour gagner plus". On a fait part de la situation (contraint)  et l'on passe de la contrainte convenue à (le" soyons prêts à partir plus tard") pour avoir plus de sous.

Une tromperie.

Les moins de 60 ans    13%

de 60 à 64 ans              44%

de 65 à 69 ans              33%

70 ans et plus               10%

L'idée est avancé de compenser le recul de l'âge de la retraite par une meilleure retraite. Le premier révélateur des réponses, c'est le besoin exprimé par les français de pouvoir avoir une retraite satisfaisante, ce qui n'est plus le cas actuellement, autant pour le régime général que les complémentaires.

Rien ne garantira cette clause. Le pouvoir, les caisses de retraites complémentaires pourront toujours décider de manière unilatérale des revalorisations et le tour sera joué. D'autre part, le système par points, qui, semble t'il, sera proposé, est un système qui organisera le niveau des prestations en fonction des rentrées de cotisations et de ce coté là, nous savons que le gouvernement ne compte pas augmenter les cotisations des entreprises mais plutôt de continuer à les réduire par des exonérations.

5EME QUESTION

Un révélateur

Et si vous aviez le choix, concernant votre retraite, préféreriez -vous…

1°Cotiser davantage pour partir à la retraite le plus tôt possible                  41%

2°Travailler le plus longtemps possible pour vous garantir une

retraite satisfaisante                                                                                          34%

3°Partir le plus tôt possible quitte à avoir une retraite moindre                    23%

4°Rien de tout cela                                                                                               2%

Quelle remarque faire ?

La contradiction surgit à travers ces questions. Observons les réponses 1 et 3, notons que plus de 64 % aspirent à partir le plus tôt possible soit en cotisant plus ou avec une retraite moindre. C'est significatif que l'aspiration des français est toujours à un départ plus tôt et qu'ils sont bloqués dans cette démarche par la pression pour accepter d'autres alternatives en leur montrant que rien ne peut être fait autrement.

Remarquons aussi, qu'aucune question n'est venue pour interroger les français sur un départ, par exemple à 60 ans, avec financements patronal à la hauteur des besoins, à coté de celui des salariés pour maintenir les 60 ans et une retraite satisfaisante comme le réclame la CGT.

De voir le zèle qui s'est emparé ce dimanche matin des médias sur ce sondage montre que l'idéologie dominante travaille à faire en sorte que la réforme soit bien ancrée dans une remise en cause de notre système actuel de retraite.

Un proverbe dit: un homme averti en vaut deux.

Ne tardons pas à dénoncer ces pressions qui vont s'exercer sur les français et en particulier les travailleurs pour leur faire accepter de travailler plus longtemps pour une retraite peau de chagrin.

Bernard Thibault a dit lors du 43eme congrès de la CGT que toute remise en cause serait un casus-belli, alors n'attendons pas pour agir et nous mobiliser sur cette question.

Un argument: des centaines de milliards ont été injectés pour redresser les banques et les portefeuilles des actionnaires, pourquoi ne pas rééditer cette opération en injectant qu'une centaine de milliards dans les comptes de la sécurité sociale.

Le projet de financement de la CGT permettrait de remettre de l'ordre dans les finances de la sécurité sociale et en même temps d'améliorer notre système de retraite tout en gardant l'âge  de départ à 60 ans.

 

Bernard LAMIRAND

 

10/01/2010

Rédigé par aragon 43

Publié dans #syndicalisme

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