RETRAITE LE SON DU COR
Publié le 14 Avril 2010
Ainsi nos experts mandatés par le gouvernement ont sorti leurs sombres pronostics.
A travers une étude poussée, des abaques, des calculs sur cinquante années de fonctionnement et de services de la retraite par répartition, ils sont arrivés à des chiffres catastrophiques pour le devenir de notre système de retraite.
Loin de moi de repousser les calculettes des experts, mais qui peut aujourd'hui prévoir l'avenir économique et sociale d'ici même une vingtaine d'années.
Je ferai remarquer, en outre, que peu d'économistes avaient décelé la crise, celle qui nous frappe de plein fouet actuellement et il faut se souvenir des déclarations de Madame Lagarde Ministre des finances et je la cite:
août 2007, conférence de
presse
«L’économie française repose sur des fondamentaux qui sont solides [...] Je ne conçois pas aujourd'hui de contamination à l'économie
mondiale»
5 novembre 2007 sur «Europe
1»
«La crise de l'immobilier et la crise financière ne semblent pas avoir d'effet sur l'économie réelle américaine. Il n'y a pas de raisons de penser qu'on aura un
effet sur l'économie réelle française»
10
février 2008, au G7 au Japon
«Nous ne prévoyons pas de récession dans le cas de l'Europe»
26 mars 2008, conférence de
presse
«L'environnement international est difficile […] La volatilité actuelle des taux de change et le niveau du dollar sont un risque pour notre croissance»
20 septembre 2008, conférence de
presse
«Le gros risque systémique qui était craint par les places financières et qui les a amenées à beaucoup baisser au cours des derniers jours est derrière
nous»
C'est donc au bazooka que le gouvernement compte mener sa réforme des retraites avec l'arme de destruction massive: celle du financement.
Bien entendu, nous ne sommes plus dans les langes de la sécurité sociale de 1945 et du système de retraite de l'époque qui, après la guerre, la destruction du pays, mettait en mouvement un système de solidarité avec une cotisation salariale et entreprise qui ne payait que les retraites de ceux qui n'avaient rien auparavant ou peu.
Ce système, nous le savions, aller monter en puissance et assurer à plus de 12 millions de retraités du régime général des retraites correctes et une vie de retraités comme récompense après une longue vie de travail.
Le législateur Croizat avait prévu cela, c'est un communiste, pour lui comme pour tous ses camarades, la richesse créée devait revenir à ceux qui l'avait fabriqué et donc à améliorer leur vie.
La retraite n'étant pas un moment pour finir ses derniers vieux jours dans un fauteuil mais après une vie de labeur pouvoir profiter de la vie.
C'est donc un enjeu de société, et aujourd'hui, ce gouvernement de droite, comme d'autres en Europe, considère que cette vie hors travail ne peut être que l'apanage de ceux qui ont de l'argent et qui puisent dans la richesse créée pour se payer la belle vie.
Mon camarade Aubin de la CGT a raison quand il dit que ces scénarios sont conformes à l'état de crise dans lequel nous vivons et que l'on veut nous imposer, je dirai, "ad-aeternam".
Le COR, comme un chien bien dressé, a obéi à son maitre, il a fait une étude sur des données capitalistiques de redressement du taux de profit à l'échelon de 50 ans. Alors il ne peut y avoir place pour la moindre part pour les salariés quand l'obsession névrotique du profit règne dans ces sphères économiques du pouvoir.
Si le COR avait été indépendant, il nous aurait fait un scénario reposant sur une autres distribution des richesses et en particulier de mettre fin à ce détournement de la plus value vers les actionnaires.
Il nous aurait pondu un scénario avec 0 % de chômage, des emplois bien rémunérés et reconnus et le fain du travail précaire.
Il nous aurait pondu un scénario où l'argent amassé par les banques serait rendu au peuple, des centaines de milliards, ne l'oublions pas sont partis en fumée dans les frasques bancaires.
Mais de tout cela, nenni, le gouvernement avait déjà donné le "la", par la voix de Fillion qui nous annonçait, il y a quelques semaines ce chiffre de plus de 100 milliards par an vers 2050.
Une personne est très contente de ces scénarios, et pour donner le change elle fait encore la fine bouche, c'est Laurence Parisot, qui voit ainsi son objectif de retarder l'âge de la retraite se confirmer, pour elle le scénario moyen ne suffit pas, il faut aller dit-elle à celui le plus catastrophique, le scénario conduisant à retarder de 10 ans l'âge de la retraite.
Woerth, indiquant qu'il n'était pas question d'augmenter les prélèvements obligatoires, en l'occurrence celui des entreprises et des actionnaires, vise bien à se servir dans l'étude du COR que la partie intéressante pour eux, celle de ramener l'âge de la retraite vers des cimes ancestrales: celle des âges ou la vie devient de plus en plus difficiles sur le plan de la santé.
Plus question pour eux que des retraités puissent avoir une vie nouvelle.
Ils seront comme les jeunes en début de carrières, des précaires, des chômeurs de longues durée, ils feront jusqu'à ce que mort s'en suive des petits boulots comme ces vieux anglais que j'ai vu nettoyé à 5 heures du matin les caniveaux.
Alors, ne nous laissons pas abuser par ces chiffres destinés à faire peur, à nous faire rentrer dans notre coquille, à la fatalité de la crise, le COR n'est après tout qu'une expertise favorisant le capital.
A nous d'imposer une autre redistribution des richesses et la meilleure façon de le faire n'est certainement pas de rajouter à l'arsenal des mesures capitalistes pour renflouer le système, celui de nos droits sociaux.
Alors vite manifestons et faisons grève, créons les conditions du rassemblement le plus large.
Bernard LAMIRAND