RETRAITE EN L'ENCAN OU COMMENT PASSER DE LA SITUATION DE RETRAITE A CELLE DE CHOMEUR
Publié le 15 Février 2010
Ce matin le refrain du "travaillez plus longtemps" pour sauver les retraites est repris en chœur sur toutes les radios et stations de télévision.
Une opération comme bien huilée comme dit le journal le Figaro.
Ainsi le repère des 60 ans pour avoir une retraite à taux plein devrait être sacrifié sous l'autel des profits à reconstituer car il s'agit de cela.
Bernard Thibault a eu raison ce matin sur France Inter de mettre le doigt sur ce qui fait mal: le choix fait par le gouvernement et le patronat d'abandonner les jeunes à la précarité et au chômage en obligeant les plus âgés à continuer de travailler après 60 ans avec la double peine d'années de cotisations de plus en plus difficiles à atteindre pour les jeunes générations.
Au moment où le pays croule sous un chômage massif, dont on nous dit qu'il se maintiendra dans les eaux actuelles pendant plus d'une décennie, ce gouvernement veut s'orienter vers "un travailler plus jusque 65 ans et plus" comme on l'entend dire en ce moment de la part de ceux (les privilégiés de la finance) qui n'attendent pas l'âge de la retraite pour profiter de la vie.
Ainsi le scénario est écrit à l'avance avec de telles hypothèses, ce qui se produira c'est le chômage comme résultante autant pour les jeunes que pour les seniors de 50 ans à 65 ans et plus.
C'est l'opération "changement de bocal", les seniors privés de leur retraite travailleront plus longtemps et souvent en précarité d'emploi, rejoindront massivement le pool emploi, et on assistera à une mise en concurrence entre jeunes sans emploi ou en précarité et anciens prenant des emplois de plus en plus précaires pour assurer le temps nécessaire pour avoir droit à une retraite à taux plein.
Et pour les 2 catégories, le passage obligé de périodes de chômage entre-temps.
L'unique bénéficiaire de ce tour de passe-passe sera le patronat gagnant aux deux bouts puisqu'il n'aura plus à assumer la retraite à 60 ans et il pourra transférer vers les caisses de chômage et vers les fins de droits de nombreux travailleurs attendant le nouvel âge de départ à la retraite.
Je me souviens d'une déclaration d'un haut dirigeant du CNPF qui me disait lors d'une rencontre sur les retraites complémentaires qu'il vaudrait mieux de payer des indemnités de chômage que des retraites complémentaires entre 60 et 65 ans car au bout de la période des indemnités le patronat n'a plus à débourser.
Eh bien, c'est ce qui va arriver demain avec le report de l'âge de la retraite, nous aurons des millions de salariés âgés qui pointeront au chômage puis deviendront des fins de droits.
Ce 15 février (jour de la rencontre à l'Elysée) doit être le moment où toutes les organisations syndicales décident de s'unir contre ce recul de l'âge de la retraite qui va gonfler le nombre de chômeurs aux deux bouts pour permettre aux financiers de s'en mettre plein les poches.
Bernard LAMIRAND