PEILLON ET LA TELEVISION ...
Publié le 24 Janvier 2010
PEILLON- TELE : LA VOIX DE SON MAITRE ?
Depuis quelques jours se déchainent des faux débats sur la qualité des présentateurs d'émissions politiques s'exprimant sur les chaines de la télévision publique.
Peillon, qui a bénéficié en son temps des largesses de la télévision pour monter ses rencontres avec le Modem, Robert Hue et l'inénarrable Cohn Bendit, a entrepris de régler le compte de Chabot à l'accusant de servilité avec le pouvoir.
Grosso-modo, ces politiciens, dès que la place ne leur ait pas assuré à la hauteur de leurs exigences, montent des cabales et entretiennent la pression pour avoir droit au traitement préférentiel des chouchous de la coterie télévisuelle.
Peillon, voudrait donc être dans la cour des têtes d'affiches politiques bien-pensantes qui s'expriment à longueur de journée sur nos écrans. Je ne citerai pas de noms, chacun peut faire l'expérience sur un petit carnet, il s'apercevra que c'est toujours les mêmes qu'on invite que ce soit sur les chaines publiques ou privées.
Je crois que le problème n'est pas la servilité.
La télévision comprend de nombreux journalistes qu'on ne peut accuser de servilité et qui font leur travail de manière professionnel. La question est de savoir si ce travail arrive jusqu'à nos écrans, jusqu'à nos fameux présentateurs dont les rétributions, les cachets, les piges, les ménages sont parfois aussi importants que ceux qui défrayent actuellement la chronique du monde des affaires.
Qui manie nos écrans?
Chabot ? Non… c'est plus profond…
Pour moi, c'est clair, c'est l'idéologie dominante. Elle s'incruste dans les esprits, elle modélise les appréciations, elle copine, elle fait le tri en fonction des parti-pris qui viennent de loin et de la formation reçue dans les écoles initiatiques. Il ne faut pas oublier que le capital forme ses porte-paroles: Sciences-Po, écoles de journalisme catho, pantouflage dans les groupes du CAC 40, fondation etc..
Alors, servilité n'est pas le mot, ils n'obéissent pas, ils ne sont que des produits de la société dominante.
La question n'est donc pas de les considérer comme des perroquets du système mais comme issu du système, de son idéologie libérale et d'un savoir-faire très professionnel pour la propager.
Dès lors, leurs particularités ne peuvent prendre que les signifiants de cette société auquelle ils ont été dressé.
Je répète, je ne parle pas du brave journaliste mais de ceux que le capital choisit pour diriger sa communication dans les grands moyens audio-visuels. Il ne s'agit donc pas de compter les minutes auxquelles chacun a droit mais de voir les créations d'émissions d'actualité: servent-elles l'information où servent t'elle une idéologie, en l'occurrence celle du système qui nous gouverne actuellement?
Une télévision, une radio débarrassée de la tutelle du système, cela n'existe pas, il faut non point "faire avec" mais plutôt faire intervenir les auditeurs et les téléspectateurs en permanence. C'est eux qui peuvent faire bouger les lignes actuelles.
Comment ?
Tout simplement en exigeant d'avoir la parole, d'avoir des débats qui les concernent, de demander la pluralité d'interventions et non pas ces comptes d'apothicaires que fait le CSA en fonction de la représentativité. Cela s'est de la rigolade, par exemple Tartempion, qu'on aime pas, on lui donnera son petit temps de parole à une heure de petite écoute.
Je partage cependant un argument de Peillon, celui des débats d'actualités, aucun débat digne de ce nom n'a été organisé à la télévision sur le pouvoir d'achat, le chômage, les retraites avec les syndicalistes où avec tous les politiques y compris ceux dit des petits partis qui ne risquent pas de devenir grand avec le traitement inique qu'on leur impose.
Lundi soir nous verrons le Président s'exprimer sur la première chaine, les participants auront été triés sur le volet et c'est lui, de par sa fonction, qui fera, devant des braves gens certainement, en s'appuyant sur leurs dires, la classe aux français pour qu'ils comprennent, en ces temps d'élections, que c'est lui qui a raison, que c'est lui qui commande. Il ne sera pas contredit puisque c'est lui qui conclura avec là des journalistes d'une chaine privée du système.
Alors télévision "voix de son maitre", oui et non, les événements poussent parfois ces présentateurs "tête de gondole" du système à réagir. Il ne l'ont pas fait pour le référendum de la constitution européenne parce que tous "ces cracks" vivaient dans une douce euphorie d'une Europe libérale, par contre pris par la crise du système, ils ont dû "bon gré- mal gré", parler de ces riches, de ces fortunés, de ces paradis fiscaux, de ces banquiers spéculateurs comme des tricheurs et des profiteurs.
Ces têtes de gondoles de la presse écrite, audio-visuelles, ne l'oublions pas baignent dans le système, ils se connaissent les uns et les autres et la frontière avec le monde politique, le monde économique, le monde jet-set est très mouvant. On vient des même écoles où l'on a été copains et copines de classe, des mêmes ministères où l'on a pantouflé avant d'avoir soit son maroquin, son poste de PDG, son poste dans la haute administration ou dans les organes de la presse où encore son métier de présentateur d'émissions culturelles.
Et puis c'est vrai, on déjeune ensemble, on va au "Fouquets" se faire voir, dans les cérémonies officielles on bouscule son voisin pour être au plus prés du mâle dominant.
Oui, nous avons les médias que nous nous sommes donnés. Ne pleurons pas, changeons les…
Peillon pleure parce qu'il n'est pas encore dans la cour des grands, il est comme le petit poussin devenu coquelet, et maintenant il veut sa place dans la basse-cour des coqs qui nous gouvernent.
Moralité: Peillon se trompe de combat; le vrai, le juste combat, c'est celui de nos exigences en direction de ces moyens audio-visuels pour que la pluralité politique, économique, sociale, culturelle s'exprime.
La démocratie…
Des centaines de milliers de courriels pour exiger tel ou tel reportage, débats, documentaires, personnalités ignorées, seraient plus féconds que ces coups de gueule.
Bernard LAMIRAND