PARISOT ET LA RETRAITE
Publié le 14 Février 2010
PARISOT VEND LA MECHE
Ce dimanche matin, ouvrant mon poste radio, j'ai entendu la fin d'une information concernant les retraites dans laquelle Madame Parisot du MEDEF indiquait sa position concernant l'éventualité d'une réforme des retraites.
J'ai donc voulu en savoir plus et je me suis astreint à trouver une information un peu plus conséquente dans la presse.
Je l'ai trouvé dans "le monde": La présidente du Medef plaide pour qu'un espace de négociation large soit réservé sans conteste aux partenaires sociaux, est-il dit.
Plus loin dans le texte du monde: Parmi les pistes, elle pense qu''il faut changer l'âge légal de départ à la retraite. "Nous avons été les premiers à le dire et cette idée a irrigué le débat politique", note Mme Parisot, estimant aussi que ce relèvement "entraînera une hausse du taux d'activité des seniors".
Elle répète être pour "le maintien du régime par répartition mais complété par un système de retraite par capitalisation".
Mme Parisot se prononce contre l'idée suggérée par François Fillon de relever les cotisations retraite et, en contrepartie, baisser les cotisations chômage. Augmenter les cotisations retraite "alourdirait à nouveau les charges des entreprises et réduirait le salaire net des salariés", juge-t-elle. Elle rejoint par contre le gouvernement sur la pénibilité, en étant 'd'accord pour tenir compte des situations les plus pénibles à condition de les évaluer sur des critères individuels et objectifs ".
Tout est dit dans cette intervention de la présidente du MEDEF.
Le discours d'espace réservé aux partenaires sociaux (terme douteux) montre à quel point les choses sont entrain de se coulisser dans l'appareil de déconstruction sociale en cours.
Le scénario semble déjà écrit par le MEDEF et les services de l'Elysée, dont le fameux Soubie, un apparenté de l'UIMM et du MEDEF depuis très longtemps.
On organise un stratagème autour d'une pseudo-concertation des partenaires sociaux, bref une fausse négociation et l'on enracine les points qui ne peuvent faire débat. L'âge de la retraite doit alors disparaitre et ne plus être une rhétorique populaire.
1 remarque: L'âge de la retraite
Ils vont donc nous expliquer que ce n'est pas normal de partir à cet âge alors que l'espérance de vie progresse chaque année. On va même utiliser l'argument que cet âge est fictif, inutile puisqu'avec 41 ans de cotisations ou plus, demain, plus aucune personne ne sera concernée par cette mesure.
Remarque: puisque 60 ans deviendrait une mesure fictive, pourquoi passer tant de temps à vouloir la supprimer ?
La réponse est toute simple: il y a encore des centaines de milliers de salariés qui ont dépassé le nombre de trimestres leur permettant d'acquérir une retraite à taux plein à 60 ans.
Aure raison: en fin 2009,
devrait être renégocier l' AGFF (Association pour la gestion du fonds de financement de l’Agirc et de l’Arrco).
L’AGFF finance le surcoût pour les régimes Arrco et Agirc de la retraite de 60 ans à 65 ans et qui vient à terme. Passer à plus de 60 ans l'âge légal de départ en retraite permettrait au patronat
et aux caisses de retraites complémentaires codirigées avec certains "partenaires sociaux" de ne plus avoir à payer des prestations complémentaires
et de revenir aux règles des régimes ARCOO et AGIRC de ne payer la retraite complémentaires qu'à partir de 65 ans.
Enfin, il y a la façon de traiter tous les cas relevant des pensions d'invalidité et qui passent automatiquement à l'obtention de la retraite à 60 ans.
2eme Remarque: faciliter le taux d'activité des seniors.
Obtenir le passage à plus de 60 ans de l'âge de la retraite, peut-être même la suppression de la définition d'un âge légal de départ, pour s'en tenir à un nombre d'années de cotisations, peut faciliter le recours au travail des seniors dont l' interprétation pourrait être élastique au point d'amener ceux-ci à continuer le plus longtemps possible pour compenser des prestations retraites insuffisantes.(tant pis pour les jeunes à la recherche d'un travail)
Nous aurions là une variante du "travailler plus longtemps" non pas pour "gagner plus" (précarité oblige) mais pour courir après une retraite qui se dévalorise au fur et à mesure avec des salaires de plus en plus précaires, brandit comme une carotte sous le nez de l'âne qui va se mettre à cavaler après sans jamais l'atteindre ou l'atteignant qu' à son dernier soupir ( la retraite pour les morts comme disaient les anciens en 1910).
3eme remarque: La capitalisation.
Madame Parisot remet le disque en route des fonds de pensions dont on sait qu'ils n'ont pas bonne presse actuellement du fait des faillites de certains d'entre eux. Pourquoi Madame Parisot relance ces fonds: tout simplement parce que l'idée de la répartition et de la retraite solidaire n'est pas la pitance du capital et qu'il compte bien à travers cette réforme amenuisant les droits des retraités créer les ponts qui permettront de passer d'un régime solidaire à celui du chacun pour soi auxquelles les compagnies d'assurances sont très demandeuses notamment pour les salariés qui pourront se le permettre.
4eme remarque: les cotisations.
Le Medef est opposé à toutes augmentation de cotisations de sa part tant au niveau des retraites que du chômage. Il n'y a pas besoin d'être grand clerc pour deviner que derrière ce signifiant apparait l'idée que le financement de la protection sociale qu'elle soit celle de la retraite, de la santé, du chômage doit être l'affaire contribuable et non de l'entreprise. D'ailleurs systématiquement depuis une quinzaine d'années les exonérations de cotisations sociales des entreprises montrent ce chemin.
5eme remarque: la pénibilité.
La façon dont Madame Parisot admet du bout des lèvres la nécessité de prendre en compte la pénibilité avec forces de critères individuels montre que celle-ci vise à n'en faire qu'un donnant donnant avec des mesures, qui lui assureraient des départs bien après 60 ans et certainement dans la droite ligne des autres pays européens qui ont déjà inscrits la retraite à plus de 65 ans.
Quand je dis: "Parisot vend la mèche" je ne dois pas être éloigné des tractations qui s'opèrent actuellement, en coulisse, entre le patronat et le gouvernement et peut-être certaines organisations syndicales connues pour l'élasticité de leur échine, pour arriver à une présentation d'un projet ficelé abandonnant la retraite à 60 ans pour la laisser couler au fil de l'eau à plus de 65 ans et en biaisant sur des départs possibles pour ceux ayant plus carrières longues ou étant de quelques professions ou métiers réputés pénibles.
Reste le financement car ces mesures ne permettent pas, loin s'en faut, même par l'allongement de l'âge de départ en retraite, à financer toutes les sorties qui arriveront dans les dix prochaines années et là la question pourrait être tranchée par une augmentation de la CSG imputable aux salariés.
Certains actuellement y pensent notamment dans les rangs de la social-démocratie inventeur de cette cotisation exonérant l'entreprise.
Rappel: Ambroise Croizat a été celui qui a mis en place le cotisation salariale et entreprise en 1945 et il s'était opposé à ceux qui voulaient que la sécurité sociale repose comme dans les pays anglo-saxons à cette époque sur l'impôt.
Bernard LAMIRAND