NUAGES DE CENDRES AUTOUR DE NOS RETRAITES
Publié le 18 Avril 2010
Pendant toutes cette période d'enjeux sur le devenir de nos retraites, je mettrais la photo d'Ambroise Croizat, architecte et créateur de la sécurité sociale
Un nuage de cendres volcaniques traverse en ce moment la France et l'Europe.
La plupart des aéroports sont bloqués, les avions remisés dans les hangars, les passagers cherchant toutes les solutions possibles dans une sorte de "sauve qui peut" pour arriver à destination.
Dans cette cohue, les élites internationales ont trouvé la solution idéale pour échapper à l'enterrement ubuesque du "polonais". Les chefs d'états, ayant le trouillomètre à zéro, vu le brouillard de cendres ne se sont pas rendus aux obsèques du "sacristain polonais". Celui-ci, anti communiste forcené, n'aura pas eu l'enterrement fastueux que lui promettait l'église polonaise (100 000 à Cracovie avec toutes les grenouilles de bénitiers).
Amen…
Les cendres volcaniques venant de Finlande font penser que notre pays subit une autre propagation de cendres. Des cendres contaminées par le capital: celles de nos acquis sociaux.
Ces cendres là sont plus malsaines que le nuage légèrement brouillardeux qui flotte au dessus de nos têtes.
Ici, en France, la clique de nantis qui gouverne depuis 2007, nous conduit dans les ténèbres sociales.
Quand on y regarde de plus près, c'est bien un déconstruction de l'ordre social établi par des décennies de luttes qui est entrain de s'accomplir petit à petit.
En une trentaine d'années, depuis les premiers stigmates de la crise - celle du pétrole, celle du plan zéro de Sico Mansholt, celle de la sidérurgie- tous les voyants sont passés du vert puis à l'orange et sont carrément au rouge concernant nos droits sociaux dans le cadre de cette crise systémique.
En une trentaine d'années le fossé s'est creusé entre les riches et le reste de la population et aujourd'hui on demande au peuple de payer pour renflouer les milliardaires.
La réduction de tous les budgets sociaux est à l'ordre du jour dans cette Europe que des socialistes continuent de penser qu'elle est juste.
Toutes les richesses créées ont été raflées par cette minorité qui profite de nos divisions pour s'en mettre plein les poches.
Aujourd'hui, ils veulent mettre en cendres ce qui a fait la fierté et la renommée de la France : son système incomparable de Sécurité sociale solidaire avec cotisations des salariés et des entreprises à partir de la richesse créée.
Sarkozy veut la mettre à son tableau de chasse, Parisot du Medef avec sa meute, au son du COR (Conseil d'orientation des retraites) réclame les meilleures morceaux pour les assurances et les fonds de pensions.
Pendant ce temps, à gauche, on chipote sur le nombre d'années qu'il faudrait pour avoir sa retraite pleine et entière. Ce dimanche midi, sur Canal plus, Fabius défendait les 60 ans en l'assortissant de la nécessité de plus de trimestres pour l'obtenir à taux plein. Son allusion au financement ressemblait à une petite pichenette en direction des coffres-forts des banques.
La question est pourtant fort simple. Les 60 ans à taux plein doivent être de droit pour tous ceux qui demandent leur retraite.
Bref une sécurité sociale professionnelle qui prend toute la vie professionnelle et notamment ces périodes hachées que sont devenues les parcours de chacun dans ce système qui rend l'emploi précaire.
Aucun salarié, aujourd'hui, à cause de la précarité, du chômage, de la crise ne peut être responsable de son manque de trimestres pour avoir une retraite complète à 60 ans.
Il faut donc compléter le parcours professionnel pour qu'il soit bien la possibilité de vivre une vie nouvelle en retraite et laissant les jeunes générations accéder à l'emploi.
La retraite par répartition et solidaire, créée en 1945 par Croizat et Laroque, est une chaine de solidarité auquel chacun a droit à son tour après avoir cotisé pour ses ainés; c'est inversement la même chose pour l'emploi en le rendant par solidarité intergénérationnelle à un plus jeune.
Des centaines de milliards sont évoqués comme coût de cette retraite à 60 ans, "c'est du bidon", le PIB en 2050 sera dans une toute autre proportion. L'on dresse l'état de l'espérance de vie qui couterait trop cher à la nation, on invoque une jeunesse qui ne pourrait supporter ce nombre de retraités grandissant; certes cela modifie les paramètres, mais faut-il jeter l'enfant avec l'eau du bain de ce formidable bain qui nous permet de vivre en bonne santé plus longtemps et pour les générations de demain.
L'art de la politique n'est -il pas de prendre la réalité telle qu'elle est pour mettre en place la vrai réforme de retraites, celle de son financement. Croizat en 1945 a imposé un autre financement que celui de l'épargne, de l'impôt, de l'unique cotisation de l'assuré pour un fond assurantiel, il a opté et fait passer à l'Assemblée nationale le prélèvement sur l'assiette des salaires par une cotisation du salarié et de l'entreprise. La retraite à 60 ans pleine et entière ne nécessitera que 2 à 3 points supplémentaires de PIB. Qui pourrait, sauf les profiteurs du système actuel, y redire quand actuellement c'est bien plus que cela que nous coute la crise et le renflouement des actionnaires auxquelles on devrait mettre une décote de leur action en ce moment contrairement à la décote des retraites.
L'art d'une vraie politique, c'est de créer du communisme sur chaque problème de société, la protection sociale en est un: la santé et la retraite doivent être, demain, garanties à chaque citoyen français quoique fut son parcours professionnel.
Dépasser le capitalisme, cela doit être concret, c'est lui faire rentrer sa réforme dans la gorge ténébreuse du profit et obtenir la retraite à 60 ans à taux plein avec financement pris sur les richesses créées.
Faisons fuir "les coucous du fric" du nid de la retraite solidaire.
Bernard LAMIRAND PCF ( adepte d'un premier mai 2010 extraordinaire)