LE COUT DU TRAVAIL ?

Publié le 15 Juillet 2012

LE COUT DU TRAVAIL ?

Depuis un certain temps prospèrent des comparatifs sur le coût du travail.

Si c’est pour démontrer que les salariés, dans le monde, par leurs luttes, améliorent le prix de leur force de travail face au capital, c’est utile pour faire saisir que ce qui compte : les luttes pour que le capital soit obligé de payer le plus cher possible ce qu’il appelle le coût du travail et qui n’est que le prix de la force de travail que les travailleurs ont raison de situer toujours plus haut face aux profits et aux dividendes des actionnaires.

La mise en évidence de comparatifs, actuellement, vise à culpabiliser les travailleurs sur ce qu’ils coûtent (dixit Medef) et sur la nécessité de s’aligner sur les coûts les plus bas.

Voici un tableau représentant ces dits coûts horaires du travail :599756_3868413662356_82119827_n.jpg

Il y a du boulot à faire et des luttes à engager partout dans le monde à condition d’avoir un syndicalisme international à la hauteur pour rapprocher les philippines au coût horaire de 1,9 euros de celui de la Norvège à 57,5 euros.

A travers ce tableau, apparait bien l’exploitation de l’homme par l’homme et le chantage capitaliste visant à la mise en concurrence des salariés au niveau international pour aligner le dit coût du travail (notion capitaliste) sur le moins disant.

Cependant, chacun pourra remarquer à quel point cela a évolué entre 2000 et 2010  ( attention les chiffres donnés sont ajustés en fonction des évolutions des prix qui se sont pratiqués et des ajustements pratiqués selon les endroits à partir des luttes et des droits sociaux ou encore de la présence du syndicalisme ou de leurs absences quand les coûts évoluent moins).

Le coût horaire s’est élevé entre 2000 et 2010 passant du simple au double quand on examine le statistiques fournies :  pour certains pays l’écart entre ces deux dates a été plus important et par contre d’autres n’ont suivi que l’augmentation du coût de la vie et d’autres ont eu une courbe inférieure à la moyenne et certains sont à la traine et garde un niveau très bas, voire ont reculé.

La lecture de ces statistiques montrent les rapports de force, la présence ou pas du syndicalisme, les couvertures sociales existantes avec des garanties provenant des luttes et d’une ancienne assise sociale comme les pays nordiques.

Pour ces pays d’ailleurs, remarquons que le coût du travail ne gêne en rien leur devenir industriel et économique.

Le capital utilise cette vieille chanson des coûts plus bas pour faire pression et diminuer le prix de la force de travail là ou il est plus élevé et notamment ceux qui ont les droits sociaux les plus importants comme la France par exemple auquelle la pression s’exerce en ce moment pour ajuster le prix de la force de travail vers les autres pays plus bas : la raison invoquée être compétitif.

C’est une démarche ultralibérale qui vient des thèses des années 80 de Hayek et Friedman pour  relever le taux de profits par des plans de rigueur et d’austérité -notamment dans l’Europe des 27- pour les ramener vers les pays les plus en avant dans la décroissance du coût du travail à l’exemple de la Grande Bretagne (United King dom) ou le Japon et les Etats-Unis ( voir l’écart moindre entre 2000 et 2010 en matière d’évolution  du coût du travail dans ces pays) qui sont à la source de ces thèses marquant la volonté du capital d’en finir avec le progrès social provenant de la période de libération.

Cette compétitivité rend le travailleur adversaire d’un autre travailleur sur la planète. C’est resucée de diviser pour régner.

On est toujours, pour le capital, moins compétitif que le concurrent : relire Marx sur les comparaisons entre la France et l’Angleterre au 19eme siècle).

Il est utile de mettre en garde sur des tendances à utiliser aussi dans le monde du travail ce critère du moindre coût du travail pour invoquer l’idée que plus nos coûts sont bas et plus on est compétitif.

D’abord il faut fustiger cette idée que le travail est coût ( il l’est que pour le propriétaire qui considère le travailleur comme un coût) mais pas pour le salarié qui, par son travail, produit des richesses dont une grande partie est capté par le capitaliste (surtravail).

Est-ce suffisant de dire cela pour éviter une nouvelle saignée du prix de la force de travail ?

Parfois on entend dire par des travailleurs que son entreprise a les coûts les plus bas et qu’elle ne mérite pas d’être fermée ou restructurée ( on admet alors ce critère de la mise en concurrence et de la compétitivité par l’abaissement du prix de la force de travail). Nous avons pu voir se pratiquer dans des entreprises des mesures visant à réduire ce coût du travail avec l’assentiment des salariés : baisse des primes, horaires non compensées, gel des salaires etc

On tombe alors en plein dans l’idéologie de la concurrence qu’organise le patronat pour avoir les profits les plus élevés et l’on dit alors que l’entreprise doit être rentable.

Elle doit rapportée mais pour qui ?

En ce système capitaliste, incontestablement pour l’actionnaire au détriment du salarié.

Rentable veut dire que c’est la rente qui compte en raflant le plus possible la plus value réalisée par le travail salarié à travers les licenciements, le travail précaire, les délocalisations, l’abaissement des salaires et de la protection sociale.

En paraphrasant le capital, je dirai, il faut augmenter ce qu’il appelle le coût du travail et du même coup réduire réduire le coût du capital.

Bernard LAMIRAND

Rédigé par aragon 43

Publié dans #Actualités

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