LE CONGRES DU PCF SOUS LES ETOILES DE LA CONSCIENCE DE CLASSE

Publié le 3 Février 2013

divers_067-copie-1.gifUN PEU DE SOCIALISME VRAI AVANT LE CONGRES DU PCF

La semaine dernière, nous tenions le congrès départemental du PCF de l’Oise (congrès très intéressant, au demeurant, par la qualité du débat et la prise en compte d’un nouvel essor du communisme) ; une table de livres anciens étaient à notre disposition au prix modique de 50 centimes d’euros et j’ai découvert un bouquin des éditions sociales « Chrétiens et communistes » relatant les travaux de la semaine de la pensée marxiste tenue du 27 janvier au 1er février 1972, d’une grande richesse non seulement sur les rapports entre communistes et chrétiens mais aussi sur la société socialiste étape vers le communisme.

Je l’ai lu avec gourmandise cet ouvrage, moi l’ancien jociste devenu communiste, adoptant le matérialisme historique et la dialectique marxiste.

Tout en le lisant, je mettais en parallèle quelques faits actuels concernant la gestion libérale de ce gouvernement et notamment sur deux sujets de société : les évolutions des mœurs notamment le mariage entre homosexuels qui rencontrent tant de haines de la part des conservateurs et de l’église catholique et l’appropriation sociale des grands moyens de production  redevenu d’actualité face à la casse actuelle de moyens de production.

J’y vois une vision sociétale vers le mariage homosexuel et c’est tant mieux et les communistes partagent, mais une vision sociale à contresens d’une société qui doit se libérer de l’aliénation et l’oppression capitaliste de la part des socialistes, c’est un déni social.

D’autres aspects sont soulevés dans ce livre qui mériterait aussi d’y relater.

Jean Elleinstein, encore au parti à cette époque, citait dans son introduction, à cette semaine marxiste, le manifeste de Champigny, et notamment une citation tout a fait d’époque en ce moment quand disparait tous les jours des moyens de production utiles pour répondre aux besoins de la nation et il cite ce paraphe important du « Manifeste de Champigny » : « le socialisme c’est tout à la fois la propriété collective des grands moyens de production et d’échanges, l’exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière et ses alliés, la satisfaction progressive des besoins matériels et intellectuels sans cesse croissants des membres de la société, la création des conditions propres à l’épanouissement de chaque personnalité ».

Qui renierait aujourd’hui un tel programme quand on voit le chambardement libéral détruisant toutes les valeurs qu’elles soient sociétales et sociales pour le profit d’une minorité de possédants qui pillent les richesses produites et les transportent là où le butin sera plus grand par l’exploitation et l’esclavage d’aujourd’hui.

Et je me disais, ces belles idées dataient du début de la mise en place du « Programme commun » qui allait nous conduire à notre affaiblissement par une alliance biaisée avec la sociale démocratie libérale qui se cachait derrière un discours révolutionnaire que même Mitterrand, socialiste de la dernière heure, s’inspirait par ruse.

Le débat avait lieu entre chrétiens et communistes, il était fécond à la lecture des interventions, notamment celle de Jean Baboulène, ancien directeur de « Témoignage chrétien » journal des chrétiens progressistes. Et il se disait pour le socialisme et précisait une histoire de l’évolution chrétienne de gauche soulignant que la chrétienneté revenait de loin, et on mit longtemps à le faire disait-il et je le cite : « Quand personnellement je vins au monde de l’actualité, la cause était si peu entendue, qu’un fort courant du catholicisme français se donnant alors pour maitres Charles Maurras, un autre bourgeois italien devenu pape sous le nom de Pie XI brandit à leur encontre les foudres de l’excommunication… Nous avions le sentiment, dans un combat difficile, d’une nouvelle et décisive rupture. C’était le refus du positivisme social et politique soumettant justement toutes les sphères du politique à l’unique contrôle de la pure rationalité… Et nous étions alors, et je dirai du même mouvement, portés par un autre courant. C’était celui du catholicisme social » et il précisait : «  Catholicisme social, c’était pour l’essentiel et, avant tout, le refus radical de la société capitaliste et de son idéologie libérale ».

Quelle anticipation où plutôt quel regard avancé il portait ce croyant dans ce qui allait nous précipitait dans l’abime libéral depuis 1982, date du premier plan de rigueur.

Son propos sur cette église, qui avait du mal à comprendre le monde dans laquelle elle vivait, les efforts fait par des chrétiens progressistes pour sortir de l’entrave conservatrice, il les relate et je ne résiste pas à en faire le parallèle à aujourd’hui, quand on voit défiler des hommes et des femmes pour s’opposer au mariage des homosexuels sous les auspices religieuses et où le chrétien progressiste est mis sous l’éteignoir. Une église enfermée dans un passéisme qui redevient « l’opium du peuple » pour mettre des cataplasmes pour compenser la souffrance  du peuple devant le chômage et la souffrance au travail issues des règles du marché libre et non faussé.

Et puis, il nous livre une remarque qui  fait du bien, nous qui avons pendant un lap de temps mis en berne, comme quelque chose de désuet, la lutte de classe, sous les coups de boutoirs de faux-nez modernistes qui considéraient cette notion dépassée.

Et je ne résiste pas, au moment où vient de sortir un sondage des français indiquant que la lutte de classe était la réalité actuelle de cette société dans laquelle nous vivons, à citer encore Baboulène à : vous écrivez dit-il  à l’adresse de Elleinstein: «  La politique ce n’est pas un rapport de personnes, c’est un rapport de forces sociales. » Eh bien voilà, le problème pour les catholiques, du moins pour les catholiques de ma génération, lorsqu’ils veulent poursuivre leur expérience d’engagement et la traduire en termes politiques, c’est bien justement de passer de ce niveau des rapports interpersonnels  sur le terrain où s’affrontent les groupes, les forces de la société. Ne tournons pas autour du problème, ce n’est, ni plus ni moins, celui de la lutte de classe…. Mais quel socialisme ? Je fais mienne la définition du Manifeste de Champigny que notre président nous a relue tout à l’heure ».

Quand on relie cela, l’on ne peut s’empêcher de penser au terrain perdu depuis ces années là et aux années de plomb qui ont suivie et cela pose évidemment la question de renouer avec ce que Pierre Laurent appelle une nouvelle conscience de classe d’aujourd’hui et pour demain, comme le dit d’une autre manière notre camarades Arnaud Spire dans un article dans l’humanité des débats de cette semaine.

Oui, il est grand temps de rallumer les étoiles selon la célèbre phrase de Guillaume Apollinaire et que notre parti a pris comme emblème pour le congrès.

Rallumer les étoiles du communisme pour se sortir de cette vieillerie : le capitalisme.

Enfin, encore quelques mots sur ce livre et l’intervention de Baboulène : «  J’attends, je veux, un socialisme qui appelle les hommes à se faire eux-mêmes et qui, tout au long de la route , deviendra ce que, en se faisant, ils l’auront fait ».

Quelle belle conclusion, au moment où le pouvoir socialiste cède devant la rudesse de la tâche. Demander aux hommes d’être acteurs d’un vraie changement et ne pas céder devant la réaction de classe comme vient de le faire ce gouvernement concernant l’austérité et la compétitivité synonyme de baisse du dit coût du travail, quelle belle tâche à réaliser quand il s’agit de sortir des chantiers battus du libéralisme et de s’opposer à l’austérité , discours d’une classe repue et qui entend manier l’idéologie libérale pour que le peuple soit plus que raisonnable, qu’il abandonne ses acquis pour que les acquis du capital demeure.

Nos camarades de Citroën Aulnay, les Renault, ceux de Goodyear à Amiens et autres se battent en ce moment pour que les travailleurs ne soient pas à nouveau le dindon de la farce capitaliste qui mijote dans les allées gouvernementales et malheureusement à nouveau au parti socialiste, ébloui par les dorures du pouvoir et les félicitations des possédants et il s’y exécute comme le bon serviteur du châtelain.

Oui, la lutte de classe est la réalité de ce monde dans lequel nous vivons et il y a l’exploiteur  mais surtout l’exploité qui veut casser les chaines d’insécurité sociale que le libéralisme installe en ce moment, notamment cet accord scélérat signé par des organisations syndicales minoritaires et le patronat sur l’emploi à précariser de plus en plus.

Alors, travaillons à l’unité avec les chrétiens de progrès, avec les socialistes qui veulent changer vraiment la société (il y en a), avec les syndicalistes de toutes organisations qui ne veulent plus de ce syndicalisme,« partenaire raisonnable » comme le définit Montebourg devenu lui aussi un chainon du libéralisme.

L’unité oui, la vraie, celle que Croizat criait fort en disant : pas unis pas d’acquis.

Travaillons alors à cette unité de classe et de masse.

Bernard LAMIRAND

Rédigé par aragon 43

Publié dans #communisme

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