LA RETRAITE DE SAPIN
Publié le 24 Mai 2010
LA RETRAITE DE SAPIN
Encore un socialiste qui ne croit plus à la retraite à 60 ans.
La liste s'allonge.
Hier, De Morand avait comme invité de CPOLITIQUE, le social-libéral Sapin, un ami de Holland, celui qui donne un coup de main à Woerth pour mettre par terre la retraite à 60 ans.
Le dénommé Sapin - après Holland, Strauss-Kahn, Valls - vient ainsi rejoindre le troupeau des adeptes du "travailler plus longtemps pour mourir plus tôt". Une retraite pour les morts comme le disait la CGT en 1910.
Au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'instant ou le gouvernement va rendre un verdict tissé de toutes pièces depuis longtemps dans les bureaux du patronat et des sociétés d'assurances privées, toute la médiacratie s'évertue à prôner les positions courageuses d'hommes ou de femmes de bonne volonté comme si elles allaient régler le problème du financement.
Sapin est donc félicité ce matin par plusieurs perroquets de la médiacratie sarkozienne.
Aucun de ces messieurs et dames, qui nous barbent tous les jours sur l'archaïsme des 60 ans, ne peut penser que d'autres solutions sont envisageables que de retarder l'âge de la retraite. Que l'on peut revenir sur la partie dividende auquelle les actionnaires se sont goinfrés de centaines de milliards d'euros en 30 ans pris aux salariés et aux retraités.
Le sieur Sapin, qui se verrait futur ministre de" l'économie (aie-aie-aie-)va même jusqu'à une petite larme pour les salariés exerçant de travaux pénibles et ose fixer la barre de leur retraite anticipée à 60 ans. Ainsi l'âge de départ à 60 ans deviendrait celui du départ des salariés exerçant des métiers pénibles. La plupart de ces travailleurs usés avant 60 ans iront se faire voir ailleurs.
Il a même osé dire que cette retraite à 60 ans n'était plus que l'affaire de l'extrême gauche y compris le PCF certainement.
La véritable retraite, celle d'une vie nouvelle serait ainsi dépecée dans sa partie la plus vivante, celle où la santé permet encore de vivre pleinement une retraite active, celle que l'on a gagné en 1982 pour vivre une autre vie que ce travail aliénant auquel le capital nous soumet avec des conditions de plus en plus stressantes et infernales.
C'est cette partie entre 60 et 80 ans où l'on peut bâtir des projets de vie, de choses que l'on a pu faire en période d'activité professionnelle, que le patronat veut nous enlever.
Cette période enlevée, il n'a aucunement l'intention de fournir un travail, il veut simplement la rayer de la carte retraite pour ne pas avoir à payer les cotisations nécessaires ou mieux encore offrir à un système par capitalisation le meilleur moyen de toucher des royalties le plus longtemps possible sans avoir à débourser des rentes POUR DES GENS QUI PRENDRAIENT LEURS DROITS A 60 ANS.
Pour certains qui se demandent pourquoi le gouvernement et le patronat sont si pressés de remettre en cause la retraite à 60 ans, c'est bien pour cette raison. Faire en sorte que le salarié n'éprouve plus, devant des départs de plus en plus tard, une différence entre système solidaire et capitalisation.
Globalement, nous allons voir les socialistes se coucher à nouveau devant le libéralisme, comme d'habitude, et ceux-ci tout compte fait, voudraient bien que Sarkozy fasse le boulot qu'ils n'auront plus à faire au pouvoir, si ils y arrivent.
D'autres, aussi, sont intéressés par la fin de la retraite à 60 ans à taux plein: il s'agit des caisses de retraites complémentaires ARCO et AGIRC qui n'auront plus à payer les retraites complémentaires de 60 à 65 ans; ils attendent la loi et la négociation en fin d'année pour tordre le cou à l'AGFF, structure qui paye les retraites complémentaires de 60 à 65 ans depuis 1982.
Je me souviens, lors d'une occupation par les retraités de la métallurgie CGT du siège de l'Arcoo que le Président, un patron de l'Uimm, me fit la confidence suivante: "Monsieur, pourquoi vous battre pour le maintien de la retraite à 60 ans, cela coûte de plus en plus cher aux caisses complémentaires arcoo et agirc, ne vaudrait-il pas mieux que les salariés de 60 à 65 ans continuent soit de travailler ou d'être indemnisés par les caisses de chômage plutôt que par nous "?
Nous avons là, ce qui va se passer, d'ici quelques temps, avec toutes ces personnes qui auront de plus en plus des carrières professionnelles accidentées, fait de précarité et de chômage, et qui devront attendre 65 voir 68 ans pour obtenir des pensions à taux plein, c'est-à-dire sans décote.
Ils seront alors comme le disait ce président de l'Arcoo, des chômeurs indemnisés ou pas, et qui traineront dans les "pools emploi" à la recherche d'un travail souvent dérisoire pour attendre une retraite venant de plus en plus tardivement.
Oui, avec Monsieur Sapin, le socialiste modéré, la retraite aura l'odeur du bois de sapin.
Pour éviter le bois de sapin de Monsieur Sapin, tous le 27 mai en manifestation.
Bernard LAMIRAND