LA RETRAITE A 60 ANS
Publié le 27 Mai 2012
LA RETRAITE A 60 ANS
Pourquoi faudrait-il travailler plus longtemps alors que des jeunes sont à la recherche d’un travail ?
C’est cette phrase que je retiens d’une personne avec qui j’ai discuté hier en distribuant le matériel de campagne pour notre candidat Loïc Pen à Nogent sur Oise dans la 7 ème circonscription.
Cet homme m’a donné son âge sans que je lui demande, il attend impatiemment sa retraite à 60 ans et compte l’avoir parce que qu’il a déjà ses trimestres cotisés : il a 58 ans.
Il attend que la gauche au pouvoir lui permette de partir à 60 ans.
Mais cela concerne t’il seulement ceux qui ont travaillé tôt et auront leurs trimestres à 60 ans ?
Cela ne concerne t’il pas plutôt tous les salariés que Sarkozy a obligé à poursuivre leur vie professionnelle jusque 62 ans pour ceux ayant le nombre de trimestres cotisés suffisants et jusqu’à 67 ans pour ceux, qui du fait de la précarité et du chômage, n’auront pas le nombre de trimestres nécessaires ?
Je l’observais cet homme, un ouvrier faisant plus que son âge : il travaille dans une petite entreprise m’a-t-il dit où les conditions de travail sont difficiles et je sentais bien son désir d’en finir au plus vite avec un travail qui l’use et l’a usé prématurément.
Ce cas là n’est pas isolé, de nombreuses personnes attendent les 60 ans pour enfin pouvoir souffler et avoir droit à une vie plus libre où l’on peut profiter de quelques années de retraite dans de bonnes conditions.
Dans de bonnes modalités parce qu’en ce moment les répercussions d’un travail qui s’est dégradé du fait de la mise en concurrence des salariés pour produire dans les pires conditions entrainent de la souffrance au travail, elle atteint les populations les plus âgées et l’espérance de vie en bonne santé recule, phénomène nouveau dans les pays les plus développés comme le nôtre.
Une étude vient de sortir dans la presse de l’INED et je cite : Les Français vivent moins vieux en bonne santé, a indiqué hier l’Institut national des études démographiques (Ined). Certes, dans l’Hexagone, l’espérance de vie est en progression, surtout chez les femmes (85,3 ans contre 84,8 en 2008), loin devant les hommes (78,2 ans contre 77,8 ans en 2008). Mais « l’espérance de vie sans incapacité » (Evsi), elle, baisse légèrement. Celle des hommes est passée de 62,7 ans à 61,9 ans entre 2008 et 2010 ; et de 64,6 ans à 63,5 ans pour les femmes, relève l’Ined. Selon les chiffres de l’Insee, l’espérance de vie en bonne santé avait entamé sa légère baisse dès 2006.
La tendance française rejoint celle d’autres pays européens qui ont comme elle des espérances de vie élevées, note l’Ined, qui a compilé et étudié les données des 27 pays européens.
Cette évolution vers une santé qui se dégrade est la résultante d’un travail avec des pénibilités nouvelles et qui touche au plus profond l’individu, notamment sa santé mentale.
C’est en outre le résultat de l’appauvrissement de la population, de la précarité dans laquelle elle évolue et évoluera si ces conditions de vie et de travail continuent de se dégrader.
Quand on remarque que les plus fragiles, ceux qui ont un travail précaire, ceux qui chôment, ceux qui vivent sous la menace de la compétitivité à tout prix, ceux qui doivent accepter les bas salaires sont les premiers atteints, qu’ils réduisent leurs dépenses de santé, qui ne soignent plus leur dentition, qui mange faute de moyens que des sandwichs et encore, il est à craindre que les populations qui vont entrer plus tardivement à l’âge de la retraite seront particulièrement en mauvais état de santé.
Un recul ou plutôt un retour à une vieillesse impotente, voilà ce que cette société capitaliste nous prépare et nous ramène.
Chacun a en mémoire les conditions de générations qui nous ont précédées avant guerre et que dans notre jeunesse nous avons quelque peu côtoyé et qui vivaient quelques années de retraites dans des conditions grabataires pour un certain nombre d’entre elles.
Croizat, ministre de la Sécurité sociale, les as sorti de cette misère à la libération, par une retraite solidaire et ensuite nous l’avons amélioré pour permettre à chacun de profiter de la vie ; c’est ce qui est aujourd’hui remis en cause si l’insécurité sociale s’installe et si l’homme et la femme sont bafoués par cette hystérie compétitive du capital qui nous ramène à des descriptions à la Zola dans les conditions du procès du travail d’aujourd’hui.
Il faut revenir à la retraite à 60 ans immédiatement pour tous et à 55 ans pour les professions pénibles.
On rétorque que notre pays n’a plus les moyens de la financer mais quelle honte de dire cela au moment où l’argent coule à flot pour le capital et les banques.
En 1945, dans un pays complètement détruit, Croizat et ses camarades ont apporté la preuve que l’on pouvait créer la Sécurité sociale et mettre en place la retraite solidaire et par répartition.
Alors Président Hollande, ne vous laisser pas attendrir par les discours emberlificoteurs du patronat et de cette bourgeoisie dont le coût de la rémunération de celle-ci en tant qu’actionnaires est une charge insupportable pour l’intérêt général.
Vous êtes au pied du mur et c’est là que l’on voit le maçon : celui qui a du bon ciment pour refaire le construction où celui qui mettra quelques plâtres pour cacher les lézardes.
Ne cachez pas les lézardes par un texte insuffisant, refaites la construction, mettez la à hauteur de 60 ans pour tous.
A bon entendeur salut.
Bernard Lamirand