HOLLANDE PAS D'ETAT DE GRACE
Publié le 13 Mai 2012
PAS D’ETAT DE GRACE
Quel contraste !
Nous sommes partis en Italie juste avant le second tour ( en prenant nos précautions pour un vote par procuration antisarkozysme, merci Christiane et Nelly) et nous rentrons en France avec un nouvel hôte de l’Elysée qui attend que l’autre déménage.
Première chose que je vois, ce sont tous les fils et filles de pute des médias qui courent derrière le promu.
Comme d’habitude.
Rien de bon à attendre de ces gens là : il faudra nettoyer les écuries d’Augias.
Que de dithyrambes sur le nouveau chef de cette cinquième république en déshérence. Chacun y va de son couplet, quelle bande de faux-jetons !
Cela me rappelle l’après 1981 et les premiers mois de la gouvernance Mitterrand où il fallait attendre que le nouveau président gouverne et ait le temps de mettre en œuvre sa politique.
Patatras ! Une année 1981 atone sur le plan des luttes et un réveil douloureux au congrès de la CGT à Lille en 1982 où Mauroy annonce un plan de rigueur qui a ensuite fait des petits jusqu’à aujourd’hui et donc des plans qui se sont enflés jusqu’à cette règle d’or de Merkozy.
Regardons comment cette droite est entrain de jouer fin pour garder la main : Parisot va jusqu’à dire du bien d’Hollande, elle lui propose ses services, des droitiers comme Juppé et Fillon attendent leur heure et font ce qu’il faut pour qu’Hollande reste dans les fondrières qu’ils ont tracés avec Sarkozy et puis les patrons du CAC 40 font risette et veulent coopérer.
La machine capitaliste et libérale sait toujours s’adapter aux formes de gouvernance d’un pays qu’elles soient libérales ou sociale-libérale où sociale-démocrate comme on veut.
L’état de grâce sera un élément majeur pour endormir toutes velléités revendicatives et négocier ensuite le virage vers les politiques européennes dont les experts nous disent qu’elles ne peuvent pas être remises en cause par n’importe quelle gouvernance de gauche sociale démocrate.
Permettre à la nouvelle gouvernance de gagner du temps, telle est la démarche de l’idéologie dominante pour que celle-ci colle à la politique que la droite préfère : l’austérité avec une petite pointe de croissance pour satisfaire le programme du candidat.
Nous aurons dès les premiers jours de la gouvernance Hollande déjà des indices sur sa politique. Nous la connaissons déjà cependant, elle n’est pas la remise en cause du système, ni non plus de faire payer la dette à ceux qui l’ont créer.
Simplement de mettre un peu plus de contributions des plus riches, sans plus, et cela n’atteindra pas les marchés qui actuellement ont d’autres chats à fouetter et notamment la Grèce qui pourrait quitter la zone euro et dire « merde » au capital et aux banques ainsi qu’au FMI comme l’a fait l’Argentine.
Donc pas d’état de grâce avec Hollande, le cortège des luttes doit rapidement se mettre en branle : les socialistes ne connaissent que le rapport de force et les mouvements sociaux qu’ils redoutent et alors ils peuvent bouger sous la force syndicale qu’il faudra mettre en branle rapidement et sans attendre.
L’année 1981 fut perdu par l’état de grâce.
La meilleure façon de se donner de la force c’est certes un groupe « Front de gauche » à l’Assemblée Nationale mais c’est surtout d’engager les luttes rapidement et ne pas attendre la Saint-Glinglin comme en 1981.
Il faut tout de suite mettre en mouvement notre programme et dés cette semaine indiquer à Hollande qu’il doit refuser carrément la règle d’or et exiger que la BCE prête aux Etats à taux zéro l’argent nécessaire pour relancer l’industrie.
Il faut aussi geler tous les plans de licenciements en cours ou à venir.
Il faut que les inspections du travail refusent toutes les mesures de licenciements et de mise à pieds des travailleurs en lutte.
Il faut tout de suite réunir les syndicats pour fixer une forte hausse du SMIC .
Il faut qu’immédiatement la retraite à 60 ans soit remise sur les rails.
Il faut en finir avec les mesures prises contre l’assurance maladie et celles mettant en cause l’hôpital public etc.
En 1981, après l’élection de Mitterrand, je m’étais rendu dans mon ancienne entreprise Usinor Dunkerque pour une prise de parole dans un service où je me suis fait houspiller par les gars qui me reprochaient : « Lamirand, tu viens encore pour remonter la pendule, laisse-les se mettre en place ».
Quelques mois plus tard j’étais accueilli à nouveau mais le langage n’était plus le même : Lamirand, avec ton gouvernement il n’y a rien de palpable.
Alors, ne renouvelons pas l’expérience de 1981, soyons nous-mêmes, des communistes en lutte pour changer ce système et ne croyons pas à la bonne bouille d’un président pour changer quoique se soit.
Il faudra sur chaque dossier des mobilisations fortes.
Bernard Lamirand