HAKIM VICTIME DE LA VIOLENCE QUI VIENT D'UN SYSTEME QUI NIE L'HOMME
Publié le 9 Janvier 2010
HAKIM VICTIME DES CONSEQUENCES D'UN SYSTEME QUI PROMEUT LA VIOLENCE
Hier, en apprenant ce qui s'était passé au lycée Darius Milhaud au Kremlin-Bicêtre, où un élève de 18 ans a été poignardé par un camarade, je me suis dit que l'inhumanité pénétrait l'école après bien d'autres lieux.
Voilà maintenant deux familles qui vont vivre avec ce drame durant toute leur vie.
Un jeune homme est mort et un autre jeune homme s'est détruit pour une querelle amoureuse.
Hakim voulait protéger sa sœur, son agresseur voulait se venger d'avoir été de la sorte éconduit. Combien de conflits de ce genre ont existé à l'école et parfois pour pas grand-chose mais ils ne se concluaient pas par de tels drames.
L'école, haut lieu de l'éducation, l'école de la république, celle dont la raison d'être est de former des citoyens est bien mal en point. A t'elle encore les moyens de faire son travail d'éducation quand on lui supprime des éducateurs, des formateurs, des spécialités éducatives considérées comme inutiles pour aller au travail le plus vite possible.
Pourquoi nos enfants en arrivent-ils aujourd'hui à régler leurs différends par une violence qui devient extrême ?
Les images de la violences y sont pour quelques choses nous dit-on.
Vrai ! Mais est-ce seulement cela ?
Bien sûr notre monde actuel est de plus en plus violent mais il l'était avant. Nous avons vécu des guerres et de véritables boucheries, des répressions féroces, des moments où la violence s'exprimait avec le fascisme, mais l'école de la république nous apprenait la citoyenneté, elle nous aidait à combattre pour la paix et la libération de l'homme de toute oppression et c'était un lieu de respect avec ces instituteurs laïcs.
Aujourd'hui, hélas, c'est l'égoïsme d'une société capitaliste qui apprend à ne plus respecter ces valeurs civilisatrices et qui encourage à bouffer son vis-à-vis. Cette façon de faire pénètre l'école.
J'ai entendu le ministre de l'éducation nationale proposait une minute de silence et l'autre, celui de l'intérieur, s'interrogeait sur les moyens techniques, genre caméras et portiques pour empêcher cette violence de pénétrer dans les lieux scolaires.
Quel aveu.
Des minus.
Convient-il de résoudre les insécurités actuelles par un déluge de caméras, de portiques, de mouchards, de fouilleurs de cartables?
En vérité, ce sont des cataplasmes d'une société de nantis qui se protège mais qui n'a pas comme objet de protéger le citoyen et l'enfant surtout.
L'argent va aux banques, aux riches, à l'école des riches mais de moins en moins pour éduquer, former, vivre ensemble et se respecter.
Cette violence est la résultante de ces politiques menées par ce système qui priorise la concurrence, la domination, la brutalité pour gagner à n'importe quel prix des parts de marché et offrir à une caste de privilégiés les profits les plus élevés. .
Comment croire que l'école pourrait être un lieu de paix quand partout la violence de la classe possédante exprime ses intérêts dominateurs et aliène l'homme au point qu'il redevient un animal dans cette jungle.
Regardons notre école. Elle devient le lieu d'apprentissage du chacun pour soi. La vie ensemble est réduite à sa plus simple expression, l'écolier, le collégien, le lycéen, l'étudiant sont vus comme des futures machines à produire et dans les programmes scolaires, c'est la réduction de tout ce qui pourrait faciliter la vie ensemble, la connaissance de l'homme, de l'histoire des sociétés, bref de la culture.
La violence fait parti de l'éducation que le système donne à nos enfants.
Le chacun pour soi est une forme de violence particulièrement perverse.
La formation limitée strictement à la loi du marché et aux besoins capitalistes en est une autre forme. Elle s'exprime par des telles atteintes que des hommes et des femmes abrègent leur vie au travail.
Le système développe le concept que le besoin de connaitre la philosophie, la politique, le syndicalisme et toute forme de vie collective est inutile pour les besoins de la production: c'est démonstratif de ce qui fait le lit de la haine et du refus de l'autre vu comme un concurrent à détruire où à marginaliser.
L'école de la république est encore un rempart, ce rempart est de plus en plus fragile sous les coups de boutoirs de ces repus du profit.
Ce gouvernement de haine, on le voit actuellement avec ce débat sur l'identité nationale, fait du mal à l'éducation de nos jeunes et montre la mauvais exemple.
Il est responsable de cette insécurité qui touche un lieu sacré: l'école et le devenir de nos enfants.
Hakim, comme son agresseur, sont les
victimes de ce système qui détruit les hommes et qui ne leur offre comme alternative que la loi de la jungle capitaliste.
Oui, aujourd'hui, il faut refaire le monde, un monde reprenant notre belle devise de
la révolution française: liberté, égalité, fraternité.
Bernard LAMIRAND
Samedi 9 janvier 2010