GUERRE D'ESPAGNE SUR LCP
Publié le 6 Février 2010
GUERRE D'ESPAGNE ET AVENIR DU COMMUNISME "DESINFORMATION"
Je résumerai ainsi le film consacré à la guerre d'Espagne sur LCP, ce samedi soir, film retraçant les combats des milices anarchistes du POUM présentées comme les seuls bons combattants victimes des staliniens espagnols.
Rien sur les brigades internationales évidemment.
Dans le débat auxquels participait un historien ayant écrit sur l'échec des communistes, Bessac pour le parti communiste et Henri Weber du PS, le tourne casaque bien connu, ayant séjourné dans le temps aux jeunesses communistes avant de passer à la ligue communiste pour enfin rejoindre le parti socialiste.
J'attendais, à l'issue de ce film, quelques précisions historiques.
Mettre sur le dos du communisme la défaite de l'Espagne républicaine est une divagation historique. Bessac me semblait incapable d'apporter une appréciation sortant de ce postulat édicté par le présentateur que le victoire de Franco était dû essentiellement à la division et à l'affrontement entre communistes et anarchistes et trotkystes.
Que cela est affaibli les forces républicaines, c'est indéniable. Qu'il y eut des exactions, c'est inadmissible. Je ne conçois pas, même dans un contexte particulier, de tels égarements.
Mais le fond de la division avec les anarchistes reposait sur une alliance plus large, celles de toutes les couches du peuple républicain unis pour combattre Franco.
Les brigades internationales comprenaient principalement des communistes mais aussi des démocrates venant d'Europe, de France en particulier avec Marty, Rol Tanguy et autres qui se battaient contre Franco et le fascisme.
La division, incontestable, provenait de ce refus des anarchistes de mener la lutte armée dans le cadre d'un front républicain et d'incorporer leurs milices dans un commandement unifié.
La défaite des armées républicaines espagnoles, c'est plus profond; ce qui a été déterminant vient surtout du refus par l'Angleterre et la France d'aider les forces espagnoles républicaines avec du matériel de guerre moderne et suffisant. De l'autre coté, Franco disposait de l'appui total des nazis et de fascistes italiens qui procuraient canons , avions, mitrailleuses et intervenaient directement comme ce fut le cas avec le bombardement de Guernica.
Aucun des participants ne mit en évidence le choix fait par les classes dirigeantes de laisser tomber l'Espagne à Franco et on était déjà dans la préfiguration d'autres abandons: ceux qui nous conduirons à la défaite de 1940 par les accords de Munich et par ceux qui prônaient ouvertement " plutôt Hitler que le Front Populaire", en l'occurrence le patronat et des politiques et militaires que l'on retrouvera ensuite dans la collaboration.
Mais le pire vint avec le débat.
Le communisme était mort, et nous eûmes droit à un amalgame condamnant le communisme comme une utopie irréalisable et discréditée par les exactions en Union Soviétique de Staline.
Bien sûr que nous avons à nous sortir de cette période douloureuse, mais de grâce, les communistes français n'ont jamais atteint aux libertés et le sieur Weber dans une hargne anticommuniste, au point qu'il mettait mal à l'aise l'historien, se livrât à un "dégueulé" me rappelant la période de la guerre froide.
Qualifier le manifeste communiste de Mars et d'Engels d'un document faisant disparaitre du jour au lendemain la propriété privée, mêlant dans un même moule Marx, Lénine, Mao, Pol Pot, cela tombait dans la divagation la plus totale.
Ne se sentant plus pisser, le Weber mis au compte de la social-démocratie les grandes conquêtes de la libération, cela relevait de la malhonnêteté politique. Bessac t'aurais pas dû laisser passer au moment ou nos acquis de 1945 sont attaqués dans leur fondement.
Qualifier Marx d'adeptes du "tout nationaliser" révèle le peu de connaissances des œuvres de Marx de la part de cet individu qui ne voit, face au capitalisme, que la réforme.
Pour ainsi dire, ce qu'ils ont fait depuis des années, et qui nous a conduit à ce libéralisme qui a gagné toute l'Europe avec l'échec de la sociale démocratie.
J'aurais pensé que Bessac aurait été plus net: d'abord en rappelant que les communistes français n'ont pas à rougir de leur histoire, eux au moins ils n'ont pas trempé dans les guerres coloniales, et de dire aussi que ce communisme aujourd'hui est la réponse à la crise d'un système qui appauvri, tue, affame, atteint à la démocratie et que ce système on ne le réforme pas on le change dans des combats tous les jours.
Ensuite pour mettre en évidence tout ce que le marxisme peut recéler dans l'analyse économique pour dépasser ce système.
Il l'a fait timidement quand il a mis en évidence le retour à Marx en ce moment où la crise frappe des millions d'hommes et de femmes. Ouf…
Bernard LAMIRAND