DECLARATION DE BERNARD THIBAULT MEETING AVEC SOS RACISME

Publié le 22 Mars 2012

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index-copie-4J’ai plaisir à vous accueillir aujourd’hui à la Bourse du Travail de Montreuil pour ce meeting co-organisé avec nos amis de SOS RACISME. Je cèderai la parole dans un instant à Dominique SOPO, son Président.

Nous avons conçu cette rencontre comme un moment de rassemblement d’organisations et de personnalités qui, en ce jour de lutte contre le racisme et les discriminations, réaffirment leur détermination à défendre des valeurs humaines et républicaines trop souvent malmenées.

Bien sûr, nous n’imaginions pas le contexte si particulier dans lequel nous nous rencontrons ce soir.

Depuis plusieurs jours, le pays est plongé dans une atmosphère particulièrement pesante, générée par l’assassinat de plusieurs personnes, dont des enfants, issues de familles de confession juive.

Le premier sentiment est celui de la compassion à l’égard des familles endeuillées et de leurs proches.

Nous respecterons ensemble une minute de silence dans un instant.

Le deuxième sentiment est à l’inquiétude quant aux répercussions possibles que des crimes aussi odieux peuvent entraîner compte tenu des amalgames qu’il sont susceptibles d’alimenter dans cette période électorale.

Les forces antiracistes ont, à cet égard, une immense responsabilité à assumer pour porter un message d’espoir et de lutte contre toute forme de racisme, d’antisémitisme, qu’il soit criminel ou plus banal, dans l’entreprise comme dans la cité.

Nous avons l’habitude de dire que le racisme, ça se combat. Nous devons élever plus haut encore notre combat, contre la banalisation des idées qui portent en elles le racisme qui se masque désormais derrière le concept de « préférence nationale ».

La « préférence nationale, c’est l’organisation de la discrimination dans le travail, dans le logement, dans la vie sociale ! C’est la création de salariés de seconde ou de troisième zone ! La « préférence nationale » est contraire aux textes internationaux, elle est contraire aux fondements de notre République, elle est contraire aux valeurs fondatrices du syndicalisme et de notre CGT en particulier ! Nous la combattons de toutes nos forces.

Oui, le racisme, c’est d’abord un combat sur des valeurs.

Le syndicalisme a de nouveau été confronté à une volonté d’instrumentalisation de son action par le Front national. Nous avons réagi en 2011 à l’unisson pour affirmer que le thème de la préférence nationale est antinomique avec les valeurs de solidarité qui sont au fondement même du syndicalisme.

La CGT a publié un argumentaire et multiplié les rencontres à l’intention des militants pour combattre les thèses du Front national qui, comme dans d’autres pays d’Europe, prétend exploiter les peurs et les désarrois sociaux pour enfermer la société française dans un repli identitaire, liberticide, discriminatoire et raciste.

Il n’est pas excessif de comparer ce phénomène à la montée du fascisme dans les Années 30 en Europe. La crise économique et les dégâts sociaux qu’elle provoque est, et a toujours été, le terreau des mouvements xénophobes qui auront d’autant plus de succès si on ne s’attaque pas aux véritables causes de la crise du système capitaliste.

La banalisation du racisme et de formes plus ou moins subtiles de xénophobies à des fins électorales n’est ni l’apanage du Front national ni cantonnée à la France. Ce phénomène européen a connu en France des développements inquiétants ces dernières années.

Rappelons nous les scandaleuses expulsions de Roms en 2010 à la suite du discours de Grenoble du président de la République.

Plus près de nous, la surenchère nauséabonde autour des modes rituels d’abattage des bovins n’avait pas d’autre but que de rabattre les électeurs.

Je n’oublie pas les prétendus dangers pour notre République que créerait le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales !  Dans les entreprises, les salariés étrangers peuvent être élus comme DP ou comme membres des Comités d’entreprise. Cela ne pose évidemment de problème à aucun salarié.

Dans les villes, les salariés issus de l’Union européenne ont déjà le droit de vote aux élections locales. Cela ne pose pas non plus problème.

Cette banalisation du racisme à des fins électorales est moralement choquante. Elle est aussi politiquent dangereuse car, sous prétexte de disputer des voix au Front national, on ne fait que donner du crédit à ses thèses. Je relève que depuis ce matin, Marine Le Pen relance à grand fracas son offensive pour tenter d’imposer les thèmes de l’immigration, de la sécurité, de l’islam et de la peine de mort au centre de la campagne électorale.

Alors, assez de stigmatisation, assez de division !

La CGT est déterminée à poursuivre le combat de façon résolue et argumentée contre le racisme sous toutes ses formes, dans le travail comme dans la cité.

Nous combattons en fait pour l’unité des salariés. La frontière n’est pas entre « nationaux » et « mondialistes ». Elle est encore et toujours entre employeurs et salariés, quelle que soit l’origine ou la couleur de peau.

Avec 11 organisations syndicales et associatives, dont beaucoup sont présentes aujourd’hui, nous luttons pour la régularisation des travailleurs sans papiers. Je salue la présence ici de travailleurs enfin régularisés et d’autres pour lesquels le combat continue.

Ces travailleurs qui occupent des emplois en France, souvent dans des métiers difficiles, sont dans une situation, par définition, d’une extrême précarité.

Agir pour que leur situation soit régularisée, c’est mettre de l’ordre social et empêcher que des employeurs puissent faire du dumping social sur notre territoire. C’est mettre un terme à des situations humainement inacceptables. C’est un combat syndical pour la dignité.

C’est un combat difficile mais nous allons le poursuivre, avec d’autres organisations.

Notre combat antiraciste, c’est aussi celui contre les discriminations dont sont victimes les salariés, français pour la plupart, qui appartiennent à ce que l’on nomme bizarrement les « minorités visibles ». Faut-il être « blanc » pour être invisible ?

Accès au travail, reconnaissance des diplômes, déroulement de carrière, nous savons bien que rien n’est simple quand on n’est pas un « français de souche », comme dirait le Front national.

Les syndicats dans les entreprises sont de ce point de vue des points d’appui essentiels pour faire reculer ces discriminations.

Nous sommes prêts à travailler avec toutes les forces syndicales, associatives antiracistes pour faire avancer cette problématique. C’est un combat de longue haleine. Il doit être mené avec obstination pour qu’enfin l’égalité et la fraternité qui ornent les frontons de nos édifices publics retrouvent tout leur sens dans notre pays.

Encore une fois, bienvenue à toutes et à tous au siège de la CGT.

Que cette soirée contribue utilement au combat antiraciste.  ¢

Rédigé par aragon 43

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