CREIL -SENLIS-CLERMONT L'HOPITAL PUBLIC EN DANGER
Publié le 23 Janvier 2010
Je suis adhérent du comité de défense de l'hôpital de Creil et je participe à la lutte engagée par les usagers et le personnel pour son devenir ainsi que ceux de Senlis et de Clermont.
Les hôpitaux publics doivent être à la hauteur des besoins des patients, et en ce moment, tout est fait pour restreindre les moyens de soigner dans de bonnes conditions les patients et de rendre responsable les personnels des mauvaises orientations de la droite qui casse la santé de tous pour une santé profitable.
Un proverbe dit: "la santé n'a pas de prix"; avec ces gens là, la santé à un prix, de plus en plus cher, et de ce fait de l'injustice et de l'inégalité devant la maladie. Pour eux, c'est une marchandise qui doit rapporter, "rapporter gros", tant pis pour ceux qui ne peuvent être profitables du fait de leurs pauvres moyens financiers.
Actuellement, la loi Bachelot exerce cette approche, faire de l'hôpital publique un lieu de rentabilité où le patient devient un client, l'exercice médical devient une marchandise qu'on vend dans une concurrence effrénée entre la structure publique adoptant de plus en plus des critères de gestion privée et le domaine privée qui s'installe, y compris dans l'hôpital publique, pour se faire du fric sur le dos des malades.
La fusion d'hôpitaux a ce but: créer partout des pools profitables en restructurant les activités pour les rendre plus rentables aux capitaux privés dans et hors de la structure de l'hospitalisation publique. Ces regroupements diminuent les équipements, les personnels, les possibilités de soins appropriés à chaque patient, l'accompagnement des malades, ils amplifient les délais pour être hospitalisé, pour des rendez-vous, pour les trajets pour s'y rendre, pour les visites.
Plus grave encore, ils organisent le tri des malades entre ceux qui auront les moyens de se payer des spécialistes à tarifs outranciers pour être servi au plus vite et ceux qui attendront et resteront là, plantés, attendant un rendez-vous.
Le pire, pour les patients de Creil, de Senlis, de Clermont, n'est pas encore arrivé mais il se dessine déjà, c'est les urgences. J'y suis allé la semaine dernière à Creil, je suis arrivé le soir vers 20h30, je n'ai pu bénéficié auparavant d'un docteur SOS médecin, tous étant surchargés, j'ai été reçu par un personnel médical des urgences compétent mais débordé; nous étions plusieurs dizaines à attendre dans le couloir que les médecins nous auscultent, ils étaient peu pour un tel nombre. De voir toute ces souffrances stationnées comme des voitures dans un embouteillage est indigne de la France. J'ai été ausculté et soigné vers 3h30 du matin, j'ai pu observé toutes ces arrivées d'ambulances conduisant des malades, des cas difficiles, de la misère humaine, celle-ci s'étalait au vu et au su de tous, sans moyen d'assurer une vraie discrétion, et tout ce personnel, médecins, infirmiers(es), aides médicales faisait son possible, admirablement, dans des conditions inadmissibles pour les patients. On doit leur tirer le chapeau.
Au comité de défense, nous savons maintenant que les adeptes des centres de profits pour nos hôpitaux publics veulent regrouper en un seul hôpital toute la partie sud de l'Oise.
Dans mes pérégrinations de la nuit des urgences de Creil, j'ai observé ce va et vient de malades admis aux urgences de Creil et venant aussi de Senlis pour grossir le flot des urgences de Creil. Des malades s'offusquaient de la situation qui leur été faite, l'impatience et l'énervement régnait au fil des heures, certains mettaient en cause le personnel, j'ai discuté avec certains d'entre eux, ils ne savaient pas que leur venue à Creil était la résultante de cette volonté du pouvoir de réduire les services publics, de réduire les moyens de santé, de supprimer des lits. Je leur ai dit que demain serait pire si tout était regroupé aux urgences de Creil et que dès lors les attentes ne seront plus dans les couloirs mais chez soi, au bout du téléphone pour avoir une place qui viendra de plus en plus tard, très tard, trop tard.
Il y a une grande bataille à mener comme le dit le Secrétaire Général de l'UD CGT de l'Oise pour non seulement dénoncer mais proposer le développement des services hospitaliers dans ce bassin creillois , dans cette partie sud de l'Oise où l'on voit se profiler à toute vitesse une médecine pour les riches sous la houlette du ministre du budget Woerth et une médecine des pauvres qui attendront et trouveront le temps, trop long, trop long, de plus en plus long pour être soigné.
Fermer Senlis et Clermont, entasser à Creil, sélectionner les malades rentables pour le privé, voilà ce que nous prépare l'application de la loi Bachelot.
Un camarade disait, lors de la réunion du comité de défense, que ce débat devait prendre une autre tournure et notamment dans les entreprises où les salariés pourraient être un vecteur important de ce combat pour redonner à notre système de santé public toute l'importance qu'il doit avoir.
Je partage cette opinion.
Je partage aussi que le rassemblement de toute la population se gagnera par un travail autour du développement des services publics qu'ils soient de la santé, de l'enseignement, de la poste etc..
Mais je pense aussi que chacun à un rôle à jouer, le syndicalisme, les comités de défense et je rejoins Paul Cesbron dans cette idée que chacun peut apporter sa pierre à cette grande bataille pour une santé publique non inféodée à l'argent et aux profiteurs vivant sur le dos des patients et de la sécurité sociale. Défendre et proposer disait-il; je partage….
Alors, en tant que comité de défense, nous avons un rôle à jouer, créer les conditions de la mobilisation de toute la population, ce n'est pas facile, ce n'est pas en disant que la population sait mais qu'elle subit et qu'elle n'est pas en mesure de se mobiliser que les choses avanceront dans le bon sens.
Le fatalisme est la pire des choses.
Il ne faut pas faire peur non plus, il faut que la population ait toutes les données de ce qui se trame, avec des hommes et des femmes chargées d'exécuter les basses besognes pour le compte de Bachelot, pour orienter vers une santé à l'américaine.
Ces gens là sont dangereux pour notre santé, pour nos enfants, pour nos parents et grand parents, pour ceux victimes d'accidents du travail ou de conditions de travail.
L'hôpital public appartient aux citoyens, elle ne peut appartenir à cette caste de financiers, d'énarques, d'acolytes des intérêts privés.
En ce sens, il faut faire régner la démocratie et l'hôpital public doit être celui de la population concernée par ses élus, par ses syndicats, par les professionnels de santé.
Organisons des meetings de santé partout, dans les quartiers, dans les comités d'entreprises, mettons les salariés et l'ensemble de la population dans le coup.
Cela changera bien des choses
Bernard LAMIRAND