COMMUNISTE 21EME SIECLE CR DE LA PREMIERE CONFERENCE DE L'ASSOCIATION BERNARD DE LA SALA
Publié le 1 Mai 2011
Association Bernard DE LA SALA
Compte rendu succinct de la soirée débat du 31 Mars 2011
Thème :
Les idées communistes ont-elles une place dans ce 21ème Siècle ?
Le 31 Mars 2011, 28 amis (es) et camarades, se sont retrouvés au sein de l’association Bernard De La Sala, pour échanger et débattre sur le thème : Les idées communistes ont-elles une place dans ce 217me siècle ? Pour apporter des éléments de réflexion, l’Association a invité Arnault SPIRE, philosophe et journaliste,
La rencontre commence par la mise en place de la présidence de la réunion afin d’animer les débats en toute liberté d’expression, que l’on soit ou non communiste, la parole est libre et à chacun d’en tirer les enseignements qu’il souhaite bons pour sa propre réflexion.
La présidence est confiée à Paul CESBRON qui après une très courte présentation de la soirée donne la parole au Président de l’Association Bernard LAMIRAND.
Bernard LAMIRAND, présente l’association qui n’est en aucun cas, « une mouvance ou une opposition au Parti Communiste », et son but qui est de permettre aux communistes et à d’autres de débattre de sujets de fond sur un thème donné. « Voir ci-joint Introduction de Bernard LAMIRAND » *.
La présentation du Président effectuée, Paul CESBRON, donne la parole à Karim BOUKHACHBA en charge de la présentation du thème de la soirée :
Le communisme dans le XXIème Siècle.
Pour moi le communisme est une conception de la vie, qui doit permettre l’émancipation sociale.
Aujourd’hui le communisme s’est affaibli et cela depuis la chute du mur de Berlin, ce qui a laissé place à l’émergence du libéralisme économique dans sa phase la plus terrible. Cela crée des effets humains catastrophiques avec la paupérisation dramatique de la population aux profits de l’argent et du développement du capitalisme.
L’histoire montre les dérives du capitalisme qui a indirectement produit beaucoup de morts, mais on nous parle rarement de ses échecs et on ne compare pas le capitalisme à une dictature.
D’ailleurs on peut constater que les démocraties qui ont encouragées le libéralisme n'ont rien gagné.
La crise actuelle est une preuve de la limite du capitalisme.
On peut constater que pour sa survie le capitalisme s’oriente vers une doctrine plus extrême.
La politique des parties de droite dite « traditionnelle »reste à disposition du patronat et du capitalisme s’orientant vers des pratiques extrémistes.
Le capitalisme ne garantit en rien un avenir progressiste dans l’immédiat et dans l’avenir.
Nous constatons aussi que le communisme souffre d’un affaiblissement dû aux parties dit « socialiste » ou « socio démocrate », ces parties s’orientent de plus en plus vers une idéologie « socio libéral », je rappelle que dans leurs statuts ces parties prônent l’accompagnement du système capitaliste. Cela veut dire qu’ils renoncent à abolir le système capitalise et ses dérives désastreuses.
Ces constats n’engagent que moi mais le PS incarne ce changement.
Pourtant je pense que la situation n’est pas aussi désastreuse. On peut le constater au niveau mondial notamment avec le recul et l’échec patent du libéralisme fou. Des pays où l’on croyait le communisme mort du fait de leur histoire ont démontré le maintien des parties communistes.
Ces parties reviennent et reprennent du terrain.
De plus, du fait de la crise on voit apparaitre des résistances comme en Grèce, au Portugal…avec une idéologie anticapitaliste.
C’est pour cela que le communisme a toute sa place dans notre société pour enfin détruire ce système. Pour cela il doit revoir son mode de communication et doit être compris de tous.
Il faut revenir sur l’espoir et un projet commun où toutes les composantes de la société pourront se reconnaitre.
Le communisme a un passé très lourd à porter pour les nouvelles générations, il faut absolument réinventer une histoire plus adapter à l’image de la population actuelle où tout le monde pourra s’identifier.
Enfin je pense qu’il faut réconcilier le communisme avec la population en créant un outil pédagogique. Il expliquera les batailles sociales qui ont été menées par une fraction des salariés contre le patronat, mais aussi les actions menées politiquement par les parties politique qui se sont battues pour des avancées sociales comme la sécurité sociale, les congés payés ….
Il faut être un recours pour la nation solidaire: le communisme doit être capable de rassembler, au nom de la cohésion sociale pour prendre une dimension historique.
LE COMMUNISME doit permettre de lutter contre le capitalisme et ses dérives, il doit permettre l’aboutissement de la justice sociale, il condamne les inégalités sociales et l’exploitation de l’homme par l’homme, il défend le progrès social, et il prône l'avènement d'une société égalitaire, sans classes sociales. Voilà ce qu’est le communisme dans notre siècle.
Karim Boukhachba
Le débat est lancé, après la présentation du Thème par Karim, Paul CESBRON donne la parole à notre invité Arnaud SPIRE, qui nous expose en tant que philosophe la vision du communisme :
Intervention d’Arnaud SPIRE :
INTRODUCTION
La démocratie, si on s’en tient à son étymologie grecque, devrait être le pouvoir du peuple. Mais aucun peuple n’a décidé ni de la financiarisation du capitalisme, ni de la mondialisation. Il existe donc une différence dans le temps et des limites spatiales entre ce qu’est le réel et ce que veulent les peuples.
Je ne vous parlerai donc pas du communisme en termes de résidu, ni de dérives de ce qu’on a nommé à tort le communisme dans les pays socialistes, ni non plus en termes de prolongement déterministe de la découverte par Marx d’un système à appliquer, ni non plus en termes de courant de pensée théorique dont les fleurs théoriques seraient multiples. Le marxisme ne consiste pas à répéter Marx, (la pire maladie théorique pour ce dernier était le psittacisme, c’est-à-dire la maladie de ceux qui ont été mordus par un perroquet). Cela ne signifie pas qu’il n’y aurait pas aujourd’hui un nouveau cycle pour le marxisme après celui qui va de la mort de Marx en 1883 à l’effondrement de l’URSS en 1991. Bref, le marxisme n’a aucune raison de ne pas entamer un second cycle et dans ce domaine il n’y a pas de coexistence pacifique (consensus) pour la théorie.
Je me permettrai simplement de vous rappeler cette définition écrite en 1846 par les deux copains Marx et Engels mais connue seulement en 1931 dans la traduction française de « L’Idéologie allemande » : « le communisme est le mouvement qui abolit l’état de choses existant ». Ainsi conçu, le communisme ne risque ni de disparaître, ni de caractériser une période transitoire de l’histoire. Il est lié à une conception matérialiste et dialectique du monde, c’est-à-dire d’un monde objectivement en mouvement. Il ne peut s’incarner dans un état de choses données, ni non plus dans un Etat qui organise la société, et le réduire à un idéal en ferait une utopie, ce qui ne signifie pas que les communistes n’ont ni morale, ni idéal. On pourrait concevoir le mouvement du communisme comme le mouvement d’un horizon qui s’éloigne et qui change lorsqu’on s’en approche. On a toujours un horizon devant soi. Le communisme, c’est le mouvement émancipateur de l’humanité dans le monde.
Marx n’est pas « un » philosophe, « un » historien, « un » économiste, « un » politologue, « un » sociologue, ni même un savant de première grandeur dans chacune de ces disciplines. Encore moins peut-on le considérer comme un universitaire de talent qui aurait préparé un bon plat multidisciplinaire cuisiné avec tous ces ingrédients. Marx se situe d’emblée bien au-delà. Il initie la critique radicale des temps modernes et d’abord celle du monde réel tel qu’il devient. Cette critique radicale du capitalisme exige et permet de découvrir le fondement de l’aliénation marchande, de l’exploitation du travail et de la domination de classe. Les trois étant indissociables.
MARX ET LES DEUX LOIS TENDANCIELLES DU CAPITALISME
Au fond, l’œuvre maîtresse de Marx, pourrait se résumer en deux lois : la loi de la valeur (Livre I du Capital, chapitre I), et la loi de la baisse tendancielle du taux de profit (chapitre XIII : la loi, chapitre XIV : les causes qui la contrecarrent, chapitre XV : les phénomènes dans lesquels elle s’exprime). La valeur de la marchandise, c’est le temps de travail socialement nécessaire passé pour la produire : les matières premières, les instruments de travail, le savoir-faire des hommes qui les utilisent. Et la baisse tendancielle du taux de profit, c’est qu’à chaque cycle de la mise en valeur du capital, une fraction de plus en plus grande de la plus-value est socialement transformée en capital mort.
C’est ainsi qu’il y a suraccumulation de capitaux et dévalorisation des produits du travail vivant, d’où la compression permanente des salaires considérés à tort comme un coût par le capital.
Bien sûr, ce sont « les hommes aux écus », ceux qui possèdent le capital, qui décident, avec un Etat à leur service, de refaire vivre le capital mort, en le réinvestissant dans du capital vivant. On peut donc affirmer, sans grand risque, que les capitalistes creusent leur propre tombe dans la mesure où ils ne prennent pas les décisions nécessaires pour réinvestir dans des domaines productifs la valeur qu’ils ont confisquée. (La seconde révolution industrielle, dite parfois révolution informationnelle), inaugure le règne des marchandises dont le prix baisse en fonction de l’accentuation de leur diffusion. L’objectif vital des capitalistes est de tempérer la tendance à la baisse du taux de profit. On peut imaginer que toutes les ressources de la planète ayant été transformées en marchandises, il ne leur reste plus qu’à transformer le moyen de circulation des marchandises qu’est l’argent, en solution finale. C’est pourquoi, on dit couramment depuis Marx, que les capitalistes, au fur et à mesure qu’ils se développent creusent leur propre tombe. Le progrès social, la consommation augmentent la circulation des marchandises mais diminuent le taux de profit. C’est leur contradiction. Ce qui intéresse le capitaliste, ce n’est pas de satisfaire les besoins du peuple, mais de ralentir la baisse tendancielle du taux de profit. Cette analyse est généralement plus ou moins mal connue de ceux qui se réfèrent à Marx. Elle recouvre surtout une très grande variété de rapports concrets entre le capital et le travail (la propriété industrielle, l’exportation de matières premières, l’actionnariat, la rente foncière et la plus-value impérialiste).
L’ARGENT COMME MOYEN PUIS COMME FIN
|
L’argent, qui avait pour vocation initiale de faciliter les échanges, voit aujourd’hui sa fonction paradoxalement contredite par la domination qu’exercent les marchés financiers sur le globe. Alors qu’il n’était qu’un moyen au service de la circulation et de la distribution, il devient progressivement à lui-même sa propre fin et voit sa fonction s’inverser.
Les monnaies nationales qui étaient comme des langues communes servant à faciliter les échanges deviennent autant d’obstacles à l’organisation rationnelle des sociétés.
L’assignat, ou le billet de banque, a progressivement remplacé l’or. Il en va de même pour la création de l’euro comme monnaie unique visant à concurrencer l’hégémonie de la monnaie commune, le dollar. L’idée que « le monde n’est pas une marchandise à vendre », si elle relève d’une bonne santé principielle, semble promettre un réveil brutal pour les utopistes du XXIème siècle. Dans le cadre de la conception capitaliste de la mondialisation, la tendance est indéniablement à l’extension des marchés et à leur mise sous tutelle par la finance. C’est ainsi qu’apparaissent des marchés financiers ou bulles financières sans marchandise. La gratuité, pour autant qu’elle ait jamais été définitivement conquise dans un seul secteur de la société (on paye déjà pour l’eau, paiera-t-on un jour pour l’air qu’on respire ?), est aujourd’hui traquée par le capital financier dans les moindres recoins de civilisation. L’attribution au secteur privé d’un nombre grandissant de missions de service public va dans ce sens. Certes, il importe de s’opposer par tous les moyens à ce processus de marchandisation généralisée. Mais il faut bien voir les limites de cette résistance tant que sévira la plus cruelle des marchandisations, celle des êtres humains (force de travail) qu’accélère et intensifie le processus de mondialisation du marché du travail.
La puissance de la force de travai,l ou le potentiel d’activité d’un individu, continue de constituer de nos jours la seule marchandise qui, dans tous les cas, coûte moins à acheter pour son propriétaire qu’elle ne lui rapporte par la suite. Ce n’est fondamentalement qu’à la condition de s’approprier les vivantes capacités manuelles et intellectuelles d’êtres humains que le capital financier peut, comme on le disait jadis de l’argent, « faire des petits ». L’argent se transforme alors en capital.
QUE DES LOIS TENDANCIELLES
On devrait même, pour être plus concis, résumer l’œuvre de Marx en une seule loi : c’est qu’il n’y a pas de loi scientifique qui s’applique absolument. Il s’agit plus précisément de tendances sur la longue durée qui se réalisent au-dessus ou au-dessous de ce qui est prévisible. Exemple : le prix qui est au-dessus ou au-dessous de la valeur et le salaire qui vise à la reproduction la plus économe possible pour le capitalisme, de la force de travail. C’est ce qu’on appelle le taux d’exploitation. Ce caractère tendanciel des lois donne lieu à des inégalités de développement, d’où des bifurcations dans l’espace (surface) et dans le temps : exemple la logique de l’horizon qui est toujours là et jamais le même.
Ce qui émerge de la critique radicale du capitalisme par Marx, c’est le concept de valeur qui permet de saisir les lois tendancielles qui commandent la reproduction d’un système.
Etre communiste, c’est poursuivre l’œuvre, amorcée seulement par Marx, quand bien même cette amorce a été d’une puissance inégalée, dans des conditions historiques données et toujours nouvelles. Ce qui interdit bien sûr de penser la révolution en termes d’Etat, d’idéal, et a fortiori de modèle, voire même comme un moment de violence. Une révolution peut se produire dans la civilité, c’est-à-dire la non-violence ou la violence réactive, Gandhi ou Lénine. Il y a donc un processus de révolution des révolutions qui accompagne et dépasse les limites du capitalisme. L’important, c’est d’introduire perpétuellement dans la théorie le point de vue de la pratique et par conséquent de rester ouvert à toute nouvelle forme, globale ou partielle, de pensée du progrès. Bien creusé, vieille taupe. Cela demande de la part des marxistes une aptitude extraordinaire à l’ouverture. Il n’y a pas de système à fermer.
LA LUTTE DE CLASSE
La lutte de classe n’est pas une question de propriété, ni de revenu, ni même d’intérêt. La classe, pour Marx, n’est pas un concept sociologique mais un rapport social caractérisé par une unité de contraires irréconciliables, fusse dans sa résolution. On ne saurait réduire l’appartenance de classe au mode de vie qu’est la prolétarisation croissante des couches salariées, sous peine de ne pas comprendre le caractère universel des représentations idéologiques.
LE COMMUNISME
Il y a bien sûr des caractéristiques essentielles communes à toutes les formes de communisme ayant existé.
C’est de cela dont je vais commencer par vous parler.
Pour exister, cet horizon doit se manifester. Il est donc à exprimer par ceux qui s’en réclament (sous peine d’être « messianique » ou « spectral »). Ce qui n’est pas le cas du capitalisme qui existe dans, par et à travers sa crise. Comme je vous l’ai déjà dit, le communisme est une visée et non une identité. En tant que visée identitaire, le communisme aliène ce qu’il porte d’universel dans la nation (l’Etat-souverain).
Pour rompre avec la forme des questions qui contiennent leurs propres réponses (Lettre à Arnold Ruge, 1843) : Le communisme se situe dans le mouvement réel de l’histoire : « Nous n’anticipons pas sur le monde de demain par la pensée dogmatique. Nous ne disons pas au monde, à genoux, voici la vérité ! Au contraire, nous ne voulons fonder le monde nouveau qu’en termes de critique de l’ancien. » C’est pourquoi il s’agit de penser de façon révolutionnaire le rapport entre l’ancien et le nouveau. Ce n’est pas une fois parvenu dans une nouvelle société que l’on jettera un regard nostalgique sur le passé. Mais c’est dans le présent que le révolutionnaire s’efforce de discerner la nouveauté qui préfigure l’avenir.
« Jusqu’ici les philosophes gardaient dans leurs tiroirs la solution de toutes les énigmes. (…) Si construire l’avenir et dresser des plans définitifs pour l’éternité n’est pas notre affaire, ce que nous avons à réaliser dans le présent n’en est que plus évident. » C’est pourquoi le communisme ne saurait avoir pour seul caractère distinctif l’abolition des rapports de propriété et la généralisation de la propriété sociale des grands moyens de production et d’échange.
Croire à la vertu décisive d’un pur transfert de propriété économique – autour de quoi s’est construit, très en-dessous de Marx, le concept traditionnel du socialisme - est « indigent ».
« En fait, le royaume de la liberté commence seulement là où on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l’extérieur. Il se situe donc par nature au-delà de la sphère matérielle de production proprement dite. » (Capital, livre III).
L’ancienne définition du communisme (dite marxiste-léniniste) demande aujourd’hui à être actualisée. La socialisation des grands moyens de production et d’échange ne saurait s’effectuer dans le cadre des institutions et idéologies, des superstructures qui confortent la base capitaliste de la société. Il faut donc combler ce que d’aucuns appellent le « trou noir du pouvoir » chez Marx.
La minorité doit-elle se contenter de se plier aux lois de la majorité, sans possibilité d’épanouissement humain pour elle ?
Comment réaliser la démocratie ? La lutte de classe doit être orientée vers la construction d’institutions pour le peuple tout entier. Il est d’ailleurs significatif que tous les Etats socialistes et les partis communistes se soient sentis mal à l’aise avec la notion de dictature du prolétariat et y ait substitué, ce qui est moins connu, l’Etat du peuple tout entier. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Ici se pose la question de savoir si le communisme en tant qu’horizon logique peut être réalisé de façon durable dans un seul pays.
Il faut non seulement étendre au maximum le champ de la gratuité par l’instauration d’un revenu d’existence universel non lié au temps de travail, mais exclure de la prise du pouvoir non seulement le cumul des mandats, le non-vote des immigrés et les inégalités hommes-femmes, mais aussi généraliser une véritable concitoyenneté pour chacune et chacun, c’est-à-dire le fait pour chacun d’être à chaque instant éligible et démissible. La démocratie représentative ignore la toxicité du pouvoir, la démocratie participative fait participer à des décisions déjà prises au sommet. La démocratie directe n’est envisageable qu’une fois la hiérarchie renversée. Enfin, l’autogestion ne saurait se mettre en place dans le cadre de la concurrence de chacun contre tous. Des conditions technologiques existent aujourd’hui pour assurer la permanence de ce que la République appelle le compte rendu de mandat.
Il s’agit là d’un bouleversement que seuls ceux qui ont été habitués par leur travail à transformer la matière, peuvent envisager comme possible. Il faut ajouter à cela que pour un besoin satisfait, de nombreux nouveaux besoins surgissent, sans pour autant que soient forcément réalisés les désirs singuliers. C’est seulement dans cette perspective que peut être envisagé le développement harmonieux des personnalités.
Je voudrais avant de terminer ce trop schématique exposé, tirer de l’air de liberté qui souffle sur les pays arabes, deux ou trois enseignements :
- D’abord, il n’est au pouvoir de personne de s’opposer durablement à ce qu’un peuple entier exige. Exemple, personne n’avait prévu la chute du régime de Ben Ali en Tunisie, cela signifie donc que l’imprévisible existe. On appelle cela un événement déclencheur de bifurcation.
- L’islam. La religion n’est pas forcément ce qui unit ou ce qui divise un peuple. Les croyants authentiques refusent de plus en plus nombreux l’instrumentalisation politique de leur foi (théologie de la libération, rejet de l’islamisme par l’islam lui-même, méfiance grandissante vis-à-vis des intégrismes qu’elles qu’ils soient). Le conflit des civilisations ou les « effets dominos » doivent être renvoyés aux oubliettes des spéculations idéologiques conservatrices de l’ordre existant.
A cela, s’ajoute le fait que le communisme n’est plus sur la planète un Etat, ni plusieurs (Cf. le glacis soviétique) mais enfin un mouvement aussi perpétuel que l’horizon qui recule au fur et à mesure qu’on s’en rapproche. Sur la planète le communisme n’est plus un état à atteindre mais une visée à réinventer que les peuples doivent s’approprier, et la visée de ce que les peuples s’approprient objectivement doit être reliée au communisme en tant que mouvement. Exemple : l’obtention des congés payés, le droit d’être rémunéré quand on est malade (la Sécurité Sociale), le coût du transport au travail financé partiellement par les patrons, etc.
Aujourd’hui en France, tout le monde devrait connaître le principe du programme d’ores et déjà partagé sur certains aspects par un puissant mouvement populaire. Les dix millions de personnes qui ont manifesté un jour ou l’autre pour le maintien de la retraite à 60 ans à taux plein, n’ont-ils pas eu l’intuition qu’il s’agissait d’un enjeu civilisationnel ? Idem pour le rejet de l’Europe libérale, comme pour la retraite à 60 ans à taux plein.
La démocratie qui signifie le pouvoir du peuple viendrait alors progressivement combler le trou noir du pouvoir chez Marx. Il ne s’agit pas de prendre le pouvoir à la suite de violences ou de consultations électorales mais de le rendre à ceux qui ne l’ont jamais exercé et peut-être généreusement à ceux qui ne l’exercent plus. Pour cela il faut renverser et révolutionner les institutions, et en faire de nouvelles. La démocratie représentative, la démocratie directe ou l’autogestion précisent ce que voulaient dire les marxismes de l’époque précédente lorsqu’il s parlaient de citoyens et de citoyennes tous éligibles et démissibles (la Commune).
Une question se pose de façon aiguë : pourquoi le populisme en Europe se cristallise-t-il en tendances d’extrême droite et en xénophobie ?
On sait qu’un peuple qui en opprime d’autres ne saurait lui-même se libérer.
La question est donc posée de savoir si le droit international ne devrait pas être fondé sur l’humanisme nouveau qu’est le communisme.
Le développement de chaque personnalité est la condition du libre développement de tous. Nous avons lu à l’envers : « A la place de l’ancienne société bourgeoise avec ses classes et ses antagonismes, surgit une association dans laquelle le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous. » (Manifeste).
Arnaud Spire
21 mars 2011
N.B. - C’est donc de ce pouvoir de s’approprier la force de travail en échange d’un salaire direct le moins élevé possible qu’il faudrait priver les marchés financiers : rendre le pouvoir capté par l’Etat, à tous ceux qui ne l’ont jamais exercé. Et cette perspective ne peut se concevoir sans une transformation profonde de la société, des mentalités et de l’idéologie utilitariste qui assure la prédominance de la rentabilité financière sur l’efficacité économique et sociale. Pourquoi seul ce qui est immédiatement utile ou rentable aurait-il d’ailleurs le droit à l’existence dans un monde très libéral où le calcul tend à se substituer à la pensée ? Nous retrouvons là, sous une forme moderne et plus concrète, la traditionnelle perspective communiste de l’abolition du salariat, de l’institution de la gratuité pour un maximum de biens et de services, et du dépérissement de l’Etat jusqu’à sa disparition.
Débats
A partir de l’exposé, les échanges commencent entre les participants, la première intervention porte sur le populisme qui gangrène notre société et les institutions politiques, et que pour répondre à cela il faut davantage de services publics, tout le contraire de ce qui se fait actuellement; un autre participant revient sur cette question en apportant des points qui enrichissent la première intervention.
Une intervenante revient sur la question abordée dans le développement d’Arnaud sur le revenu d’existence universel par rapport aux discussions en cours au sein de l’OIT sur la protection sociale dans toute la planète.
Un autre intervenant interpelle l’assemblée sur le fait que de parler d’‘échec du communisme est une idiotie car celui-ci n’a jamais véritablement existé, et que de tout façon il n’y a pas de fin des idées, car le communisme est une lutte contre les injustices, les mentalités égoïstes, une lutte pour une meilleure répartition des richesses, pour la paix et non la guerre armée ou celle économique et de la concurrence de tous contre tous, le communisme c’est lutter contre tous les obscurantismes ; Une autre intervention va dans ce sens en faisant référence à un dirigeant syndical qui en répondant à une sœur de l’église comparait le christ au premier communiste en disant que les idées communistes ne venaient pas seulement de Marx, mais que des hommes comme Gracchus BABEUF, qui luttait pour défendre les pauvres contre les riches s’opposait à la concurrence, mère de gâchis des matières premières qui ne peuvent plus servir à autre chose.
Suite à cela, un autre intervenant considère que la société capitaliste prend l’Etre humain comme une marchandise ce qui est en totale contradiction avec la déclaration de droits de l'homme.
Arnaud reviens dans les débats pour exposer la force du communisme c’est son universalisme. Un élu communiste lui intervient sur la question de l’idée communiste et semble en désaccord sur la question de l ‘horizon communiste, sans pour autant l’être sur la question de la visée communiste.
Une autre intervenante revient sur le populisme et l’abstention lors des élections qui place l'enjeu de la démocratie, de ce fait une autre intervenant insiste sur la démocratie en disant qu'il ne faut seulement en parler mais le vouloir dans notre vie militante.
Le débat se termine à 21 H30, nous avons passé plus de deux heures trente sans s’ennuyer, à débattre entre amis et camarades avec nos différences de vues sans pour autant s’affronter mais en s’enrichissant les uns et les autres.
Prochain débat en Juin :
l’eau bien commun des êtres humains et des animaux de la planète
* Présentation de l'Association Bernard de la Sala par Bernard LAMIRAND.
Bienvenue à tous.
Cette association, suite à plusieurs échanges, avec des camarades communistes, a pour objet de réfléchir à la possibilité de participer, certes modestement, à notre niveau, à la relance des idées communistes et surtout à leur pertinence en ces moments où beaucoup de choses bougent dans le monde.
Chacun sait, ici, les difficultés pour à nouveau retrouver de la créativité dans la pensée communiste dans une période où beaucoup de repères anciens sont tombés et que les nouveaux ont encore des difficultés à se frayer un chemin.
Notre association vise à apporter notre pierre, certes modestement, à un renouveau des idées communistes qui commence à poindre ici ou là. Marx redevient une référence.
Il ne s'agit pas de créer une nouvelle structure qui s'additionnerait à d'autres existantes.
Il ne s'agit pas d'en faire un outil de formation des communistes, il existe.
Il ne s'agit pas non plus de peser sur les orientations du PCF comme une sorte de groupe de pression.
C'est de tout autre chose ce que nous voulons créer.
Un lieu de rencontre et de débats ouverts largement à ceux qui ont à cœur de travailler l'idée communiste.
Aider, par des rencontres, des débats, sur des thèmes choisis par nous, à ce que le communisme reprenne l'offensive dans la bataille idéologique au moment ou le monde capitaliste vit sa plus grande crise et qu'elle s'annonce durable mais dépassable par l'apport marxiste.
Des thèmes seront travaillés et développés au cours de réunions comme celle-ci et être ensuite publiés plus largement.
Quel est notre mode de vie et de fonctionnement ?
Nous sommes une vingtaine de camarades à avoir défini notre raison d'être, notre fonctionnement, le cycle des nos rencontres, la forme éducative de celles-ci.
Nous pourrions ambitionner d'enrichir la réflexion à partir de thèmes précis, de nature à développer la pensée communiste, sur des sujets de fonds ou d'actualité comme en ce moment les craintes autour du nucléaire, où encore la montée de l'extrême droite.
Pour notre propre fonctionnement, nous avons donc choisi l'association.
Cette association, nous l'avons appeler du nom de Bernard De La Sala, un militant disparu et qui bénéficiait d'une estime générale bien au-delà des communistes.
Sa famille nous a donné l'autorisation d'utiliser son nom. Ce n'est pas une récupération mais un hommage à un grand militant et cela nous donne une responsabilité: celle d'être à la hauteur des engagements de Bernard et notamment de sa soif de connaissances lui qui aimait la formation militante et le débat.
Nous avons réfléchi au rythme de ces rencontres " idées communistes".
La première année 2011, cela pourrait se faire à travers 4 ou 5 rencontres thématiques.
Ces travaux seraient ensuite publiés par le biais d'internet et de nos messageries évitant les correspondances postales onéreuses.
Concernant les thèmes, ils seront le fruit de nos discussions et de nos propositions, de vos propositions.
Ces thèmes seraient construits à partir de nos propres élaborations ou encore avec des conférenciers extérieurs comme ce soir Arnaud Spire et Karim.
Ces rencontres et ce travail autour de la pensée communiste devraient être débarrassés des contraintes structurelles pesantes.
Une vingtaine de personnes ont acceptées de parrainer sa constitution et sa mise à flot ce soir comme on dit dans la construction navale.
Notre association est déclarée au journal officiel et nous avons donc déposé nos statuts.
Tous ceux qui souhaitent apporter leur contribution à cette association peuvent le faire ce soir en adhérents pour le prix d'une cotisation annuelle de 20 euros qui servira à payer les frais occasionnés pour l'organisation de nos rencontres.
Des camarades s'interrogent sur l'existence d'une telle association craignant une dispersion plutôt qu'un rassemblement.
Notre association n'a qu'un but: faciliter l'émergence d'idées communistes en ce vingt et unième siècle sur des sujets que les communistes se doivent de s'en emparer et notre association ne vise donc pas à être une sorte de point d'appui pour mener des opérations internes de quelques sortes que ce soit.
C'est plutôt une université populaire et devant l'idéologie dominante, notre contribution, l'étude de thèmes sociétaux ne peut qu'être fécond y compris pour les communistes mais plus largement pour un public qui n'a pas ou plus l'occasion de confronter ses idées.
S'il fallait un dernier argument, c'est celui de redonner du sens aux idées communistes après les vicissitudes de la fin de l'Union soviétique comme expérience.
Permettre la diffusion de ces idées, de les confronter au réel, quoi de plus marxiste aujourd'hui ; et pour les communistes, inventeurs d'une société libérée de l'exploitation, l'heure n'est pas de se recroqueviller mais d'ouvrir largement le débat et d'être la force d'impulsion de ce communisme du 21eme siècle.
C'est pourquoi, en choisissant l'association comme forme et moyen d'expression, nous avons conscience d'apporter notre pierre à cette construction qui s'avère nécessaire comme alternative au capitalisme et la rencontre ouverte à ceux qui se cherchent et qui cherchent l'issue progressiste doit nous intéresser tous.
Nous ne sommes pas de trop pour la mener à un vaste rassemblement capable de dépasser ce système.
---------------------------------------------------------------------------------------------------