CAMERAS ET ATTEINTES AUX LIBERTES
Publié le 20 Mars 2010
BIG-BROTHER A L'ŒUVRE
Dans le passé les gouvernants avaient besoin de mouchards pour résoudre les recherches et confondre les coupables; aujourd'hui les caméras font office de dénonciateurs et de preuves pour la recherche de malfaiteurs et de récalcitrants.
Les pouvoirs, qu'ils soient publics ou privés, sont devenus des adeptes de ces moyens sophistiqués qui nous observent jour et nuit, à n'importe quel endroit public, et demain peut-être dans les chiottes selon l'expression vulgaire de Poutine.
La recherche des assassins du policier victime d'un commando de l'ETA nous montre vers quelle dérive l'on s'engage avec ces caméras que l'on dresse à chaque coin de rue ou d'allée de supermarché.
On a vite fait des coupables.
Les mouchards formulaient jadis des récits inexacts pour se débarrasser d'un gêneur, d'un mécréant, d'un concurrent, d'un adversaire politique ou pour dénoncer un protestant du temps de la Saint-Barthélemy, un juif du temps des nazis, un communiste du temps de l'occupation, maintenant la caméra ramasse des visages et les dénonce à travers leur teint, leur moustache, leur barbe et leurs habits.
La caméra du supermarché avait filmé de braves pompiers espagnols en déplacement dans la région parisienne *.
Qu'ils ont l'air ridicule ce matin tous ces journalistes qui, hier, ont immédiatement diffusé les images des caméras du supermarché nous montrant sans preuves les assassins du policier et nous indiquant que c'était des membres de l'ETA et qu'il manquait dans l'œil de la caméra une femme qui faisait parti du commando.
Encore une bourde de notre gouvernement et de ses "Fouquier Tinville " version ramolli, après l'annonce du décès d'un policier à Epernay par Fillon alors qu'il sortait du coma.
Désormais les dénonciateurs, les espions, rodent dans toutes nos rues, nos gares, nos places, nos centres commerciaux et scrutent tout ce que l'on fait et ce que l'on achète et demain ce que l'on dira.
L'œil inquisiteur installé dans des salles de contrôle épie jour et nuit, nous poursuit et qui nous dit qu'un jour, les chiens renifleurs camérisés ne nous dénonceront pas pour un acte que nous n'avons pas commis mais que notre visage un peu marqué ou mal rasé indiquera que nous pourrions être le voyou à confondre ?
Alors la caméra du citoyen deviendra l'outil d'une nouvelle inquisition.
Ne l'est-elle pas déjà quand un supermarché remet à un pouvoir quelconque nos visages que l'on voit ensuite retransmis sur toutes les chaines de télévision.
* Selon le gouvernement régional de la Catalogne, cité par la radio nationale espagnole, les cinq hommes montrés sur les images vidéo dans un supermarché de Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne) sont des pompiers séjournant en France pour y pratiquer l'alpinisme
Bernard LAMIRAND