LES SDF DE LA CORNICHE D'OR
Publié le 3 Octobre 2009
LES SDF DE LA CORNICHE D’OR
Depuis plus d’une semaine, mon blog est devenu silencieux.
Pas de coups de gueule, par d’articles contre les puissants, pas d’appels à je ne sais quelle action contre ce gouvernement de … et pas non plus d’interpellations pour un front de gauche avec un parti communiste français présent identitairement.
J’étais aux abonnés absents comme on dit.
Et pourtant, là où j’étais, je tissais déjà dans ma tête quelques diatribes contre cette société de l’argent roi.
J’étais sur la Côte d’azur, du coté de Cannes ; qu’allais-je faire là ?
A La Napoule plus exactement ; naguère haut lieu de repos des mineurs de charbon du Nord Pas de Calais, lieu de vacances pour ces travailleurs qui prenaient ainsi l’air, le soleil, eux qui toute leur vie était faite de descentes dans les profondeurs des galeries souterraines et du charbon à extraire. Pour eux, les silicosés et contre leur terrible maladie professionnelle qui réduisait leur espérance de vie, ils avaient au moins ce havre pour respirer.
La Napoule… Un lieu unique, dans ce qui est devenu, autour, l’encerclant même, un eldorado des riches, des fortunés, des voleurs de plus value.
J’étais au congrès des retraités CGT de la métallurgie qui se tenait à la Napoule : un congrès où les délégués (es) ont vigoureusement intervenu par rapport à cet appauvrissement qui gagne cette couche de la population (22 % de la population), victime des remises en cause de la retraite et de la santé. J’y reviendrai prochainement
Je me souviens, il y a peu, ces hommes et ces femmes, retraités salariés, étaient surnommés « les nantis et les privilégiés » ; j’ai vu, ici, qu’il y avait une autre version des nantis : la vraie.
La richesse s’étale le long des plages et des côtes de ces magnifiques baies comme celles de la Corniche d’or prés du massif de l'Esterel entre Saint Raphael et Cannes, jusqu’à des lieux comme Boulouris, Agay, Anthéor, la pointe du Cap Roux, le Dramont, le Trayas, Miramar, La Napoule, Théoule sur Mer, la Pointe de l'Esquillon, Mandelieu.
La beauté du paysage, la mer, les levées et couchers de soleil donnent à l’horizon des reflets changeants au fil de la journée.
Il fait beau temps, la luminosité embrase le paysage méditerranéen.
Sur ce bord de la Méditerranée, nous sommes dans des endroits qui ont été confisqués par ceux qui n’en n’ont pas besoin.
Des émirs, des PDG, des gouvernants, des hommes d’affaires ; bref, cette société d’escrocs de la plus value qui se partagent les parages.
Alors la Napoule, magnifique résidence, gérée aujourd’hui par les travailleurs de l’Energie et ceux de la RATP, est un ilot du prolétariat dans ces rivages qui longe la baie de Cannes et les côtes de l’Esterel..
L’opulence règne au bord des falaises et près des rochers ; elle cache la misère au soleil de ceux qui ne peuvent en profiter, parqués plus loin dans des HLM.
L’autre jour, un passant que j’interpellais, me demandait ce qu’en faisaient tous ces gens, de leurs milliards d’euros ou de dollars qu’ils captaient comme dividendes, stock-options et parachutes dorés.
Et bien, ce passant n’a qu’à venir faire un tour sur cette corniche d’or : son pognon, le mien, le vôtre est là !
C’est là que les gros, comme on disait dans le temps, éclusent les euros pris sur notre travail dans de somptueuses demeures. C’est à celui qui va se rapprocher le plus près du domaine public du bord de mer.
Dans le bateau qui nous amenait en excursion, le guide nous a décrit ces gougnafiers du fric et leur passion pour les belles propriétés pour épater leurs voisins.
De belles demeures, certaines comprennent des dizaines voir des centaines de pièces, dotées du confort maximum et de tous les ingrédients en statues, tableaux de maitre, meubles rares et de collection, avec pour certains des superbes piscines alors qu’ils ont déjà la mer à 25° et plus.
Un nabab a même installé une sorte de descente par un funiculaire privé sur plus de cent mètres pour se rendre sur sa plage privée sans se salir les pieds.
Un autre propriétaire, s’est hissé au dessus du lot, il a une piscine chauffé pour l’hiver avec l’habitacle, puis un étage plus bas, une piscine à l’eau de mer et un autre habitacle et enfin près de la mer il a réussi à installer une superbe pataugeoire où toutes les sensations de la mer jusqu’au parfum iodé exhalent sa piscine.
Je ne citerai pas de noms ; ils seraient encore capables de me voler ma petite retraite. Ces individus, abîment ces lieux comme le chancre coloré blesse à en mourir le magnifique platane.
Ce sublime endroit devait être, avant leurs arrivées massives, un haut lieu de la nature avec ce massif de l’Estérel. De voir autant de demeures cassant la beauté du paysage naturel me heurte profondément.
Dans ces lieux croupissent aussi toutes les vedettes du Show-biz, ceux qui nous enfument avec leur droit d’auteurs et qui, bien entendu, pour s’acheter d’autres demeures ailleurs, entendant défendre leurs chansonnettes avec la loi Hadopi.
Voilà des lieux, où il faut beaucoup d’argent pour y vivre, les belles vitrines à la Rolex ou encore celles des agences immobilières témoignent que pour ces gens là tout est permis.
Ils trainent leurs guêtres ici et ailleurs au gré de leur fantaisie : « des sans domiciles fixes ». Les bateaux et les hélicoptères et avions personnels les attendent sagement dans les ports et héliports dans leur quête de privilèges et de nouvelles propriétés dans le monde.
Comme nous nous le disions, et comme je le dirai à mon passant, si je le retrouve un jour, l’argent qu’on nous a pris sur nos salaires et nos retraites, la signature est là, le magot est dépensé par ces SDF : « c’est sans difficultés financières » comme notre guide les désignaient.
Ici, la Corniche d’or n’est pas la Corniche de la côte d’opale de Calais où s’entassent dans des abris de fortunes les vrais SDF, ceux qui cherchent à se sortir de la misère.
Marchais avait donc raison : il faut prendre l’argent là où il se trouve !
Bernard LAMIRAND.