UNE DROLE DE SOIREE DANS LE TRAIN

Publié le 26 Novembre 2007

arton567-5e606.jpgAujourd'hui 26 NOVEMBRE 2007, j'ai passé la journée à Paris pour mes activités syndicales  et pour cela je me suis déplacé par le train de Creil à Paris aller et retour.
P
assons sur cette journée militante.
Le soir, j'ai repris le train de Creil à Paris pour rentrer à la maison.
Me voici à la gare du Nord vers18 heures pour le train de 18 h 04, le train est affiché partant.
Vous allez me dire : pourquoi bloguer pour expliquer ses déplacements ? Attendez....La suite arrive.
Le train ne démarre pas,l'attente commence ; déjà les quolibets en direction des chemninots pleuvent à partir de ce retard, on sent les esprits échauffés.
Une grincheuse, à coté de moi, indique que les cheminots le font exprés (sic).
Ce sont des fonctionnaires avec le R qui traînent dans la commissure de ses lèvres toutes couperosées.
Elle dit à sa voisine "cela fait 37 ans que ça dure" mais ici c'est pire, c'est des "cons".
Le train ne part toujours pas, et soudain, vers le demi-heure d'attente, un message nous parvient :  notre train est bloqué en gare à cause d'un accident de personne sur la voie.
Et la bonne femme de dire " ils inventent, je les connais, ce sont des menteurs".
Un brave mec acquiesce et verse son grain de sel en disant que ce sont  tous des bons à rien.
J'ai décidé de ne rien dire et d'écouter. Dans la voiture d'autres voix se lèvent, et j'entends des jeunes femmes parler dans le fond " la SNCF nous fait chier c'est tous des privilégiés" hurle une dame jeune et certaines imitent les contrôleurs quand ils rentrent dans la voiture et qu'ils se présentent pour le contrôle des billets.Marrants....non pas vraiment marrants !
Une dame me dit "tous ces gens là sont allumés":j'approuve...
Un noir, l'air absorbé,  discute avec sa femme au téléphone et il a du mal à expliquer qu'il est bloqué à la gare du Nord,  manifestement elle  ne le croit pas. La discussion s'engage à coté de moi sur la tentative de viol et l'assassinat de la jeune étudiante dimanche. Le black, qui a rangé son portable, s'exclame aussitôt et prend  la parole " il faut lui couper les couilles" et la mégère lui répond "oui, mais on ne meurt pas d'un coupage de couilles, il faut le zigouiller ; et si c'était ma fille cela serait déjà fait".
J'en peux plus, vais-je encore tenir longtemps?
Mais, j' ai coté de moi, une dame, d'un certain âge,tranquillement  elle me dit "ces gens là exagèrent".
J'approuve à nouveau et cette personne replonge dans ses  mots croisés ou dans son sudoku.
Dans la voiture SNCF, au fil du temps qui dure à l'arrêt, il est presque 20 heures, les quolibets et les mots disgracieux se multiplient contre les cheminots et on se moque de la SNCF, infoutue de conduire ses passagers dans de bonnes conditions.
Une nouvelle information parvint dans le grésillement de la sono intérieure mal réglée : nous apprenons que notre immobilisation est dûe à une rupture de caténaires; "de cauténaires" dit ma voisine toujours mal embouchée.
C'est la rigolade, encore un coup des cheminots nous dit la mijorée,  elle n'en peut plus, elle rugit et ironise sur la SNCF et ces méchants cheminots.Et elle dit à sa voisine, que de son temps on mettait 3 heures pour réparer une "cauténaire" et qu'aujourd'hui on a pas plus avancé malgré les progrés "bande fainéants" va !
Là dessus, le gars qui approuvait sans rien dire, s'endort;  il ne se réveillera qu'à quelques kilométres de Creil vers l'arrivée de la gare.
Les portables sonnent partout, les maris et les épouses s'inquiétent et font le point " prépare à souper", "j'arriverai tard", viens me cherchait,"etc...Ces cheminots nous font chier" la SNCF, il faut privatiser tout ça." nous dit un monsieur bien sapé dans son costume trois pièces.
Nous apprenons par les téléphone portables, qu'un autre accident est arrivé en gare de Creil, une femme, dans l'aprés midi, s'est suicidée sur les voies; personne n'a pu le retenir.Rien à voir avec notre retard nous dit la raleuse.
Triste réalité d'un monde de souffrance.
Enfin, vers les 21 heures, le train démarre ; il va rouler vite jusqu'à quelques kilométres de Creil pour s'arrêter et attendre. A nouveau les impatiences se font sentir, des personnes voient des cheminots sur les voies, certainement des aiguilleurs, et les réflexions sont tristes à entendre " ces gens là se foutent de nous" regardez-les ils nous narguent !
Vraiment, j'en peux plus, et je leur dit " mais vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Ces cheminots ont la responsabilité de guider le train dans de bonnes conditions jusque la gare et en tenant compte du nombre de trains qu'il y a à faire passer sur les quais au fur et à mesure des déblocages"."Une gare et des postes d'aiguillage cela ne se manie pas comme ça".
La femme vindicative ne trouve rien de mieux à me dire qu'il y a suffisamment de voies pour passer et on voit bien qu'elle n'y connait "que dalle" en prenant une gare de triage pour une autoroute à deux voies.
Le black me rejoint et opine du chef, vous avez raison Monsieur me dit-il mais il en profite pour se lancer dans une grande explication : "les cheminots sont des profiteurs" et c'est moi, dit-il qui les payent ainsi que leurs retraites de  privilégiés.
Le brave, il a dû entendre cela à la télévision, et il répéte les couplets assénés par les médias.Ah ces médias, "la voix de son maitre Sarkozy" ils inoculent vraiment bien les discours de la droite.
Il se livre alors à un plaidoyer pour les jeunes de Villiers le Bel tués sur une moto .
Alors je réinterviens, et je leur dis à tous : "vous devriez avoir honte de vous attaquer à ces cheminots que vous qualifiez de privilégiés. Ce sont des travailleurs comme vous et ils gagnent comme vous des petits salaires".
"Vous feriez mieux de vous attaquer aux vrais privilégiés ;  regardez ce que Sarkozy et les patrons viennent de s'octroyer comme augmentations et là vous ne dites rien ! Vous tombez dans le jeu de Sarkozy et vous allez voir ce qui va vous arriver : les cheminots, c'est un hors d'oeuvre, aprés c'est vous, et c'est la retraite à 65 ans assurée qui vous attend si vous continuez à raisonner comme cela".
Et pour enfoncer le clou, je leur précise: "vous verrez, vos petits malheurs de ce soir ne sont rien par rapport à ce qui risque de vous arriver, vous n'irez pas jusque 65 ans au boulot, vous serez foutu à la porte avant et vous serez chômeurs de 50 ans à 65 ans".Ah, la tête de certains ! j'en rigole encore en tapant ce texte...
Une dame acquiesce, je suis content de mon coup d'éclat, ils sont une dizaine prêts à sortir du train, nous sommes enfin arriver à la gare de Creil et les rigoleurs ont fini de rigoler devant  ces quelques vérités assénées, j'en conviens, un peu rapidement.
Je me suis libéré, il était temps.
Mais la morale de cette équipée, c'est que j'ai pu mesuré le poison inoculé par cette droite pour faire passer sa réforme des régimes spéciaux en qualifiant les cheminots de privilégiés.
J'en mesure  la bataille idéologique que mène la droite libérale pour faire passer ses idées et créer les conditions de division et d'opposition entre travailleurs.
Je mesure aussi le manque actuel d'un parti communiste dans les entreprises et les bureaux, bref sur les lieux de travail, où le venin libéral et du chacun pour soi  est inoculé comme à la télévision. Et dans les expresssions de ces travailleurs revenaient les mots employés par les médias : otages, privilégiés, nantis.
21 heures 35, enfin je sors de ce train populiste comme dans un mauvais rêve mais pourtant c'était une réalité.
Il va falloir se battre me disais-je pour convaincre ces travailleurs qui font fausse route.
Il me restait à me taper 20 minute à pieds, il n'y avait plus de bus et tout au long du chemin menant à la maison ;  je me disais :  ce n'est pas le moment de perdre l'outil PCF car les événements le rendent plus que jamais indispensables pour affronter cet ennemi de classe : LE CAPITAL .
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Bernard LAMIRAND


Rédigé par aragon 43

Publié dans #Actualités

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