LE PLOMBIER DU COMITE NATIONAL
Publié le 17 Novembre 2007

Extraits :
Venons en au long entretien accordé à Patrice Cohen-Séat, membre de l’Exécutif national du PCF, dans « l’Humanité.
Quelle est la thèse développée par Cohen-Séat ? Il indique vouloir tirer « toutes les conséquences » des échecs subis lors du printemps 2007 et des élections précédentes – la conséquence majeure étant la nécessité de changer le nom du PCF, responsable de tous les maux et du déclin continu de notre parti .
Il insiste, complaisamment relayé par le journaliste, sur la thèse du « déclin continu » du PCF, oubliant au passage que nombre de dirigeants du PCF ont milité pour que l’étiquette communiste n’apparaisse pas lors de la campagne de Marie-George Buffet, labellisée candidate de la « gauche populaire et antilibérale ».
Pour P. Cohen-Séat, le changement de société et le projet dont nous devons être porteurs, c’est « notre ambition d’émancipation humaine » … on a connu des formules plus claires et explicites.
Il indique par ailleurs, dans la situation critique dans laquelle se trouve la gauche que « nous devons donner le signal fort que nous sommes prêts à nous révolutionner pour contribuer à ce que la gauche elle-même se révolutionne et se hisse à la hauteur de ses responsabilités historiques ». Comprenne qui pourra…
Cohen-Séat manie aussi le paradoxe : il affirme que « nous sommes arrivés au bout du cycle politique qui s’est ouvert en 1920 (…) il faut inventer du neuf dans l’organisation du combat politique » et dans le même temps il indique qu’ « écrire une nouvelle page de notre histoire est nécessaire. Mais on n’y arrivera pas en déchirant les précédentes ».
Il ajoute être favorable à un changement de nom du PCF : « le communisme s’est historiquement assimilé à des crimes et à l’échec. Au mieux, il renvoie à une époque révolue. »
Cohen-Séat assène enfin le coup de grâce : Pour faire vivre notre engagement, il faut le « libérer des valises de plomb que nous traînons encore aujourd’hui. (…) Seul un acte symbolique fort peut le permettre. Y a-t-il une autre façon que de changer de mot ? Ce débat doit s’ouvrir et il faudra le trancher » … Le camarade Cohen-Séat a lui déjà tranché, manifestement.
Ou comment faire mine d’ouvrir un débat « sans tabous », affirmer que « personne ne peut dire : j’ai la solution » et dans le même temps asséner, de façon définitive, des opinions pour le moins tranchées et définitives. Certains manient décidément mieux le paradoxe que la dialectique !
Et dans tout cela, où est donc passé l’histoire du communisme français ? Disparue, étouffée, enfouie.
Les clichés succèdent aux affirmations péremptoires et voilà comment on tente de liquider un parti : « Les valises de plomb, les crimes, l’échec, le parti-Etat, l’économie administrée, la supériorité du capitalisme sur le socialisme » … encore un effort, on dirait du Sardou, camarade Cohen-Séat !
Si l’enjeu n’était pas crucial pour notre peuple, pour le devenir des idées révolutionnaires on pourrait ironiser sur les propos d’un des principaux dirigeants du PCF depuis plusieurs décennies. Un dirigeant qui mène son organisation à plusieurs catastrophes électorales successives devrait pour le moins s’interroger sur la pertinence et l’efficacité de ses qualités de dirigeant.
Pourquoi des équipes dirigeantes ayant échoué de manière aussi flagrante n’ont-elles pas le courage de se remettre en cause au lieu de casser le Parti qui est à l’origine des plus belles pages du mouvement ouvrier et progressiste français au XXe siècle ?
Il est en effet nécessaire de se poser des vraies questions sur le sens de ces déconvenues électorales – au lieu de poser comme préalable qui exonère un peu trop facilement les dirigeants - un « déclin continu de l’influence du PCF », forcément structurel, alors que nous pensons que ces raisons-là sont en réalité conjoncturelles.
Un certain nombre de nos dirigeants actuels ont manifestement un problème avec l’histoire du communisme français : ils ne l’assument pas, soit parce qu’ils ne la connaissent pas, soit parce qu’ils ont renoncé à mener sur ce terrain-là aussi la bataille idéologique avec nos adversaires de classe, laissant de fait le champ libre aux Stéphane Courtois et consorts, historiens superficiels mais vrais idéologues de la bourgeoisie.
Ces derniers ont totalement conquis, au cours de ces vingt-cinq dernières années le terrain de la bataille idéologique à propos de l’histoire du communisme et plus largement de l’histoire économique et sociale.
Celles et ceux qui résistent au déferlement des idées dominantes sont sommés de se soumettre ou sont l’objet de cabales infâmes, dans lesquelles l’extrême-droite n’est jamais loin (voir les attaques des milieux fascisants contre l’historienne marxiste Annie Lacroix-Riz).
A
Appel de communistes de Rhône Alpes :
« Refusons le renoncement avec la disparition du PCF.
Reconstruisons notre parti par sa démocratisation et avec des novations majeures pour faire vivre un vrai projet de transformation radicale pour dépasser le capitalisme »
La tournure du débat au sein du PCF pose question. Plusieurs de ses dirigeants font pression pour que l’assemblée extraordinaire des délégués des sections adopte un mandat fixant à la direction du parti communiste, la création d’une « nouvelle force politique » dans un processus conduisant à la disparition du PCF. C’est d’une extrême gravité dans une période cruciale pour notre Parti et notre peuple.
Nous sommes en désaccord avec cette orientation. Elle n’est en rien à la hauteur des défis posés par la crise de civilisation du capitalisme et par l’impératif de refonder toute la gauche.
Ilest faux d’affirmer que nos efforts de transformation ont échoué comme il est faux que nos problèmes seraient dus à l’échec du communisme alors qu’il n’a jamais existé. Ces arguments visent à détourner les communistes d’un vrai travail autocritique sur les causes qui ont conduit à nos échecs électoraux successifs.
Il y a une responsabilité des directions qui n’ont pas su ou pas voulu se saisir des apports neufs du marxisme et ont cédé au courant dominant. On a refusé d’affirmer dans les luttes et batailles politiques le rôle autonome de notre parti en ne portant pas un projet communiste anticapitaliste et novateur dans sa conception de la transformation radicale de la société.
Les objectifs électoraux et les stratégies d’alliance ont pris le dessus sur ces exigences d’autonomie, de lutte et de contenu radical. D’abord avec le PS, en restant au gouvernement jusqu’au bout alors que la politique suivie était rejetée, en nous effaçant ensuite, derrière l’extrême gauche notamment lors de la présidentielle 2007.
Face à la perte de nos anciens repères, on n’a pas cherché à en construire de nouveaux alors que des travaux ont enrichi la pensée communiste de transformation de la société et du monde.
On a renoncé à jouer un rôle original dans les luttes ; on a déserté les entreprises favorisant une fracture avec le travail, les salariés et le syndicalisme ; on a disparu des quartiers populaires ; on s’est peu à peu institutionnalisé. Notre déclin s’est ainsi aggravé contribuant à la crise de toute la gauche.
Nous ne devons pas céder au défaitisme. Si la situation est grave, dangereuse, elle est aussi pleine de potentialités qui appellent l’action créatrice du PCF pour ouvrir la voie à un rassemblement transformateur possible. Les luttes et mouvements actuels encouragent à cette créativité communiste et renforcent le besoin d’une organisation communiste dans les entreprises, les quartiers et bien en lien avec la jeunesse !
Face au capitalisme, financiarisé, mondialisé, dominant mais en crise profonde et face à une droite qui construit une « révolution conservatrice », renoncer à l’existence du PCF serait une capitulation.
Au contraire, nous devons avoir le courage de relever le défi d’un dépassement effectif du capitalisme jusqu’à l’abolir dans une nouvelle civilisation, tout en construisant une riposte de haut niveau à la politique de Sarkozy sur des contenus transformateurs articulés à la visée communiste. Ce défi ne sera relevé qu’aux conditions que le PCF existe, se démocratise et se rénove profondément.
Plutôt que de dissolution et de sabordage, c’est de démocratie et de novations dont on a besoin. C’est un vaste chantier à entreprendre sans tarder, en l’ouvrant sur la société, au monde du travail, de la création et de la jeunesse.
Nous sommes à la croisée des chemins. Depuis plusieurs années il y a un décalage important entre les débats au sommet et à la base de notre parti mais le plus souvent se sont les décisions du sommet qui prévalent.
Il faut absolument que les militants, les communistes s’emparent de ce débat et ne le laissent pas se dénouer au sommet ou par délégation. A cette condition, et parce que il y a une toute autre voie que celle du renoncement, rien n’est joué.
Notre parti peut et doit vivre, rebondir, être utile et efficace. Nous en avons la
conviction !
Premiers signataires :
Jean Chambon : CD Rhône
Jeannine Chambon : Elue Rhône
Noël Collet : PCF Haute Savoie
Gérard Desmeurs : PCF Rhône
Michel Devilla : PCF Haute Savoie
Jean Marc Durand : Elu Drome et CN
Roland Farré : PCF Haute Savoie
Marius Favoriti : Résistant Rhône
Dominique Fornari : PCF Haute Savoie
Jean Pierre Ferrandes : Syndicaliste Rhône
Laurent Gonon : Economiste Rhône
Georgette Maullet : PCF Haute Savoie
Pierre Maury : PCF Rhône
Andrée Maury : PCF Rhône
Danielle Richard : PCF Haute Savoie
Alain Saint-Patrice : CD Rhône
Bernard Stiebert : Elu Rhône