Publié le 8 Janvier 2015

Voici quelques dessins repris sur internet.

Le crayon comme le poème ou l'écrit sont les outils de nos luttes pour changer ce monde où capitalisme et obscurantisme veulent faire de nous que des esclaves.

Changeons ce monde avec nos crayons, nos claviers, nos plumes et nos luttes.

Bernard LAMIRAND

 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
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 HOMMAGE A CHARLIE HEBDO
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Rédigé par aragon 43

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Publié le 7 Janvier 2015

COMMUNIQUE DE PRESSE

Charlie Hebdo : « détermination à faire vivre les valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité » (PCF)

Appel à l'unité nationale de toutes les forces républicaines face à la barbarie qui vient de frapper l'équipe de Charlie-Hebdo.

Le carnage barbare dont a été victime la rédaction de Charlie-hebdo nous plonge dans l'horreur et la peine et appelle une réponse nationale de grande ampleur.

Pierre Laurent et la direction nationale du PCF appellent à ce que partout dans le pays s'exprime l'unité nationale de toutes les forces républicaines face à la barbarie. Quand un journal est ainsi visé, quand des vies sont massacrées et dont la passion était l'information et la liberté d'expression, c'est bel et bien chacun de nous qui est visé, c'est la République qui est frappée en son cœur. Que les auteurs de ce crime abject soient arrêtés et jugés.

Nos pensées vont aux victimes, aux familles et aux proches. Ce matin, c'est le monde de la caricature, de l'impertinence, de l'humour, de l’amour de la vie que les terroristes ont voulu faire taire. Les relations de fraternité et de complicité que nous avions, notamment lors de la Fête de l'Humanité, avec les dessinateurs de Charlie-Hebdo, renforcent notre peine.

L'heure est aujourd'hui à rassembler autour des valeurs républicaines le maximum de forces, de citoyennes et de citoyens. Par millions, exprimons partout dans le pays notre détermination à faire vivre les valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité.

Les militants communistes, les élus communistes et républicains, seront de toutes les initiatives qui, dans les prochains jours, permettront le rassemblement de la nation dans un esprit de grande confiance en notre peuple réuni sur l'essentiel, sans distinction des pensées philosophiques et politiques, de convictions religieuses. Nous appelons à refuser les amalgames et les stigmatisations, à rejeter fermement les appels à la haine et aux racismes.

Dès ce soir, nous appelons au rassemblement en hommages aux victimes, place de la République à 18H00

Parti communiste français,

Paris, le 7 janvier 2015.

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Rédigé par aragon 43

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Publié le 6 Janvier 2015

JEAN TIROLE UN ECONOMISTE DE LA MEME TREMPE QUE MACRON LE BANQUIER

Jean Tirole, prix Nobel de l'idéologie libérale par Alain Tournebise PCF

Jean Tirole, nouveau lauréat du prix Nobel d' Economie est un fervent promoteur du "contrat de travail unique" qui pourrait selon lui "fluidifier" le marché du travail et résoudre en grande partie le problème de l'emploi en France. Si un prix Nobel est à l'origine d'une telle proposition, c'est que c'est probablement une bonne idée, entend-on à droite et à gauche (et de plus en plus à gauche...). Pourtant, à y regarder de plus près, nobelisation n'est pas synonyme d'infaillibilité. Les travaux de Jean Tirole, s'ils ont été couronnés par la Banque de Suède, n'ont pas produit, dans la vraie vie, les résultats annoncés, loin s'en faut.

Rappelons que Jean Tirole fait partie de ces économistes d'obédience libérale qui ont jeté, il y a deux décennies, les fondements théoriques visant à justifier la libéralisation des secteurs de réseau, notamment les réseaux électriques. Avec son mentor et complice américain du MIT, Paul Joskow, le pionnier du sujet, il est l'auteur de plusieurs articles relatifs à l'introduction de mécanismes de marchés dans le secteur électriquei. Dans le prolongement de la loi PURPA aux Etats-Unis, et du démantèlement du monopole de CEGB en Grande-Bretagne en 1990, la Commission Européenne s'est largement inspirée du modèle prôné par Paul Joskow et Jean Tirole pour restructurer les secteurs électrique et gazier de l'Union Européenne dans les années 2000.

Ce modèle repose sur une architecture qui a été généralisée à peu près partout dans le monde.. Dans un papier de 2008ii, Paul Joskow en rappelait lui-même les composantes:

  1. "Privatisation des monopoles d'électricité appartenant à l' Etat pour créer ( ...) des incitations puissantes à l'améliorations des performances et rendre plus difficile pour l'État d'utiliser ces entreprises pour poursuivre des programmes politiques coûteux."

  2. " La séparation verticale des segments potentiellement concurrentiels (par exemple, production, commercialisation et vente au détail) et de segments qui continueront d'être réglementés (distribution, transport, système opérations)...". En France, cette recommandation a conduit à la création de deux entreprises indépendantes et régulées RTE, en charge du réseau de transport et ERDF, en charge du réseau de distribution.

  3. "La restructuration horizontale du secteur de la production pour créer un nombre suffisant de centrales concurrentes, pour atténuer le pouvoir de marché et veiller à ce que les marchés de gros soient raisonnablement concurrentiels" . En France, cette restructuration s'est traduite par l'apparition de fournisseurs alternatifs privés (Direct Energie, Poweo...) et par l'obligation faite à EDF par la loi NOME de leur rétrocéder une partie de l'électricité nucléaire produite en France.

  4. "La création de marchés de gros de l'énergie et de réserves (...) pour assurer en temps réel l'équilibre entre l'offre et la demande d'énergie électrique, ... la répartition des capacités de transmission du réseau (...) et faciliter les possibilités de trading entre fournisseurs et entre acheteurs et vendeurs. " En France, ce marché spot est assuré notamment par Powernext filiale des principales compagnies électriques opérant en France.

  5. "La création d'agences de régulation indépendantes avec une bonne information sur les coûts, la qualité de service et la performance des entreprises fournissant des services réglementés de réseau, (...) et le pouvoir de réglementer efficacement les prix pratiqués par les sociétés de distribution et de transport ..". En France, il s'agit de la Commission de régulation de l'Energie (CRE) créée en 2000

Naturellement, la Commission européenne n'a jamais exprimé officiellement l'intention de privatiser le secteur, les traités ne lui permettant pas. Mais comme on le voit dans cet article datant de 2008, le premier objectif naïvement avoué par Paul Joskow rélève clairement de l'idéologie libérale qui sous-tend l'ensemble du dispositif.

Cette architecture s'est-elle avérée efficace?

Dans ce même papier, dès 2008, Paul Joskow émet lui-même de sérieux doutes.

" Nous devons reconnaître, cependant, que la création et le fonctionnement de marchés concurrentiels de gros et de détail de l'électricité sont très difficiles sur le plan technique et politique. La crise de l'électricité en Californie, les crises de l'électricité au Brésil, au Chili, Ontario, et ailleurs, les scandales impliquant des sociétés de négoce d'énergie, comme Enron (...) l'augmentation des prix de gros de l'électricité en raison des hausses inattendues des prix du gaz naturel et (en Europe) le prix des permis d'émission de CO2, ont certainement rendu les décideurs plus prudents ... sur les réformes du secteur de l'électricité."

Mais depuis 2008, loin de s'améliorer, la situation s'est sensiblement dégradée. Qu'on en juge.

Des prix qui ne cessent de s'élever générant des profits croissants

La concurrence doit faire baisser les prix, c'est bien connu. Quel a été l'impact de la mise en œuvre du modèle Joskow-Tirole? Pas vraiment celui qui était annoncé.

Alors que les prix de gros de l’électricité ont fortement diminué (les prix français de l’électricité sur le marché J+1 étaient en moyenne de 70 €/MWh en 2008 et sont désormais de 42 €/MWh en 2013), les prix de détail pour les consommateurs résidentiels et tertiaires ont augmenté de 7 % par an au sein de l’UE et de 17% pour les seules quatre dernières années. Pour les consommateurs industriels, ils ont augmenté de 21 % entre 2008 et 2012iii sans que les autorités de régulation, garantes supposées du bon fonctionnement des marchés ne s'émeuvent plus que cela de cette ponction. De 2000 à 2012, les profits cumulés des grandes compagnies électriques et gazières des principaux pays d'Europe (BE, FR, DE,AU,I, ES,PT) se sont élevés à près de 367milliards d'Eurosiv. Une bonne partie de ces profits ont été distribués en dividendes au plus grand profit des actionnaires, dans des proportions quelquefois déraisonnables. Ainsi GDF-SUEZ s'est-il engagé, sur la période 2013 2015, à verser 3,5 milliards de dividendes par an soit la totalité du bénéfice attendu. L'allemand E.On, de son côté verse bon an mal an 2,5 milliards d"€ chaque année.

Une concentration sans précédent du secteur

Cette masse de profits accumulés a également alimenté les "trésors de guerre" des grands groupes énergétiques qui ont permis aux plus puissants d'entre eux d'absorber leurs concurrents. On a ainsi assisté au cours des dernières décennies à une concentration sans précédent du secteur électrique européen. Une étude conduite par le CERNA, laboratoire de l'école des Mines, en 2008 met en évidence cette concentrationv. Ce rapport recense 247 opérations de fusion-acquisition entre les entreprises de l'énergie dans l'Union européenne de Janvier 1998 à Décembre 2007. La valeur des transactions étudiées était supérieure à 100 millions d'euros. L'étude montre également que les dix plus importantes compagnies en Europe ont réalisé des transactions pour un montant total de plus de 215 milliards d'Euros. Le résultat est que les parts de marché des cinq principaux groupes électriques européens sont passés de 48% à 57% entre 1998 et 2004 (de 62% à 72% pour les 10 plus importants). Ce sont donc des centaines de milliards d'Euros en dix ans qui ont été détournés de l'investissement productif pour financer la monopolisation du secteur.

Loin de favoriser la multiplicité des acteurs, le modèle Joskow-Tirole a généré un secteur plus oligopolistique que jamais sans que les autorités de régulation ne s'y opposent et même avec leur bénédiction tacite lorsque les compagnies absorbées étaient publiques.

Un gâchis de capitaux incroyable

Le modèle Joskow-Tirole a substitué à la planification à long terme la myopie du marché.

Pour un investisseur privé, le choix d’investissement n’est pas seulement une question de minimisation de coût, mais aussi une question de gestion de risque, sachant que les risques varient largement entre technologies. Pour les équipements de base qui présentent plusieurs spécificités communes : longue ampleur des capitaux à mobiliser, durée d’installation, longue durée de vie, exposition au risque politique et règlementaire, qui se conjuguent avec des coûts irréversibles importants, le besoin de recettes stables pour les équipements accroît le risque d’investissement. Il s’en suit que l’investissement en techniques à gaz en cycle combiné qui est moins capitalistique et plus flexible en exploitation a spontanément les faveurs des investisseurs.

Avec la libéralisation du secteur électrique, on a donc assisté à un surinvestissement massif en centrales de ce type. Avec le retournement du marché et le développement de la production éolienne, dopée par les subventions publiques, le parc de production s' est rapidement retrouvé surdimensionné en moyens de production au point que, toutes compagnies confondues, le secteur électrique européen a engagé un programme de fermetures (définitives ou temporaires) de 50 GW, soit la capacité de production cumulée de trois pays comme la Belgique, le Portugal et la République Tchèquevi.

La Sécurité de la fourniture en cause

Très tôt dès sa mise en œuvre, la libéralisation du marché de l'électricité a fait la démonstration de son ineptie dans un domaine essentiel: celui de la sécurité de fourniture.

Adopté en 1996 par l'Etat de Californie, le modèle Joskow-Tirole d'organisation du secteur électrique a conduit dès les années 2000 à une crise sans précédent: faute d'investissements en centrales de pointe, des black-out touchant des centaines de milliers d'habitants ont eu lieu en janvier, mars et mai 2001. Faute d'une offre en pointe insuffisante, mais aussi en raison des manipulations des opérateurs, notamment Enron, les prix de gros y ont augmenté de 25 fois, entraînant la faillite ou quasi-faillite de plusieurs compagnies électriques dont les prix de vente étaient réglementés.

Pourquoi?

Les tenants du marché de l’énergie considèrent que les revenus des périodes d’extrême pointe doivent être suffisants pour attirer les candidats à l’investissement en unités de pointe. Dans les faits, il n'en est rien. Ces unités ont des durées de fonctionnement très faibles, ce qui augmente la part du coût fixe dans leur coût de revient. Leurs perspectives de rentabilité dépendent donc de prix aléatoires, très élevés pendant un très petit nombre d’heures. De ce fait, la libéralisation du secteur électrique s'est caractérisée par un sous-investissement chronique en centrales électriques de pointe. Aujourd'hui ,ce qui est arrivé en Californie pourrait bien se produire en Europe et en France. Au point que le gestionnaire de réseau RTE tire la sonnette d'alarme:

"L’analyse des moyens de production disponibles et de la consommation d’électricité des Français révèle un risque de déficit de capacité de production pouvant atteindre 2 000 MW en 2016-2017, essentiellement dû à l’accélération de la fermeture ou la mise sous cocon de moyens de production thermiquevii."

Il serait injuste de dire que les théories de Paul Joskow et Jean Tirole négligent ce phénomène. Finalement, en 2006viii, ils ont dû admettre que les mécanismes de marché ne pouvaient pas dans tous les cas satisfaire aux nécessités des réseaux électriques. Mais l'approche qu'ils adoptent est significative de l'aveuglement idéologique qui caractérise les ayatollahs du marché. Ce n'est pas le marché qui est en cause, mais la nature du bien. La sécurité de l'alimentation électrique (et seulement la sécurité !) a un caractère de "bien public" qui selon les auteurs, doit entraîner une intervention publique, soit pour imposer une obligation de réserves de puissance, soit organiser un "marché de capacité", le tout, bien entendu, donnant lieu à compensation financière aux frais du contribuable. Il est d'ailleurs significatif que le Groupe "Magritte" réunissant 11 des plus importants énergéticiens européens ait fait de cette chimère économique sa principale revendication " Rémunérer les capacités disponibles et qualifiées en tant que service fourni dans le but de garantir la sécurité de l’approvisionnement pour le système énergétiqueix."

Ainsi, grâce, entre autres, aux travaux de Jean Tirole, le secteur électrique français est passé d'un modèle public planifié donnant globalement toute satisfaction en terme de prix, de service public et de fiabilité à un système concurrentiel complexe, coûteux et au bord du black-out. On ferait bien de s'en souvenir avant d'ouvrir le débat sur le contrat unique.

i "Fiabilité et marchés concurrentiel de l'électricité" "Concurrence dans le marché de détail de l'électricité" "Investissement dans le transport d'électricité, un cadre institutionnel alternatif"

ii "Leçons tirées de la libéralisation du marché de l'électricité" de P. Joskow 2008

iii "La crise du système électrique européen" Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective Janvier 2014

iv Source: Base de donnée BACH de la Banque de France

v "Fusions et acquisitions au sein du secteur européen de l'électricité et du gaz" LEVEQUE François, MONTURUS Ricardo - CERNA- 2008

vi Communiqué de presse du Groupe Magritte - mai 2013

vii RTE:"Bilan prévisionnel de l’équilibre offre-demande d’électricité 2014"

viii " Fiabilité et marchés concurrentiel de l'électricité" P. Joskow J. Tirole 2006

ix Communiqué de presse du Groupe Magritte - mai 2013

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Rédigé par aragon 43

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Publié le 3 Janvier 2015

VOILA LA REALITE DU SYSTEME
VOILA LA REALITE DU SYSTEME

Depuis hier, les médias nous rabattent les oreilles sur le brave Piketty qui auraient découvert les défauts du système capitaliste et s'érigerait contre les inégalités. Bref une excellent pub pour son livre que j'ai lu et qui ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes d'un système que Marx a certainement mieux traité les raisons et les conséquences.

Je vous livre un article intéressant d'Economie et politique, la revue du PCF sur ces questions.

Bernard LAMIRAND

Thomas Piketty et le capital au XXIe siècle : Critique sociale superficielle, conservatisme et charlatanisme statistique

Thomas Piketty nous apprend dans son ouvrage intitulé Le capital au XXIe siècle que les inégalités ont augmenté. Merci beaucoup. On avait remarqué. L’establishment médiatique américain a apprécié. Les économistes établis aussi : la très orthodoxe European Economic Association lui a décerné son prix. Étrange… ? Pas tant que cela. D’autant qu’il s’agit de jeter Marx par-dessus bord. Ce qui n’est pas très original !. Mais, ô étrange étrangeté, ni banques, ni crédit, ni activité de la finance dans les 970 pages de l’ouvrage. Ni même l’essentiel du capital des entreprises. Basses et bien trop concrètes choses.

Thomas Piketty nous explique doctement (en 970 pages, et donc forcément ça impressionne…) qu’il n’y a presque rien à faire. La période d’après 1945 aurait été une exception absolue dans l’histoire des deux derniers millénaires (si, si ! ses graphiques vont jusque-là !) que nous ne retrouverons jamais. La prééminence du capital [réduite ici à la prééminence des revenus des ménages détenteurs de riches patrimoines] est fatale. On ne pourrait qu’écorner cette logique, grâce à la fiscalité, seul instrument jugé efficace. Et encore, il faudrait un impôt mondial sur « toutes les fortunes de la planète » (rien sur les entreprises, on est dans le capitalisme version people du magazine Forbes), un impôt issu d’une entente supranationale entre « l’ensemble des nations du monde ». Exit le crédit, sa maîtrise, les banques (comme le remarque aussi G. Giraud), ce qui est quand même fort de café pour un livre traitant du capital au XXIe siècle après la crise financière de 2008 ! Pas de FMI évidemment. Exit aussi la tension possible, pour ne pas dire la contradiction, entre croissance des revenus du capital (et du capital lui-même) et exigence d’un développement radicalement nouveau des capacités humaines de tous. D’ailleurs l’auteur nous dit bien que « le rôle principal de l’impôt sur le capital n’est pas de financer l’État social mais de réguler le capitalisme » (p. 840).
On ne pourrait que corriger un petit peu le système. La faute à une prétendue loi naturalisée, maniée comme la « formule du professeur Sato » dans la BD Black et Mortimer. C’est « l’inégalité fondamentale » rk>gy : le taux de croissance des revenus du capital, K, serait durablement et en tendance supérieur au taux de croissance du PIB, Y, qui est aussi l’ensemble des revenus. Cette « loi » repose sur une vision très idéologique et néoclassique des revenus et de la production. Notons juste que l’inégalité du docteur Piketty, rk>gy, « porteuse, nous apprend-il, d’une logique implacable » (p. 57), suppose que le capital, accumulant son revenu, peut croître durablement plus vite que le revenu total. Comme si le revenu du capital ne provenait pas du revenu total… ! On est en pleine théorie néoclassique de la répartition des revenus où le capital produirait son propre revenu de son côté, tandis que « le travail » produirait le sien, le PIB n’étant qu’une addition comptable de ces deux revenus. Cela revient à ignorer une grande partie de l’analyse économique. Pas de crises, bien évidemment, hormis des guerres « exogènes ». À l’appui de son « inégalité fondamentale », l’auteur utilise deux égalités interprétées avec les néo-classiques de façon fort discutable comme des lois générales porteuses de causalités (1). Sous couvert de désidéologisation c’est l’idéologie du marché neutre et sans rapports de forces ni de pouvoirs, conjuguée à des chocs « exogènes » dans la société (guerres, nationalisations, fiscalité, etc..) séparée de l’économie. Bref, l’ouvrage de Th. Piketty est un essai partisan et conservateur, tout à fait respectable en cela, sauf qu’il prétend être scientifique avec un apparat statistique massif pourtant biaisé, fort approximatif et très idéologique.
Notons, comme l’a remarqué Pierre Jaxel-Truer, une originalité de l’ouvrage, qui peut expliquer son succès aux États-Unis il avance que l’augmentation des inégalités n’est pas liée aux différences de « mérite » mais à la détention du patrimoine, contrairement au mythe capitalisto-américain de l’enrichissement à la portée de tous… Bref la thèse d’un bon social-libéral, comme le suggère implicitement de Lagasnerie dans Libération « À la logique de la rente et de l’héritage, il oppose ce que serait la société qu’il faudrait consolider […] Il n’est jamais question de domination sociale et culturelle, d’exploitation […] d’aliénation au travail, de classes […]. Il poursuit fidèlement la tâche que se sont fixée ces deux auteurs [P. Rosanvallon et F. Furet] : annuler la problématique des classes sociales et des dominations comme constitutive de toute pensée de gauche […] L’ouvrage de Piketty est construit sur Mille pages pour quoi ? Pour proposer une taxe sur le capital. […] Pour conserver l’ordre ancien. »

Le capital des entreprises presque entièrement exclu

L’auteur commence son entreprise par une définition très critiquable du capital, qui réduit celui-ci au patrimoine des ménages et de l’État. Et donc il commence par exclure du capital tout le capital des entreprises, rien de moins ! Il le fait de façon plutôt subtile, voire pernicieuse : « Dans le cadre de ce livre, le capital est défini comme l’ensemble des actifs non humains qui peuvent être possédés et échangés sur un marché » (p. 82). Il semblerait que tout est inclus. Et pourtant, il en manque. Et beaucoup. Th. Piketty va considérer en effet que les entreprises et les banques ne peuvent pas posséder de capital. C’est que, selon lui, seules les personnes physiques (ou l’État) pourraient posséder du capital. D’où la précision page suivante : « le “capital” dans le cadre de notre livre, regroupe donc toutes les formes de richesse qui peuvent a priori être possédées par des individus (ou des groupes d’individus) et transmises ou échangées sur un marché sur une base permanente. En pratique, le capital peut être possédé soit par des individus privés (on parle alors de capital privé) soit par l’État ou les administrations publiques (on parle de capital public) » (p. 83). Certes concède-t-il « il existe également des formes intermédiaires de propriété collective par des personnes morales poursuivant des objectifs spécifiques (fondations, églises) » (p. 83-84). Mais cela est fait pour brouiller les pistes.
En réalité le choix fait par Th. Piketty est le suivant. Lorsque le capital de Peugeot est accumulé par la famille dans la société PSA et reste au sein de celle-ci cela ne va pas compter ! De même pour Liliane Bettencourt et le capital qu’elle va laisser s’accumuler chez L’Oréal, qui le vaut bien ! Pour Peugeot ne vont compter dans le capital du docteur Piketty que les titres que la famille détient (on peut concéder que leur évaluation boursière reflétant en outre le jugement des marchés sur la richesse globale de la société, mais c’est loin de faire le compte). Or, si l’on regarde précisément les comptes de PSA, la tête de groupe de Peugeot-Citroën, les actions ne représentent que 0,355 milliard d’euros (dont 25 % détenus par la famille Peugeot via sa Holding financière) mais les réserves accumulées dans PSA s’élèvent à 6,9 milliards d’euros, soit 19,4 fois plus, et à l’actif de l’entreprise on observe 11 milliards d’immobilisations matérielles, et au total 59,7 milliards d’euros de capital dans cette tête de groupe (2). Ce qui n’empêche pas la famille Peugeot d’y détenir le pouvoir car elle peut y prendre les décisions, contrôlant une majorité relative des droits de vote (38 %). Ce n’est pas du tout anecdotique. C’est au cœur du fonctionnement du capitalisme dont l’entreprise et les titres financiers sont des institutions centrales. Cela a pour nom « l’effet de levier groupe » et permet de minorer le montant de capital avancé par les capitaux dominants pour un même capital total utilisé. C’est le capital au XXIe siècle. Mais la définition de Th. Piketty passe tout cela à la trappe… ! Or il s’agit non seulement d’une part énorme et essentielle de la richesse des individus de la famille Peugeot, mais aussi d’une part fondamentale du capital utilisé par les entreprises, et la relation entre ces deux composantes, via l’effet de levier groupe, est un maillon crucial de la réponse à la suraccumulation du capital (3). En outre, les sociétés peuvent être détenues par des sociétés non résidentes, dont apparemment Th. Piketty exclut le capital de ses calculs.
Ainsi, notre auteur explique : « Nous utiliserons les mots “capital” et “patrimoine” de façon interchangeable » (p. 84). Réduisant le capital au seul patrimoine des ménages.
On voit que ce choix met complètement de côté 97 % (11 milliards d’euros - 0,355 milliard d’euros) de la valeur des équipements nécessaires à PSA pour produire les fameuses « richesses »… et donc pour produire ces fameux « revenus » à « répartir » ! C’est-à-dire que le besoin même de capital pour produire, le besoin d’investissement est complètement ignoré, les enjeux autour de l’utilisation des machines, de leur amélioration, etc. C’est pourtant un des points cruciaux du rapport capital-produit : la question de l’efficacité productive et des gâchis du capital : pour une production donnée faut-il trop de capital ? de plus en plus ? de moins en moins ?

Le capital produit… sans travail ni travailleurs

Comprendre cette relation en partie variable entre quantité de capital et production nécessite de réintroduire le travail et les travailleurs, ainsi que la technologie. En effet, outre la qualité de l’investissement, dans la réalité trois éléments fondamentaux rendent compte de l’efficacité de la production, et donc de l’importance relative du revenu distribuable. Ce sont : (1) le travail fourni, son efficacité, ses conditions d’exercice, son intensité, sa pressurisation possible, etc. ; (2) les qualifications des travailleurs eux-mêmes (dépendant tout particulièrement de leur salaire présent, de leurs conditions de vie et des services publics d’éducation) ; (3) la technologie.
La formulation même des termes « opposition capital/travail » est donc biaisée.
Dans ce sens l’usage du mot « actif » pour définir le capital pourrait mettre la puce à l’oreille. Sous une apparence neutre et comptable, il est très idéologique : il signifie que le capital est « actif », l’auteur nous affirme en fin d’ouvrage : « une fois constitué, le capital se reproduit tout seul (sic !), plus vite que ne s’accroît la production » (p. 942). Une perle !
Il faut reprocher à Piketty cette théorie et non une absence de théorie comme le fait Husson (2014).

Une approche néoclassique clivant production et répartition et ne rendant compte ni des crises ni des transformations systémiques

Pour se développer plus vite que le revenu total, le revenu du capital (le profit) doit s’affronter au revenu des travailleurs (conflit de répartition et lutte des classes) et peser dessus. La limite que Th. Piketty ne veut pas voir renvoie précisément à la suraccumulation : un trop-plein de capital accumulé par rapport aux exigences de rentabilité et à la production des revenus, y compris du revenu du capital.
Mais Th. Piketty prête doctement à Marx comme « principale conclusion ce que l’on peut appeler le principe d’accumulation infinie ». Bref tout le contraire de la suraccumulation au cœur pourtant des travaux de Marx. Et si frappante dans la crise actuelle…
Par ailleurs, il faut bien voir que les choses ne sont ni linéaires ni absolues, dans le sens de Piketty, ni linéaires dans un sens catastrophique. Le capitalisme est un système intelligent et souple, et les luttes sociales créatrices en participent. On a des crises, de moyenne et de longue période, et des transformations, plus ou moins profondes au-delà des effondrements et des disparitions de valeur dans des guerres. Pour dire les choses de façon simple, voire simpliste, au-delà d’un « écrasement » des salariés, on peut avoir une intensification du travail et une extension de la même technologie, avec remplacement des travailleurs par les machines (en moyenne période). Mais aussi, des crises de longue période. Et, contrairement à ce que pense Piketty, mais aussi un certain nombre d’économistes trotskystes, ce ne sont pas les destructions de la seconde guerre mondiale qui ont permis au capitalisme de surmonter sa crise, mais ses transformations sociales (Sécurité sociale, nationalisations, rôle nouveau de l’État dans le crédit, éducation obligatoire et généralisée) et technologiques.

Des statistiques ahurissantes et des procédés graphiques inacceptables

Mais, dira-t-on, tout son discours est appuyé sur une masse de statistiques conséquentes. Et donc devrait être accepté au nom de l’empirie ?
Eh bien, non. Même si certains critiques, comme Boyer ou Husson, accréditent malheureusement ses statistiques, au motif que Piketty fourni un grand nombre de chiffres sur les inégalités.
Premièrement, rappelons que ses statistiques reposent comme on l’a vu sur une délimitation fort contestable de ce qui est mesuré, le capital. On ne sait pas ce que l’on trouverait si on utilisait une autre définition du capital, incluant vraiment celui des entreprises, au lieu de la petite partie reflétée dans le patrimoine des ménages (il faudrait d’ailleurs traiter aussi autrement des logements des ménages).
Deuxièmement, les données elles-mêmes sont fort critiquables (4). Leur transparence est toute relative malgré l’avalanche de pages et le nombre conséquent de graphiques : la source mentionnée est… le site de l’auteur !! On trouve indiqué au bas des graphiques « source : piketty.ens.fr ». Et lorsqu’on va sur le site indiqué, à nouveau rien n’est clair, ni bien transparent.
Surtout, nous nous trouvons gratifiés de graphiques vraiment farfelus et faussés où le rendement du capital est donné sur 2 000 ans (oui deux mille !), sans se soucier même de ce que peut signifier la catégorie « capital » à travers les âges et les types de société. Le docteur Piketty réussit ainsi à estimer le capital à l’époque de Jésus- Christ… Et, tour de force, il nous le donne avant et après impôts ! (p. 562 et 565). De la haute fantaisie. Et il y a plus : les mêmes graphiques ont une échelle élastique, avec la même longueur d’abscisse pour 1 000 ans et pour 47 ans… ! Tout cela pour mettre en regard d’un taux de croissance de la production un rendement du capital arbitrairement fixé à 5 % de façon presque permanente dans le temps. Il prolonge la courbe un siècle au-delà de notre période, sans distinguer clairement non plus ce qui n’est qu’une projection. Il suppose une diminution de la croissance du revenu durant tout le prochain siècle et en conclut ce qu’il a inséré comme hypothèses : la croissance du revenu global est et sera plus faible que le taux de rendement du capital (qui est aussi son taux de croissance). La période 1950-2012 serait une exception dans l’histoire de l’humanité.
Et c’est là que le bât blesse. On ne trouve pas d’autre mot que celui de charlatan, même si l’on sait bien qu’on s’empressera de nous le reprocher. Pensez-vous, quelqu’un d’aussi bien établi ! Et avec des monceaux de données… !
Par ailleurs, beaucoup de données sont interpolées, estimées, ce qui est inévitable pour des données historiques portant sur au moins deux siècles (ou plus, comme on l’a vu), mais les choix présidant à ces estimations sont largement ad hoc, sans mention de fourchette, sans courbes alternatives. L’auteur renvoie à une « annexe technique » introuvable dans l’ouvrage et disponible seulement sur internet. Celle-ci rassemble les différents ouvrages et articles de l’auteur mais explicite fort peu les chiffres… On trouve le document Piketty, Zucman (2013) où, pour la France, qu’on connaît mieux, pour les années antérieures à 1949 non publiées par l’Insee, rien n’est véritablement explicité, si ce n’est un renvoi aux travaux de ... Th. Piketty et une série d’hypothèses de taux de croissance ou de ratio sans justifications argumentées.
Certaines explicitations, données dans l’ouvrage, laissent entrevoir le pire en matière de données ad hoc : ainsi pour commenter des graphiques commençant en 1820, il nous explique qu’il a additionné l’ensemble des revenus du capital « répertoriés dans les comptes nationaux » (p. 319)… sauf qu’il n’existe pas de comptes nationaux pour ces époques… ! Ou encore « rappelons tout d’abord que le taux de conversion traditionnel entre capital et rente aux XVIIIe et XIXe siècle […] est généralement de l’ordre de 5 % » (p. 326) et l’on retrouve le 5 % de rendement du capital (5).
Au total, sous une critique des inégalités en apparence anodine et sympathique, Th. Piketty défend une thèse très conservatrice, reposant sur des fausses évidences, des idées convenues. C’est l’économie des lieux communs, où les corrélations entre statistiques parfois douteuses se substituent aux causalités, une vision économique cohérente avec la théorie dominante, une théorie, avec l’absence des entreprises, mais aussi de leur capital – réduit explicitement par l’auteur à la fortune personnelle des ménages… ! Bref une machine contre la transformation sociale véritable, les idées révolutionnaires et le marxisme. Ce qu’annonce l’allusion à Marx dans le titre. Il s’y combine des statistiques déformées ou invérifiables, voire farfelues, des graphiques à la limite du charlatanisme. Tout cela sous une apparence de haute scientificité et de transparence qui impressionne plusieurs commentaires critiques de gauche…
Ces statistiques pipées permettent d’ailleurs à Th. Piketty de faire fi en quelques pages, et sans véritable argument, des controverses profondes et pourtant fort instructives entre des économistes comme Keynes, Marx, Ricardo, Solow, Kaldor, Harrod, Domar. Excusez du peu !
En réalité, Thomas Piketty s’engouffre d’une part dans la réduction généralisée de Marx à une vulgate de la dénonciation de l’opposition entre riches et pauvres (6). Tout le contraire d’une analyse de classe, liée au rôle des travailleurs dans la production et au type de revenus perçus. Tenez-vous bien, il y a des références à Balzac et à Jane Austen ! (oui, mais Balzac sans banquiers ! ce qui est vraiment très fort). D’autre part, au-delà des approximations fort élastiques sur les dates, les chiffres et les statistiques, il s’engouffre dans la brèche de l’ignorance du cycle long par tant d’économistes.

Quid des inégalités ?

Si l’on en croit les statistiques de Piketty sur les inégalités récentes de patrimoine entre les ménages (les statistiques qui semblent les moins sujettes à caution), il semblerait en effet qu’elles se soient accrues durant les dernières décennies.
Mais premièrement, loin de retrouver leur niveau de 1910 et de signaler le triomphe du capital et du rentier, les inégalités de patrimoine restent d’après ses propres chiffres bien inférieures à celles-ci. Pour la France (p. 542), les 1 % de personnes (ou ménages ?) les plus riches auraient certes vu leur part recommencer à croître depuis 1990, mais en passant de 20 % du patrimoine détenu à 25 %, contre un niveau entre 45 % et 60 % de 1810 à 1910 !
Et à nouveau nous avons des courbes à échelle élastique (p. 436). Avec un même pas d’échelle pour décrire les personnes situées entre le centile 90 et le centile 95 du patrimoine, et pour décrire les personnes du dernier millime. Donc 50 fois trop grand ! Quel est le résultat ? C’est qu’au lieu que la courbe des revenus du capital s’envole pour les 50 000 personnes les plus riches en patrimoine (1 millième de 50 millions d’adultes = 50 000), on a une droite régulière. Les cadres moyens et supérieurs salariés (qui font partie des centiles 90 à 95) ou les dirigeants de TPE semblent logés à la même enseigne que les super capitalistes comme Liliane Bettencourt et la famille Peugeot.
C’est d’ailleurs aussi le point sur lequel Kuttner a choisi de concentrer sa critique de Piketty : il range dans un même tout l’accroissement des inégalités et des problèmes de croissance des revenus de tous les salariés après-guerre parce que les salariés supérieurs ont plus crû que les autres, sans insister sur le retournement de l’ensemble du monde salarial à partir des années 1980.
Et de façon cohérente, Th. Piketty nous propose, de façon insidieuse, deux mondes qui traversent le salariat lui-même au lieu d’opposer les détenteurs de grands capitaux dominants au reste de la société du précaire au chercheur, en passant par l’ouvrier, l’infirmière, le prof et l’ingénieur jusqu’à l’intermittent du spectacle (et de montrer éventuellement comment certains hauts salariés sont intoxiqués par la logique du capital et intégrés à sa logique, quand une partie de leur propres revenus viennent de placements financiers). Pourtant les statistiques de l’Insee nous apprennent que 126 grands groupes d’entreprises multinationaux à contrôle français emploient directement 40 % des salariés des entreprises et contrôlent la moitié des profits d’exploitation en France (Insee, 2013).

Que faire ?

Le livre de Piketty a le grand mérite de réintroduire l’exigence de statistiques de longue période, fiables, sur le capital. Et ce n’est pas rien. Mais il le fait avant tout par ses manques et défaillances. Il souligne aussi le rôle décisif de la question du rapport capital/produit. Mais bien évidement à nouveau « en creux » : au rebours d’une stabilité de ce ratio : qu’en est-il de son évolution dans les différents pays ?
Mais, au-delà du diagnostic, se pose la question des alternatives.
La logique interne de l’ouvrage de Piketty montre bien la cohérence comme les limites d’une alternative fondée sur une fiscalité étroitement redistributive et correctrice. Non pas qu’il n’en faudrait pas, ni qu’elle n’a pas besoin d’améliorations fortes. Mais plutôt qu’elle ne fonde pas une alternative de société, ni même une issue à la crise profonde.
À son corps défendant, ses absences, ses failles indiquent où se situent les enjeux majeurs du débat social sur l’économie : la création monétaire et le crédit, la maîtrise de l’utilisation du capital dans les entreprises, une répartition active portant sur le développement des gens et leurs capacités, donc sur les dépenses pour les services publics. À ce stade il est intéressant de noter que la critique la plus pertinente que nous avons lue de cet ouvrage émane d’hétérodoxes qui, comme Gaël Giraud, cherchent dans ce même sens de la création monétaire et de dépassement historique du capital et de sa domination sociale, ou de spécialistes de sciences sociales cherchant à articuler luttes des classes, sociétés et économie de la production.
La question d’un véritable pacte de responsabilité sociale pour les institutions productives que sont les entreprises est aujourd’hui posée dans les faits ! Pour une gauche et des progressistes n’opposant pas demande et offre, répartition et production, sans céder aux illusions du soutien du profit égoïste comme solution des difficultés sociales.
Au rebours, Th. Piketty cherche en conclusion de son ouvrage à attirer le débat dans les ornières du « bon niveau du déficit public », que devrait seulement fixer le débat démocratique. Là l’économie et ses contraintes ont disparu. Il ne traite pas de la question de l’utilisation de la dépense publique – où et pour faire quoi – qu’il s’agisse de la dépense budgétaire issue du produit des impôts, ni encore de la création monétaire que peuvent réguler en dernière instance les puissances publiques à travers les banques centrales, dont la BCE, et au niveau mondial le FMI. Là se situe pourtant à notre sens une « nouvelle frontière » démocratique majeure pour les progressistes : ne séparant pas la délibération sur les objectifs de société, les coûts du capital, les critères techniques d’utilisation des fonds et les pouvoirs des gens eux-mêmes.

Références

– Boyer Robert, « Le capital au 21e siècle », Revue de la régulation, automne 2013.
– Giraud Gaël, « Quelle intelligence du capital pour demain ? Une lecture du Capital au XXIe siècle de Th. Piketty », Miméo, CNRS, École d’Économie de Paris, Centre d’Économie de la Sorbonne, labex REFI, 2 janvier 2014.
– Husson Michel, « Richesse des données, pauvreté de la théorie », Contretemps, février 2014.
– Insee (2013), « Les entreprises en France », collection « Insee-Références », 2013.
– Jacoby Russel, « Thomas Piketty ou le pari d’un capitalisme à visage humain », Le Monde Diplomatique, août 2014.
– Jaxel-Truery Pierre, « Thomas Piketty, pourquoi ses courbes affolent la planète », M. Le magazine, supplément du Monde, 28 juin 2014.
– Kuttner Robert, « What Piketty Leaves out », American Prospect, 2014.
– De Lagasnerie Geoffroy, « Le manifeste inégalitaire de Thomas Piketty », Libération, octobre 2013.
– Piketty Thomas, Le capital au XXIe siècle, Les livres du nouveau Monde, collection dirigée par P. Rosanvallon, éditions du Seuil.
– Piketty Thomas, Zucman Gabriel Capital is Back. Wealth-Income Ratios in Rich Countries, 1700-2010, Data Appendix, Paris School of Economics, décembre, 2013. n

(1) Thomas Piketty pose : α = r.β et β = s/g
Avec des lettres grecques, ça fait plus scientifique… La première équation peut s’écrire P/VA = P/K.K/VA, avec P= profit, VA = valeur ajoutée (donc le PIB) et K = le capital. C’est une décomposition tautologique de P/VA (part des profits dans la VA) : on multiplie et on divise par K, ce qui permet d’obtenir que la part des profits dans la VA est le produit du taux de profit (P/K) et du rapport capital/produit (inverse de l’efficacité du capital ou de l’indice de sa composition organique). Mais cela n’exprime pas une causalité. La seconde équation est bien plus problématique. Elle stipule que le rapport capital/produit (K/Y ou K/VA, nommé β) est égal au rapport entre le taux d’épargne (s) et le taux de croissance de la VA (g). Cela suppose que le taux de croissance de K est égal au taux de croissance de l’épargne, ce qui revient à supposer (1) que l’investissement I est égal à l’épargne S, et met donc de côté le crédit ainsi que la thésaurisation, (2) qu’il n’y a pas d’inflation, ou en tout cas pas d’inflation différente pour le capital et pour les autres biens ! Ennuyeux pour un ouvrage de 970 pages sur les inégalités et la répartition des revenus sur plusieurs siècles… (3) que le renouvellement et l’obsolescence du capital ne comptent pas . Enfin, last but not least, K/Y est supposé constant… ! Pas de crise d’efficacité ! Même R. Boyer est gêné par cette façon de postuler la stabilité du rapport capital-produit.
(2) Ceci, avant l’accord de la famille Peugeot et de l’État Français avec l’État chinois et DongFeng, dans lequel chacun va détenir 0,8 milliard d’euros.
(3) Par une dévalorisation des autres capitaux, ne recevant pas leur taux de profit « normal ».
(4) C’est d’ailleurs ce qu’ont tout de suite remarqué les financiers anglais du Financial Times, orfèvres en matière de chiffres… : « Dans ses feuilles de calcul, [...], il y a des erreurs de transcription à partir des sources originales et des formules incorrectes [...] Il apparaît également que certaines données sont sélectionnées ou construites sans source originale ». La réponse de l’auteur est largement insuffisante : « les données qu’on a sur les patrimoines sont imparfaites mais d’autres comme les déclarations de succession sont plus fiables. Je fais cela en toute transparence. Je mets tout en ligne » (cité par Le Monde du 25 mai 2014).
(5) Par exemple : pour le XIXe siècle : « nous partons des patrimoines au décès, mais nous repondérons chaque observation en fonction du nombre de personnes vivantes au sein de cette classe d’âge au cours de l’année considérée ». Ou encore, pour avant 1700 « j’ai retenu un rendement pur [du capital] de 4,5 % » (p. 562), « Pour le XXIe siècle j’ai supposé que la valeur observée au cours de la période 1990-2010 [...] allait se prolonger mais tout cela est bien sûr incertain [...] il existe des forces poussant vers une diminution de ce rendement, et d’autres allant dans la direction de son augmentation » (p. 562-563). Il faut savoir : soit c’est incertain et alors il ne faut pas tirer des conclusions aussi tranchées, soit c’est certain et il faut alors le montrer vraiment ! Souvent un taux observé ponctuellement sert à prolonger toute une courbe sur plusieurs années. Encore une fois, cela ne serait pas illégitime, si précisément ces hypothèses n’étaient pas ensuite commentées comme des résultats en tant que tels.
(6) Aussi, N. Baverez peut dénoncer chez Piketty un « marxisme de sous-préfecture » (Le Nouvel Observateur, mai 2014).

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Rédigé par aragon 43

Publié dans #Economie

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Publié le 2 Janvier 2015

BULLETIN DE PAIE SIMPLIFIE COMME LE CODE DU TRAVAIL SANS PAGES ET SANS LOI

LES SALARIES NE SAVENT PAS LIRE LEUR BULLETIN DE SALAIRE !!!!!!!

Que des analphabètes…

Ce midi, lors du journal télévisé de la 3eme chaine, l’animateur a donné la parole à une journaliste pour parler de la simplification du bulletin de paie qui intervient dés maintenant à titre expérimental.

J’ai déjà dit ce que je pensais de ce qui se cachait derrière cette soit disante simplification.

Mais je n’avais pas encore entendu l’argument massue de cette journaliste pour opérer cette clarification et la consœur du présentateur nous a offert la clé de cette modification souhaitée par le patronat qui n’en peut plus de devoir payer des salariés pour établir les feuilles de paie.

La raison retenue par cette dame c’est que les salariés n’y comprennent rien aux différentes colonnes alignées sur le bulletin.

Pour le gentille dame obsédée par le contenu de la feuille de paie, qui avait certainement aller dû faire un stage au Médef ou chez Macron, les travailleurs sont incapables de déchiffrer le contenu dans le maquis des chiffres.

Pour sûr, il n’y a que les patrons pour saisir les chiffres et la longueur avant la virgule, surtout quand les lignes des dividendes s’amoncellent.

Mais mon petit doigt m’a dit soudainement qu’il y avait « anguilles sous roches » dans cette affaire.

En effet, son argumentation de simplicité m’y pousse : le bulletin serait dorénavant composé de quelques lignes : salaire brut - cotisations sociales regroupant l’ensemble des cotisations santé, retraites sécurité sociale et complémentaires, allocations familiales, chômage, mutuelle, prévoyance etc où ne resterait que le pourcentage global de toutes les cotisations puis une ligne comprenant la part dite patronale où l’on retrouverait que le chiffre global des cotisations versées par l’entreprise et l’on ne verrait plus apparaitre les cotisations de l’entreprise pour le logement, l’apprentissage, la formation professionnelle etc ; et la feuille de paie se terminerait par le net perçu.

Une manière de rendre plus difficile la connaissance des acquis des salariés qui reflètent les différentes cotisations avec ce qu’ils payent mais surtout ce qu’ils ont arrachés comme cotisations de l’entreprise .

Une globalité donc pour cacher ces droits sociaux et pouvoir mieux les rendre perceptibles pour mieux les supprimer car en fait il s’agit du salaire socialisé que représente la partie cotisation entreprise pris sur la plus value créée par le travail.

La feuille de paie actuelle est un outil de lutte, elle a toujours été au centre des luttes pour connaitre et mieux revendiquer et faire payer la force de travail à son prix et à revendiquer reconnaissance des qualifications et salaires attachés à une valeur de point réel.

En fait, le patronat et le gouvernement se sont joints par cette simplification à rendre la feuille de paie mystérieuse sur son vrai contenu, un contenu qui affiche encore des droits et qui permet d’en obtenir d’autres par la lutte.

Derrière cette simplification se cache l’idée d’en finir avec le vrai bulletin de paie et de retourner à la paie de main à la main, qui, d’ailleurs, revient en force en ce moment à travers le travail précaire.

Alors la simplification de le feuille de paie n’est qu’un attrape-nigaud ou plutôt c’est comme le code du travail où le gouvernement et le patronat veulent le réduire à quelques pages comme la feuille de paie à quelques lignes..

Quand à la journaliste de FR3, si elle ne comprend pas le contenu de la feuille de paie qu’elle reçoit, il suffit qu’elle s’adresse à des salariés qui lui expliqueront en détail son contenu ou encore à un délégué du personnel de France 3.

Bernard LAMIRAND

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Rédigé par aragon 43

Publié dans #syndicalisme

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Publié le 1 Janvier 2015

C'ETAIT AVANT
C'ETAIT AVANT

VŒUX DE L’ÉLYSÉE

Le président a parlé….

Nous ne l’avons pas écouté.

Toutes les chaines l’ont diffusé obligatoirement.

Que des calembredaines disent les survivants de l’écoute présidentielle

Que restera t’il de ce discours ?

Rien…. sinon qu’une politique en faveur de la finance et du Medef.

Des millions de téléspectateurs de gauche se sont absentés au moment où il a parlé comme lors d’une pub imposée

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Rédigé par aragon 43

Publié dans #humour

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