Publié le 3 Juillet 2011
MONACO AND CO
Monaco et son rocher était hier dans l'extase d'un grand événement.
Le prince Albert épousait une roturière; cela dit, la famille du prince, de par ses aïeux, ne valait pas quatre sous (wikypédia) *.
La catholicité était de la fête.
Les sacrements du mariage tombaient sur les épaules de débardeuse de la nageuse en eau consacrée.
La télévision française avait délégué deux de ses représentants les plus patentés: Stéphane Bern le héraut des monarques et Marie Drucker l'enchanteresse.
Le bon peuple français avait besoin de ce moment de réjouissance pour oublier son infortune, les grecs aussi et d'autres victimes des ripailles de ces profiteurs.
Les perroquets de Sarkozy étaient tout destiné pour cette œuvre: endolorir la basse-classe de ses plaies par quelques onguents nuptiaux. Après Charles d'Angleterre, donc Albert, et leurs princesses au bois dormant pour endormir les peuples.
Il ne manquait plus auprès de la belle que la bête.
La bête était là, pas celle gentille de ce conte connu, mais une horrible hyène qui avait payé la note de cette somptuosité: le capital.
Celui-ci ne dédaigne jamais de convoquer les parasites de la société, qu'il a éliminé naguère, pour enchanter les peuplades et cacher ses noirs desseins. Il en garde simplement sous la main quelques-uns pour faire fructifier son argent dans les paradis fiscaux.
Monaco en est un.
Tout l'argent dépensé pour le cérémonial nuptial provient de ces fortunes faites sur le dos des peuples et qui ont trouvé refuge chez Albert ou chez d'autres roitelets.
Ils étaient tous là (la jet-set et les commis du capital) disait le préposé de la seconde chaine, hier soir. On pouvait voir dans les étranges lucarnes télévisuelles tous les gavés de la société se pressaient pour assister à la convolée du prince et de la princesse. Les chapeaux de ces dames étaient des plus recherchés, les bijoux cachaient des vieilleries venues s'exposer, des drôlesses montraient leur opulence, les hommes d'affaires et les forbans de la banque et de la politique faisaient honneur à la table où les mets les plus exquis s'étalaient sur des buffets ornées de plantes et de fleurs méditerranéennes.
Et puis, le clou , "notre maitre", le dénommé Sarkozy était présent.
Nous pouvions alors comprendre pourquoi la télévision nationale devait être visible: le chef de rubrique était là pour sa campagne.
Comme le disait Marx: " la religion est l'opium du peuple; ici, à Monaco, le mariage princier est fait pour faire oublier les larcins de tous ces privilégiés qui nous pillent en ce moment.
Le faste de cette hyménée est à mettre en relation avec la misère des petites gens et je terminerai par ces quelques vers de Victor Hugo:
"Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, cœurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohue"
Bernard LAMIRAND
*Louis II, surnommé le Prince-Soldat, monte sur le trône de la principauté de Monaco le 26 juin 1922. L'arrivée des troupes italiennes en juin 1940 inquiète le prince Louis II de Monaco à titre personnel. Il craint une annexion et une destitution. Il se rapproche du gouvernement de Vichy. C'est à Pierre Laval et au maréchal Pétain — dont il a embauché l'ancien aide de camp — qu'il demande, avec succès, assistance. Le prince Louis II fait passer de son propre chef, sans contrainte ni de l'Allemagne nazie ni du régime pétainiste, des lois antisémites visant au recensement des juifs et à l'organisation de rafles.
Vis-à-vis de l'Allemagne, la principauté de Monaco exercera envers le Troisième Reich ce qui sera nommé plus tard une étrange neutralité. Des liens financiers avec les nazis existaient depuis 1936, quand le ministre des Finances allemand Hjalmar Schacht avait rendu visite au prince pour mettre en place un montage financier à partir de banques allemandes. L'intérêt à avoir des liens financiers était mutuel. La prospérité et l'indépendance de la principauté en profitaient. Le Reich diversifiait ses interfaces de financement. Par la Suisse et par Monaco, l’Allemagne nazie a réussi à contourner les embargos imposés par les Alliés. Le 25 juin 1943, Louis II offre un banquet au consul d'Allemagne ; il nomme le docteur Bernhard Bodenstein, un membre du parti nazi, consul de Monaco à Berlin. Les nazis arrivent à Monaco en septembre 1943. Des Allemands prennent des participations dans la Société des bains de mer (SBM) Le comportement du prince Louis II pendant la Seconde Guerre mondiale fut parfois considéré comme germanophile. En intégrant l'armée française en 1944, son petit-fils le futur prince souverain Rainier III de Monaco évita à la famille Grimaldi une accusation de collaboration avec les nazis.