Publié le 15 Décembre 2008
Je demande à voir et je suis prêt à y travailler.
Je ne suis pas persuadé que c’est le cas de certains dans ce congrès.
J’ai participé au 34eme congrès du parti communiste français à la Défense, là où travaillent des dizaines de milliers de salariés.
Un congrès qui vient un an après un formidable moment, celui de la conférence extraordinaire des délégués de sections, tenue au même endroit.
Ma première impression, en arrivant au congrès, c’est que j’allais me retrouver dans d’autres conditions.
La fraicheur des délégués(es) l’an dernier m’avait enthousiasmé.
Ici chaque délégation vient avec les décisions prises dans les conférences départementales.
A fleuret moucheté on s’affrontera entre thésards.
Chacun d’entre eux peaufine ses arguments, se déplace pour voir ses amis, certains ont les honneurs de la presse écrite et parlée, de la télévision.
Dans ma délégation, nous sommes neuf camarades, nous allons suivre les discussions et participer aux ruches où l’on débat par table de dix ; c’est le seul moment ou les délégués de base auront la possibilité de s’exprimer.
Je m’inscris tout de suite pour la discussion générale.
Je compte faire valoir les travaux de ma section et à la conférence départementale.
Sagement, je vais attendre mon tour. Il ne viendra jamais.
Une présentation est faite par Pierre Laurent, celui qu’on destine demain, quand Marie George partira, à la fonction de premier secrétaire. Son intervention est gentille, un peu monocorde, elle reproduit les discussions préparatoires qui ont confirmée et améliorée la base commune.
Pas de quoi sauter au plafond.
Bon, quand même, cette base commune certifie qu’il y a un avenir pour le parti communiste à condition qu’il se transforme.
C’est ce que je souhaite comme de nombreux communistes.
Les interventions s’égrènent tout l’après midi et les « chefs de pensée » interviennent les uns après les autres ; certains, d’ailleurs, interviendront à plusieurs reprises durant le congrès.
Moi, le délégué, comme d’autres d’ailleurs, j’irai me faire voir chez plumeau.
Tant pis.
Le lendemain, ce sont les ruches, nous butinons pour la base commune et surprise : il y a des centaines d’amendements ; les communistes à la base ont apporté de sérieuses modifications au texte initial qui ne tenait plus la route devant les dégâts de la crise et du capitalisme ; nous les devons à Boccara et à son équipe d’économistes.
De quoi valider la nécessité d’un parti communiste qui soit lui-même.
La base commune va ainsi être modifiée sensiblement par l’apport des délégués en ruche à partir des matériaux venant des conférences de sections et fédérales.
Pendant ce temps, les tractations se déroulent pour établir la future direction.
Rien d’anormal si c’est pour changer de direction qui a failli avec ses errements électoraux et ses alliances éphémères à l’exemple du batteur d’estrade Bové passé dans le camp du verdâtre Cohn Bendit.
Bon passons.
Viens ensuite le débat sur le vote de la base commune où il nous est simplement demandé d’accepter ou pas les amendements proposés par la commission.
Cela va demander tout le samedi jusqu’au soir et on aura enfin une vraie base commune ; j’en suis satisfait et je vote cette base qui sera approuvé très majoritairement par les délégués.
Je suis satisfait car ce document va servir pour les trois ans qui viennent et il recèle une démarche qui permet de repartir de l’avant.
D’ailleurs, ceux qui veulent faire un autre parti, réunis autour de Marie Pierre Vieu, qui préconisent une « métamorphose » (en gros une fin du PCF pour renaitre dans un autre chose), font feu de tout bois pour faire valoir leur détermination à fonder tôt ou tard un nouveau parti (peut-être avec Mélanchon) ; ils iront jusqu’à se réunir, en plein congrès, en face, au CNIT de la Défense avec Gayssot le lâcheur venu spécialement pour la circonstance.
Vendredi soir, je rentre donc satisfait à la maison, on a une base commune sur laquelle on peut militer et redonner à ce parti toute la force qu’il a perdue ces dernières années.
L’identité communiste va pouvoir se déployer à nouveau, sans sectarisme, mais avec nos idées, que nous ne mettrons plus en sourdine pour favoriser des coalitions fortuites et poursuivre des alliances mortifères avec les socialistes du genre « gauche plurielle ».
Je suis content et je le dis à mon entourage.
Je crois encore que l’on va pouvoir dépasser les clivages existants entre une partie de la direction sortante réunie autour de Marie George Buffet et d’autres camarades comme Gérin et Nicolas Marchand qui depuis des années, chacun à leur façon, alarment sur le danger d’une dilution du PCF à l’italienne et demain à l’allemande.
Dimanche matin, je me prépare donc pour intervenir et dire ma satisfaction de ce vote pour la base commune et de la possibilité de se réunir tous ensemble pour l’appliquer, la faire connaître aux français et redonner du « punch » au PCF.
Désillusion : arrivé dans l’enceinte du congrès, j’apprends que quatre listes vont s’affronter.
Personne ne veut l’unité au sein d’une seule liste me dit-on.
Il faut se compter me dit un autre.
Marie George Buffet refuse toute intégration dans sa liste de Marchand et Gérin parce que certains de ces colistiers sont vus désagréablement par des fédérations auxquelles ils appartiennent me dit encore un autre.
Marchand me dit qu’il a fait une ultime demande de rencontre refusée.
Le bordel, quoi.
Et ça repart.
Et je me dis, que peut-être, j’aurais plus de chance à intervenir et à dire ma colère.
J’écoute alors le rapport de la commission des candidatures qui nous révèlent l’ampleur des désaccords entre tous ces camarades qui ne veulent pas vivre ensemble mais qui vont pourtant vivre ensemble (voir final).
Je mets de côté la liste de Marie Pierre Vieu qui se présente et qui n’a pas du tout l’intention de fusionner.
L’heure est alors venue de demander aux délégués ce qu’ils en pensent, et surprise, on nous sort une première liste de 10 intervenants et une seconde de dix autres intervenants, pour après, si les horaires le permettent.
Personne n’avait entendu parler de s’inscrire pour ce débat.
Bonjour la démocratie.
Rideau alors sur la possibilité d’intervention des délégués au micro : les interventions sont prêtes et choisies.
Ce sont à nouveau les leaders qui interviennent.
J’irai me faire voir une deuxième fois chez plumeau, car à ma demande, on me répond qu’on ne va pas faire durer les choses jusqu’à dimanche soir.
Tout est verrouillé, clos me dit Boccara.
Comme je ne suis pas du genre Gremetz, je ne monterai pas à la tribune pour vociférer.
Le vote a lieu après ce débat des leaders.
La liste de Marie George Buffet l’emporte: les autres listes alternatives auront des élus au prorata de leurs voix.
Et ironie du sort, nous retrouverons tous les premiers de ces listes alternatives au conseil national.
Je pourrais blaguer, pourquoi toutes ces gesticulations, ces réunions, ces serments, pour en arriver à une liste pléthorique, avec reconduction d’une grande majorité de l’équipe sortante qui a failli et de camarades qui se détestent fraternellement.
Bon, j’arrête là, je vais faire en sorte, loyalement, que ce parti qui a décidé de vivre et de se transformer le fasse.
La base commune sera mon outil de travail.
Enfin, comme le dit Aragon et pas pour noyer le poisson comme l’a fait Chassaigne dans une brillante allégorie, je reprendrai ‘la rose et le réséda’ en y rajoutant une première partie qu’il a oublié de mentionner et qui est dans l’en-tête de mon blog :
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du cœur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas fou qui fait le délicat
Bernard LAMIRAND