ELECTIONS ET LUTTES : LA MARQUE DES COMMUNISTES
Publié le 10 Juillet 2020
ELECTIONS ET LUTTES : LA MARQUE DES COMMUNISTES
Nous venons de connaitre une période électorale avec les municipales qui mérite analyse et propositions.
Ce qui marque, c’est l’abstention massive des électeurs et électrices : 60 % environ se sont abstenus.
Bien des exégètes disserteront sur le fait que les abstentions sont devenues monnaies courantes et ils banalisent ou dramatisent.
Je vais, sans prétention, donner mon opinion. Je la base sur mon vécu de militant communiste.
Cette situation ne résulte pas seulement d’un coup de colère, d’une déception ou d’incompréhensions ; ce n’est pas non plus une banalisation du vote devenu une corvée du week-end.
Il y a du fondamental et des responsables.
L’abstention s’est développée avec un système capitaliste en crise profonde qui va jusqu’à malmener sa propre démocratie bourgeoise pour survivre et empêcher l’alternative progressiste : je dirai, n’ayons pas peur des mots : une alternative communiste.
Cette situation de crise s’accélère depuis les années 75 où s’annonçaient déjà dans notre pays et dans le monde de fortes restructurations du capital et des choix régressifs visant le monde du travail ; dédaigneusement, dit par les classes dirigeantes, d’en finir avec l’Etat providence. Celui de Croizat et de la Sécurité sociale par exemple.
On peut dire que le capital, libéré de la peur du communisme avec la fin de l’URSS, pense pouvoir faire ce qu’il veut pour redresser son taux de profit à tout prix en France et dans le monde.
Il s’appuie sur l’individualisme et la division internationale du travail et la mise en concurrence exacerbée des travailleurs à travers les délocalisations, les changements dans l’organisation du travail et les transformations actuelles informationnelles dans le rapport capital-forces productives.
Le néo-conservatisme est décidé à jeter par la fenêtre toutes les formes démocratiques qu’il a dû concéder ou monter pour organiser sa domination.
En France, le code du travail est vidé de son contenu social engrangé à partir des luttes de 36, de la libération ou du grand mouvement social de 1968.
Il s’ensuit l’affaiblissement des organisations syndicales en réduisant leur rôle de défense des intérêts des salariés et des retraités. De même limiter et affaiblir les formations politiques dans un modèle les enfermant dans une constitution qui les musèlent complètement par des superstructures capitalistiques dominantes venant même contester le rôle de l’Etat.
En fait, nous assistons non pas à la dictature du prolétariat mais à la dictature du capital pour la profitabilité financière; et les Etats deviennent que des représentants de l’oligarchie financière internationale. En France, c’est le CAC 40 qui décide et au niveau de l’Europe, c’est le club des magnats de la grande finance appelé Bidelberg regroupant la fine fleur des milliardaires.
Tout est fait donc pour que le monde du travail soit soumis et enchainé à cette dialectique capitaliste. Celui-ci mesure les conséquences mais ne trouve pas la réponse et la riposte à la hauteur des attaques qui se manifestent contre lui en France, en Europe et dans le monde.
L’abstention politique se développe donc, elle est un chemin sans issue et encourage toutes les formes d’autoritarisme et même d’absolutisme.
Les citoyens ont devant eux une image voulue comme quoi il est inutile de se rebeller et le sentiment de fatalité règne: « le pot de fer contre le pot de terre » disaient les anciens, quand le mouvement social était faible et inorganisé.
L’idée de l’abstention part d’une impression d’abandon et peut conduire à ce que l’acte du vote soit considéré comme vain. Cà intéresse la bourgeoisie qui peut alors diriger sans failles l’appareil d’Etat.
Alors que faire ?
Le chemin sera long pour redresser la barre et redonner confiance et optimisme dans l’idée du collectif et non du recroquevillement sur soi-même.
Les communistes doivent tenir la barre.
Nous avons une responsabilité de par notre histoire : combats de classe et résistance sont dans nos gènes n’est-ce-pas ?
Le responsable de cette situation doit alors être clairement désigné : c’est le capital, c’est l’argent roi, c’est le profit maximum tiré sur le travail, c’est l’exploitation optimale de la force de travail qui mène le bal idéologiquement et concrètement.
L’élection est « un piège à con » disaient certains révolutionnaires d’opérette en 1968, genre Cohn-Bendit ; il faut être précis, l’élection n’est pas un piège, mais un moment particulier de la démocratie, mais pas n’importe comment. Il s’agit d’établir une démocratie sociale véritable. Il ne peut y avoir de démocratie politique si elle n’existe pas dans la vie de tous les jours et sur le terrain, notamment à l’entreprise.
Une démocratie qui part du débat et des luttes et qui offre des solutions progressistes et qui construit une société » communiste. C’est notre boulot ou alors nous ne sommes plus des communistes !
Alors il est nécessaire de nous rétablir avec le peuple, avec les travailleurs, avec les exclus du système capitaliste qui jonchent la vie politique, économique et asociale de ce système qui n’a que trop duré.
Le Parti communiste français est l’outil incomparable pour parvenir à créer les conditions de l’adhésion des cités et des lieux de travail.
Nous n’avons pas encore ce parti en état de le faire. Le manifeste communiste en ait un déclencheur, il faut maintenant lui donner de la concrétude.
Il s’agit dépasser la délégation de pouvoir, un boulet qui nuit au développement de la pensée communiste ; le militant communiste est la pierre angulaire pour qu’il n’y a plus de hiérarchie dans le fait de militer que l’on soit responsable dans une entreprise ou dans une cite, une ville un village, un département, une région ou au niveau national. Les tâches sont à partager et à faire tourner entre adhérents et participants. Nous ne sommes pas pour la course à l’échalote : le peuple n’en peut plus de voir cette chasse aux places, séquelles du passé et du gaullisme et de cette constitution de 58. Les communistes ne sont pas non plus immunisés par rapport à ce système de représentation codifiant la personnalisation politique de haut en bas ou de bas en haut jusqu’à la présidentialisation considérée comme l’acte majeur désignant le monarque pour cinq ans comme le maire pour 6 ans.
Une façon de faire en quelque sorte pour que ceux et celles qui sont autour de la table ont un maitre du jeu. Un maitre du jeu qui devrait être la population, les travailleurs, les gens, sinon ce sont des sordides batailles qui l’emportent pour désigner « l’heureux lauréat ».
L’élection doit être le moment où l’on décide parce que l’on a agit et lutter, parce qu’on a causé, parce que l’on s’est réuni pour travailler tels ou tels sujets qui intéressent la collectivité.
Plus on se verra avec le peuple et les travailleurs dans l’usine, dans la cité, dans l’immeuble, sur la place du marché avec nos tréteaux, que notre présence humaine sera crédible pour la reconquête des votes et surtout la reconquête de l’idée de lutter et d’agir ensemble pour faire avancer les choses.
L’humain c’est du « communisme », le respect de chacun et chacune dans sa recherche du mieux vivre ensemble, c’est « s’autocommuniser » pour ainsi dire.
Une telle façon de voir sera en fonction de ce que sont les travailleurs aujourd’hui. La harangue, le tweet, le blog, une fulgurance dans face- book, ne suffiront pas comme ne suffit plus seulement le tract dans la boite à lettre enfoui sous une tonne de pub. Certes, nous vivons avec internet, cela permet d’accéder à plein d’informations concernant le travail quand celui-ci évolue et se modifie ; la révolution informationnelle peut être le moyen de rendre la vie meilleure pour toutes et tous si ces outils sont maitrisés par ceux et celles qui en ont la charge de les conduire pour créer les richesses et déterminer leur répartition en faveur de toutes et tous et non d’une poignée de financiers qui s’en accaparent. Attention aux formes de télétravail où le patron s’ingère indirectement dans le cercle familial et la vie intime.
Il nous faut donner une autre image de la militance communiste et de l’organiser pour qu’elle soit le moyen de confier au peuple et aux travailleurs la décision.
Les pratiques électorales doivent alors évoluer et être liées aux luttes dans l’entreprise et à la décision de intéressés-es dans les cités, les villes et villages.
L’organisation du parti doit être revue en conséquence en faisant en sorte que le lieu prééminent de notre activité soit l’entreprise où s’organise le mieux le combat contre l’idéologie dominante.
L’abstention est l’arme de l’adversaire de classe, la lutte et l’action sont les armes du monde travail et plus généralement des citoyens.
Tout un programme à développer à notre prochain congrès avec un candidat communiste à l’élection présidentielle. Election présidentielle qu’il nous faut dénoncer comme l’acte le plus antidémocratique de la république en proposant aux français d’en finir avec la personnalisation du pouvoir entre les mains d’un seul homme.
Bernard LAMIRAND MILITANT COMMUNISTE