LA RETRAITE A POINT UNE VERITABLE ARNAQUE POUR LES SALARIES-ES
Publié le 16 Juillet 2019
LA RETRAITE A POINT : L’ARNAQUE DE MESSIEURS MACRON ET DELEVOYE
Jeudi 18 juillet, Monsieur Delevoye doit rendre son rapport sur les retraites.
Il remettra en cause, n’en doutons pas, le système mis en place à la libération par Ambroise Croizat et Pierre Laroque, qui l’ont construit pour en faire un système solidaire permettant aux français de bénéficier d’une vraie retraite et d’une vie nouvelle après le travail.
La presse délivre par petite dose depuis quelques jours ce qui va sortir du chapeau de Monsieur Delevoye.
Il ne faut pas être grand clerc pour savoir que c’est le système solidaire qui est attaqué de toutes parts ; et pour essayer de faire passer la pilule, le pouvoir laisse échapper quelques indications afin de préparer les esprits et de banaliser des décisions qui étaient affirmées dans le programme présidentiel de Macron et dans les interventions gouvernementales.
Ainsi le pouvoir annonce puis retire certaines mesures comme celles d’un allongement de l’âge de la retraite, parle de décisions à l’automne prochain quand sera discuté à l’Assemblée nationale le budget de la Sécurité sociale et annonce ensuite que la loi ne sera présentée qu’après les municipales de 2020.
En fait, un attentisme voulu, comme quelque chose qui arriverait doucement, sans faire trop de bruit, à pas de loup pour ne pas effaroucher les ayants droits et pour éviter une montée massive des luttes sur la question des retraites à la rentrée.
Je ne vais pas rentrer dans l’analyse des propositions que va faire Monsieur Delevoye, je vais simplement expliquer où le « chien est amarré » comme on disait dans mon entreprise quand j’y militai.
C’est le système Croizat des retraites qui est attaqué dans ses fondamentaux : âge de départ de la retraite avec une décote surcote, disparition du calcul de la retraite sur les meilleures années, financement par l’impôt au lieu des cotisations sociales. Le but étant d’arriver à disloquer le système mis en place en 1945/46 et de créer les conditions à ce que l’on revienne à des retraites par capitalisation en laissant pour les plus fragiles une « retraite balai » payée par la CSG qui est un impôt.
Le projet que Delevoye va nous livrer se fraye donc un chemin vers cette destination finale : il n’y a pas besoin de grand discours et de grandes démonstrations pour s’en apercevoir.
L’âge de départ à la retraite se dissipera dans une machinerie infernale : En effet ce ne sera plus qu’une coquille vide : ce qui fera décision, c’est les conditions de départ avec l’épée de Damoclès au-dessus de la tête ; la décote et la surcote obligeront à la poursuite de l’activité bien après 62 ans. Le nombre de points parachèvera ce retardement surtout si le récipiendaire détient qu’un nombre insuffisant de points de retraites pour partir. Celui-ci est donc pris en otage par la décote et la surcote, il y devra obéir sinon il partira avec une perte encore plus importante.
L’objectif est donc de retirer de la tête des salariés-es l’idée d’un âge de départ et l’âge légal devenant inopérant.
Le système à point
Le système à point Macron, c’est le moyen qui permettra de mettre fin à une retraite par répartition, solidaire et intergénérationnel. Il étalonnera tous les salariés-es et les retraités-es au plus tard à une date tampon 2025.
Fini le calcul sur les meilleures années : Celles-ci étaient déjà été touchées dans le privé par la réforme Balladur en 1993 qui avait modifié la teneur en passant des 10 meilleures années aux 25 meilleures années de telle sorte que les générations suivantes ont perdues beaucoup d’argent dans cette modification.
Fini le calcul sur les six derniers mois de salaires pour la fonction publique et les régimes spéciaux qui n’auront plus que des points comme pour le privé.
Le point de retraite Macron est donc un moyen pour en finir avec le régime par répartition et solidaire et amener les retraités à compléter leur retraite par des systèmes de retraite par capitalisation.
Un système à point qui dénaturera totalement le système par répartition, solidaire, intergénérationnelle. Ce système à point est tout le contraire de l’égalité des salariés, les inégalités se creuseront davantage entre ceux et celles qui ont un travail et les autres victimes de la précarité car le nombre de point de retraite sera le reflet que de la seule présence au travail et toutes les périodes de travail à durée déterminée ou de chômage ou de maladie seront éliminées de ce calcul.
L’inégalité salariale entre hommes et femmes sera d’autant plus exacerbée que les femmes sont en majorité dans les travaux de services et de temps partiels.
Enfin le pire vient avec l’idée que cet abaissement inexorable interviendra avec un prix de service du point établi par le gouvernement qui peut le réduire à volonté en fonction de la situation des caisses et du nombre de retraités-es ; autant dire que ce niveau de retraite amènera les ayants-droits à retarder d’eux-mêmes leur départ où alors de partir contraints et forcés par l’âge dans les pires conditions.
Le financement
Quand au financement, cette réforme par point liquidera à terme les cotisations sociales payées par le salarié et l’entreprise : cette cotisation de l’entreprise fait partie du salaire, c’est un salaire socialisé et non une charge patronale.
La cotisation sociale a été mise en place par Croizat en 1946 et le débat à l’Assemblée constituante a été particulièrement soigné par Croizat pour bien faire la distinction entre un système financé par l’impôt et un système financé par la cotisation. Croizat avait emporté la décision de la cotisation sociale du salarié et de l’entreprise.
En Grande Bretagne, c’est le contraire qui l’avait emporté et aujourd’hui c’est un régime forfaitaire minimal qui existe dans ce pays financé par l’impôt.
Le travail de sape depuis des années de faire en sorte d’éteindre petit à petit la cotisation dite de l’employeur dans les fiches de paie et de la remplacer par la CSG pour la maladie pourra aussi être appliquée pour les retraites. La CSG englobera alors l’ensemble du système de sécurité sociale et cet impôt est supporté massivement par les salariés et les retraités.
Voilà ce que Macron nous prépare, une arnaque et une seule chose reste à faire, c’est de faire de cette question des retraites une bataille féroce à la rentrée.
Nous savons déjà comment ils veulent nous manger, il faut leur faire savoir de quel bois nous nous chauffons.
Bernard LAMIRAND