LA GANGRENE FASCISTE A NOS PORTES
Publié le 3 Novembre 2018
LA GANGRENE FASCISTE A NOS PORTES
« Le ventre est encore fécond d’où surgit la bête immonde », disait Berthold Brecht, qui nous demandait de ne jamais oublier ce qui s’était passé avec le nazisme et le fascisme.
L’histoire nous rappelle sans cesse comment des êtres humains peuvent, à un moment donné, devenir de véritables barbares et même des gens à qui « on aurait donné le bon dieu sans confession ».
Nous assistons depuis quelques décennies à une nouvelle montée d’actes monstrueux dans le monde: des crimes contre des populations paisibles par des fanatiques religieux, des populations bombardées massivement au Yémen et parfois gazées comme en Irak et en Syrie et dans la zone arabique avec des assassinats et des tortures fomentés par des Etats membre de l’ONU comme l’Arabie Saoudite.
Ces exactions, que nous pensions révolus depuis les camps d’extermination où des millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont péris dans d’atroces souffrances par antisémitisme, racisme, xénophobie, croyances religieuses ou politiques, renaissent et s’amplifient dans les cendres encore chaudes ; et ce qui est révoltant, c’est une sorte de banalisation de ces événements racontés parfois avec un détachement et avec un certain cynisme.
Un peuple comme celui de la France, qui a combattu les armes à la main le nazisme, et dont nombre de résistants sont morts pour la liberté et la démocratie ne peut être indifférent à ce qui se passe en Europe et dans certaines parties du monde.
Comment en ce vingt et unième siècle l’on peut encore voir de telles atrocités ?
Elles ne peuvent avoir aucune excuse ni aucune justification politique, philosophique, religieuse.
On peut cependant y déceler ceux qui engendre et profitent de ces crimes.
Notre monde va mal et il y a un responsable : c’est le capitalisme ; osons le dire ! Il tient toutes les manettes et exerce une domination quasi totale dans le monde. Qui en sont les victimes sinon des salariés –es et des populations qu’il exploite et surexploite et cela devient un néo-esclavagisme et comme le disait mon camarade Bernard Thibaut, « la troisième guerre mondiale est sociale et ce verdict de Bernard apparait aujourd’hui comme le nez au milieu de la figure comme une réalité qu’il va falloir affronter.
Un monde qui n’en peut plus. Gramsci disait : Le malheur a habituellement deux effets : souvent il éteint toute affection envers les malheureux, et non moins souvent, il éteint chez les malheureux toute affection envers les autres.
Oui le malheur peut corrompre les consciences et l’idéologie dominante le sait très bien et sait y apporter tous les ferments de la division.
On ne peut excuser ceux et celles qui se laissent emporter dans la tourmente, qui, aujourd’hui, assaillit le monde entier quand l’emporte l’individualisme sur le collectif et que l’adversaire c’est son semblable et non pas la réalité de leur aliénation.
L’histoire charrie ces moments où des hommes chavirent et ne savent plus discerner qui les conduit à de telles haines et violences envers son « prochain » et j’utilise ce mot à bon escient dans cette Europe de civilisation chrétienne.
Notre pays a connu dans son histoire des périodes difficiles de ce genre comme « le populisme » avec le Général Boulanger dans les années 1880, où surgira dans notre pays un mouvement puissant portant un rejet de la démocratie représentative de la jeune Troisième République débarrassée du bonapartisme, puis la montée du fascisme dans les années 1930 à partir de la grande crise qui va mettre des millions de travailleurs en chômage dans le monde et particulièrement en Europe, puis au moment de la quatrième république le poujadisme dont est issue Le Pen qui ébranlera la 4eme république et permettra l’arrivée du gaullisme le plus réactionnaire et cette cinquième république bâtie sur un sauveur suprême et qui inspire aujourd’hui de nouveaux adeptes.
Nous sommes dans une crise de ce système sous domination américaine qui ne peut plus produire du progrès social et nous voyons très bien que c’est ce grand capital qui tire toutes les ficelles et nous devrions nous abstenir de le citer parce que cela serait vieux jeu ; il mène la danse dans ces moments où ses contradictions pourraient lui exploser à la figure et nous sommes à nouveau dans une période où il peut « bégayer » son refrain des années 30, « plutôt Hitler que le Front populaire », dans un contexte de crise et avec ces nouvelles recrues fascistes polonaises, hongroises, italiennes, française et maintenant brésiliennes.
A chaque fois qu’il est en difficulté, qu’il craint pour son devenir, qu’il a besoin de reconstituer ses moyens capitalistiques, il sème la division à l’échelle de la planète pour faire en sorte que ses décisions frappant les travailleurs - car il s’agit de cela- ne puissent se retourner contre lui. C’est ce qui se passe en ce moment et cela va se voit par les attaques à la démocratie, par la chasse aux migrants, par la filature de militants syndicaux et l’abaissement de droits du travail, par l’emprisonnement et l’appel au meurtre de militants et dirigeants progressistes.
Que dire de l’emprisonnement de Lula, sinon que c’est le retour de lettres de cachet où l’on peut emprisonner des hommes et des femmes sous n’importe quel prétexte inventé de toutes pièces. A ce sujet, remarquons comment des médias se taisent ou relativisent ce qui se passe au Brésil et aussi ces murs qui se dressent avec des nouveaux « vopos américains » par exemple aux frontières mexicaines, hongroises, italiennes et en France l’on refoule et l’on se rapproche des méthodes les plus réactionnaires.
Oui, le capital a besoin d’autoritarisme et il le fait là où ses intérêts sont menacés, là où les contradictions grandissent s’exacerbent entre le capital et le travail.
Pour redresser son taux de profit, il frappe aux porte monnaie, il déménage et réaménage ses productions, il délocalise comme on dit, mais en délocalisant il détruit le capital et les machines inutiles pour relever le taux de profit.
Il a besoin de réorganiser les conditions d’exploitation du monde du travail et d’avoir les mains libres pour le faire sans avoir des organisations syndicales et politiques qui l’entravent.
Il appauvrie des populations entières sur le globe et en même temps il veut les mains libres pour continuer à utiliser toutes les ressources de la nature au point de défigurer la planète et de rendre les hommes à habiter dans un univers de plus en plus malsain.
IL mène sa bataille des idées.
C’est une bataille de classe et pour l’instant il impose ses idées néfastes au monde, mais son échec est patent, il le sait, et il a donc besoin de garder à tout prix son hégémonie sur toutes les sociétés humaines.
Il s’agit alors de détourner les mécontentements et les colères qui s’expriment sur le vécu des individus et donc d’éviter qu’il soit vu comme le responsable ; il lui faut toujours trouver des boucs émissaires et aussi des racoleurs pour casser toute velléité de luttes collectives et les syndicats sont particulièrement dans le collimateur.
Il déclenche des guerres pour assurer sa suprématie mondiale et à l’image de Trump il pourchasse ceux et celles qui fuient ses exactions.
C’est la mise en concurrence à tous les niveaux des travailleurs. L’idée est de faire en sorte qu’ils se battent entre eux mais qu’au bout règne l’ordre capitaliste.
Ce qui se passe aux Etats-Unis avec Trump, avec Salvini en Italie, Erdogan en Turquie, Poutine en Russie et maintenant en Amérique Latine, particulièrement dans la première puissance économique au Brésil, montre à quel point le capital a besoin de porter au pouvoir des autocrates, des populistes, bref des hommes forts, forts en gueule, forts pour brimer, capables de torturer, et s’il le faut de casser toutes les digues de la démocratie bourgeoise pour garder sa suprématie.
Tout est bon pour y parvenir et notamment de recourir à des meutes et des groupements qu’il suscite pour en appeler à mettre de l’ordre y compris en pourrissant même ses propres structures politiques par la corruption.
Oui le danger est à nos portes : l’Europe des capitaux en arrive aujourd’hui à remettre en circulation les fils et filles des plus horribles fascistes qui sévissaient notamment durant l’occupation nazi des pays de l’est et en Italie où le pouvoir actuel va jusqu’à honorer Mussolini publiquement.
En France, les divers gouvernements en place depuis plus d’une décennie ont de par leur attitude créé les conditions d’une montée de l’’extrême droite et de la réincarnation du pétainisme à travers la famille Le Pen le tortionnaire de la guerre d’Algérie, et qui fut, ne l’oublions pas, à la tête de ces mouvements poujadistes qui voulaient défaire la quatrième république.
Alors, ouvrons les oreilles, faisons connaitre les tenants et aboutissants, aidons notre peuple à faire le trie et comprendre ou le chien est amarré comme dont dit.
La France n’est pas à l’abri et comme en Europe la gangrène peut s’installer et nous avons besoin de travailler à l’unité des travailleurs, des populations et l’idée communiste est plus que jamais nécessaire pour que les hommes et les femmes, les citoyens et les citoyennes puissent saisir qu’ils sont en mesure de donner un autre sens que celui de la haine pour redonner du contenu au débat politique et être partie prenant de véritables changements dépassant ce capitalisme destructeur.
Bernard LAMIRAND