L'EUROPE A BEAUCOUP BRUNI ( Edito B.Lamirand IHS Métaux)
Publié le 2 Juillet 2018
L’EUROPE A BEAUCOUP BRUNI
C’était ce que disait un camarade lors d’une réunion : l’Europe a beaucoup bruni , c’est vrai ; il exposait ainsi l’inquiétude qui règne en ce moment devant cette montée en Europe de ce que Berthold Brecht appelait « la bête immonde » quand le nazis me occupait la quasi-totalité de l’Europe et amenait à la chambre à gaz des populations entières.
Si nous y regardons de plus près, l’histoire est là pour nous le rappeler, dans les périodes de crise du capitalisme toutes les situations les plus virulentes refont surface.
Si nous y regardons de plus près, dans ces moments là, nous voyons les montées d’une extrême droite travaillant les plus bas instincts, que l’homme, à force d’éducation sur lui-même, avait enlevé de sa tête.
Renait alors tous les penchants les plus pernicieux.
Celui par exemple des remontées religieuses les plus conservatrices, les violences homophobes, les réactions haineuses contre l’égalité hommes femmes, les relents patriotiques belliqueux, le nationalisme du « on est chez nous » et de l’étranger « persona no grata », le juif et l’antisémitisme, la xénophobie et le populisme chauffant à blanc les intérêts particuliers comme on a pu le connaitre à un moment donné de la quatrième république avec le poujadisme.
Ces effluves, quand elles remontent des égouts peuvent empuantir les populations les plus fragiles comme les plus réactionnaires. Le nazisme en fut une des résultantes ; et n’oublions jamais où elles nous ont conduites même s’il faut toujours faire attention aux amalgames.
Aujourd’hui la chasse à l’immigré, la mise à l’index de populations exclues, le chacun pour soi visent à écarter des populations entières de la vie sociale et économique, cela témoigne d’une situation plus que dangereuse pour la paix civile avec le risque de déclenchements d’hostilités avec des groupes justiciers et des nervis visant religions et ethnies dans un racisme assumé.
L’Europe est particulièrement touchée : un véritable rideau de fer s’est installé le long des frontières de l’Est européen. La chasse à l’errant fuyant les guerres et les misères dues au capitalisme est ouverte. Nous voyons même s’installer toutes sortes de réglementations pour interdire à ces migrants l’accès à l’Europe alors que les marchandises circulent librement et que les affaires des banques et institutions financières n’ont même plus besoin d’un laisser passer. En France, les idées véhiculées par l’extrême droite rencontrent l’agrément d’un gouvernement qui se renferme dans ses frontières avec des camps de tri et d’internements entrain de voir le jour proposés par la France en Europe pour renvoyer les immigrés dans leur pays.
L’indignation est aussi à son comble de voir cette Europe qui nous promettait le bonheur absolu à son origine se couvrir de dirigeants de plus en plus fascistes et ce qui se passe en Italie est révélateur que du populisme on peut passer à l’extrême droite et au retour d’un fascisme que l’on croyait disparu dans ce pays avec des dirigeants qui ne gênent plus à se revendiquer ainsi.
Dans tout cela, il faut y voir la crise que traverse le monde capitaliste. Il est incapable de créer du progrès social et humain ; pour redresser son taux de profit il taille dans les effectifs, dans les salaires, remet en cause toutes les conquêtes sociales en France et en Europe particulièrement qui sont des pays qui ont créé le progrès social à la sortie de la deuxième guerre mondiale.
Macron veut remettre en cause ces acquis de cette période.
Depuis sa nomination comme président de la République, c’est un véritable rouleur compresseur social qui écrase les droits sociaux et particulièrement la protection sociale.
Une sorte de sidération semble régner mais des mouvements s’engagent et la violence de classe trouve devant elle des premières réactions notamment cette lutte des cheminots qui me fait penser à celle des mineurs en 1963 contre le régime gaulliste qui voyait là le début d’une réaction de la classe ouvrière de l’époque et qui nous conduira à 1968.
Des luttes s’engagent donc, comme à tous moments, quand la crise du système fait tant de dégâts, il faut bien sûr un temps pour réagir et ce temps me semble venir et il a besoin de force et d’unité face à ce démantèlement des droits et acquis sociaux.
On assiste à un changement radical de société disait un camarade ; en fait comme changement, c’est un capitalisme qui cherche à faire payer sa crise systémique à toute la population et principalement aux salariés-es et nous avons affaire là à un enjeu majeur : c’est d’être à la hauteur de ce combat de classe qui s’engage et qui demande mobilisation et syndicalisation.
Ce combat nous allons devoir l’exercer non pas sur la défensive mais en portant nos idées dans tous les domaines de la vie sociale, économique et politique face à un pouvoir maintenant dirigé directement par le Medef dans notre pays et par les transnationales industrielles et financières au niveau de la planète. L’histoire nous rappelle aussi que ce Patronat est toujours à la manœuvre pour casser le social : celui du Front populaire et de la libération dont il n’a jamais accepté de s’y résoudre.
Alors, ces idées de luttes, il faudra les porter par exemple sur les salaires et la réduction du temps de travail, sur les questions de la santé et du devenir de nos retraites.
A ce sujet, il est un devoir qui prime, celui d’agir face à la menace grandissante qui pèse sur la Sécurité sociale et son démantèlement ; en fait, c’est l’objectif de Macron et du Medef et nous avons toutes et tous intérêt à relever le gant notamment sur la casse de notre système de retraite en cours de discussion dans les salons feutrés pour des applications en 2019.
Un rendez-vous à ne pas manquer et qui nécessitera de rappeler l’œuvre de Croizat et qu’elle doit demeurer indestructible et améliorable pour le monde du travail.
Cela m’amène à une pensée pour la fille d’Ambroise Croizat, Liliane Caillaux Croizat qui vient de nous quitter et que nous avons accompagné à sa dernière demeure il y a quelques jours à Nevers.
Liliane, sache que nous continuons ton combat et que nous allons gagner.
Bernard LAMIRAND