LE BEBE DE LA PRINCESSE AU BOIS DORMANT
Publié le 25 Avril 2018
LE BEBE DE LA PRINCESSE AU BOIS DORMANT
Un beau jour, ce lundi 23 avril à 11h01, à Londres : chez sa majesté survint un prince né avec une cuiller d’argent dans la bouche en guise de tétine.
La princesse, future reine du Royaume-Uni, inscrivait ainsi une troisième pousse née dans un berceau d’or. La presse, évidemment, entra en pamoison dont celle de la France ; il est vrai que celui-ci, à peine né, trouvera dans son berceau tous les plus beaux joujoux du royaume à ne plus savoir que faire et les courbettes d’une nuée de fainéants qui lui feront toutes les salamalecs dû aux hommes bien nés.
Au loin, dans l’Afrique, des bébés naissent et parfois perdent vite la vie sans la goûter : pour ces bébés sans cuiller d’argent point de salut sinon que de croupir dans un océan de misère et attendre que le petit prince devenu grand, de passage, leur jette quelques écus.
Ce matin, faisant la queue pour un café à un distributeur de presse une discussion s’engagea :
une dame qui s’attardait devant un article louant cette naissance s’exclama et dit à la vendeuse que c’était un cadeau du ciel.
« Qu’il est beau le petit prince, qu’il est mignon et qu’elle est belle notre princesse ( nous sommes en France) poursuivit la dame toute admirative.
Ah, dit la vendeuse, tout en émoi : « sera-t-il toujours heureux et aura-t-il le nécessaire et elle s’époumona devant la photo du nouveau né sorti des cavernes royales.
Et puis, il y a ces grèves, dit la lectrice, l’air courroucé…
Je la regardais, prêt à lui dire ses quatre vérités ; mais pas d’esclandres… restons-en là me dis-je…
Alors, je l’observais ; elle n’avait pas l’air de descendre des quartiers huppés, elle toute rose bonbon , dodue, un fichu à la tête, une dame d’un âge respectable.
Peut-être était-elle une personne dans le besoin ?
Alors je l’entendis admirer à nouveau le chéri de la presse people ….elle répéta encore : pourvu qu’il est tout le nécessaire !
Je pensais alors à des pauvres gens que je connaissais dans ma jeunesse et qui au lieu de se plaindre de leur sort plaignaient les gros terriens du voisinage qui avaient perdu une vache prête à vêler.
Oui, en ce moment de misère ; il est bon pour la société que l’on mette en avant les privilégiés qui s’enrichissent mais aussi les rois et les reines et les princes et les PDG millionnaires pour que le peuple en rêve et reste tranquille à la maison.
Honni soit qui mal y pense dit l’ordre de la jarretière de sa majesté. Oui, inconvenant puis-je paraitre dans cette modeste raillerie ; eh bien je recommencerai pour le 4eme de la lignée des « propres à rien ».
Bernard LAMIRAND